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À La Une - Conflit

Dans l'ultime réduit de l'EI en Syrie, le recours jihadiste aux "boucliers humains"

Après avoir conquis la grande majorité du dernier réduit de l'organisation jihadiste dans la province de Deir Ez-Zor, les FDS ont suspendu il y a une semaine leur offensive.


Des combattants des FDS à Baghouz, dans la province de Deir ez-Zor, en Syrie, le 2 février 2019. AFP / DELIL SOULEIMAN

Sur un toit près de la ligne de front dans l'est de la Syrie, un combattant et ses camarades des forces kurdo-arabes sirotent leur thé dans l'attente de l'assaut final contre l'ultime poche du groupe Etat islamique (EI).

Après avoir conquis la grande majorité du dernier réduit de l'organisation jihadiste dans la province de Deir Ez-Zor, non loin de la frontière irakienne, les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, ont suspendu il y a une semaine leur offensive, selon les témoignage de combattants des FDS. Et pour cause: dos au mur, les derniers jihadistes ont de plus en plus recours aux civils comme boucliers humains, d'après leurs dires.

Dans le village désertique de Baghouz, dont la majeure partie est à présent contrôlée par l'alliance kurdo-arabe, Mohamad Ibrahim Mohamad, 22 ans, montre du doigt un monticule de terre séparant les territoires des FDS de ceux des jihadistes. "Depuis que nous sommes arrivés ici, il y a presque six jours, nous n'avons plus progressé", explique le jeune combattant, originaire de la localité voisine de Hajine. "Les combats ont cessé dans l'attente de la sortie des derniers civils", ajoute le jeune homme, qui a rejoint les FDS il y a à peine cinq mois.

À quelques dizaines de mètres à peine patrouillent des camions, voitures et motos conduits par des jihadistes alors que des tentes blanches se dressent plus loin, où apparaissent à l'oeil nu des femmes dissimulées sous leur abaya.

"Ce sont toutes des maisons de Daech", lance Mohamad, utilisant un acronyme arabe pour désigner l'EI. "Nous voyons parfois des femmes venir récupérer du bois de ces palmiers", ajoute-t-il, en désignant une oasis arborée située à proximité.


(Lire aussi : Après avoir rallié l'EI à 15 ans, elle veut rentrer en Allemagne)


Oeil vif
A Baghouz, encore sous le contrôle total de l'EI il y a seulement deux semaines, les rues sont jonchées de carcasses de voitures calcinées. Les façades criblées de balles et les débris d'immeubles dominent le paysage.

A proximité de ces structures anéanties par des semaines de raids aériens et de lutte féroce, des combattants des FDS s'agglutinent autour d'un petit feu, conversent et enchaînent les cigarettes. D'autres, positionnés sur des terrasses ou des toits, gardent l'oeil vif. L'un d'eux surveille à l'aide de jumelles le mouvement des jihadistes.

Au cours des dernières semaines écoulées, alors que les FDS, appuyées par l'aviation de la coalition internationale, intensifiaient leur offensive, des milliers de civils ont pu s'échapper de la poche assiégée. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 36.000 personnes, principalement des femmes et des enfants de familles de jihadistes, ont ainsi quitté les lieux depuis décembre. Parmi eux, quelque 3.100 combattants de l'EI ont rendu les armes, au contraire des plus déterminés, d'après la même source.

(Lire aussi : Après le califat, quid de la coalition internationale ?)


"Civils sur le front"
Mais, après avoir largement progressé, les FDS ont d'abord ralenti la cadence des combats au sol avant d'y mettre provisoirement fin. Car, selon leurs combattants, malgré le flux des dernières semaines, beaucoup de civils et de jihadistes étrangers se trouvent encore dans la zone assiégée.

Dans l'attente de l'ultime assaut, le site paraît comme dans l'oeil d'un cyclone, le calme étant uniquement rompu par des tirs intermittents, l'explosion d'un raid de la coalition ou un tir d'artillerie visant des positions jihadistes.

Dans le village voisin d'Al-Chaafa, le porte-parole de la campagne menée par les FDS à Deir Ez-Zor, Adnane Afrine, répète que cet arrêt temporaire de l'offensive vise à protéger les civils "utilisés comme boucliers humains". "Ils les mettent sur les lignes de front", affirme à l'AFP ce responsable, selon qui femmes et enfants sont contraints de rester auprès de combattants.

Depuis la proclamation de son "califat" en 2014, le groupe jihadiste a déjà été accusé à de multiples reprises d'avoir recours aux civils pour ralentir la progression de ses ennemis. Dans leur dernière poche de l'est syrien, réduite comme peau de chagrin, les jihadistes ont aussi laissé derrière eux des champs de mines pour piéger les FDS et empêcher les civils de s'échapper.

Mais l'alliance kurdo-arabe veut contourner cette tactique en ouvrant de nouveaux "corridors sécurisés", avance M. Afrine. La bataille s'achèvera alors par des moyens militaires, clame le porte-parole. "Nous ne négocierons pas avec des terroristes".


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