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Moyen Orient et Monde - Analyse

Gaza, Syrie, Liban : les casse-tête de Netanyahu

Sur tous les fronts dans sa guerre contre l’Iran, le Premier ministre israélien est obligé de varier ses approches.

Israël ne pouvait être plus clair. L’État hébreu n’hésitera pas à attaquer le Hezbollah au Liban si celui-ci se dote de missiles téléguidés de haute précision. Tel est le message qu’a fait passer le président israélien Reuven Rivlin à son homologue français Emmanuel Macron, lors de leur entretien mercredi à l’Élysée. Alors que la presse locale s’interroge sur l’imminence d’une nouvelle guerre entre le parti chiite et Israël, celui-ci a multiplié ces derniers mois les messages de mise en garde concernant le renforcement des capacités opérationnelles de la formation pro-iranienne. C’est le dépassement de cette ligne rouge qui est aujourd’hui le principal facteur susceptible d’entraîner un nouveau conflit.

Certains médias arabes ont tendance à privilégier une autre grille de lecture, qui considère que la possibilité d’une offensive israélienne serait déterminée par le besoin politique de Benjamin Netanyahu de faire la guerre pour assurer sa réélection en avril prochain. C’est toutefois oublier que le Premier ministre israélien n’est pas un va-t-en-guerre – en plus d’une décennie au pouvoir, il n’a lancé qu’une grande opération à l’été 2014 contre Gaza – et qu’il déteste prendre des risques non calculés. Celui que ses partisans et ses détracteurs surnomment « Bibi » a refusé de lancer une offensive contre Gaza en novembre dernier, après une forte escalade entre l’armée israélienne et le Hamas, entraînant ainsi la démission de son ministre de la Défense Avigdor Lieberman. L’homme fort de l’État hébreu est réticent à engager une nouvelle opération d’envergure contre l’enclave palestinienne car il considère que cela compliquerait davantage la situation. Essayer de se débarrasser du Hamas nécessiterait une longue opération aux risques très élevés, mobilisant beaucoup d’hommes et impliquant une occupation israélienne de l’enclave, scénario qui a déjà montré ses limites par le passé. Se contenter d’affaiblir le mouvement par des bombardements aériens, comme cela a été le cas en 2014, est coûteux en termes d’image et conduit surtout à rendre encore plus impossible la vie des Palestiniens dans cette portion de territoire, ce qui aboutit in fine à favoriser les mouvements radicaux sans pour autant rien régler de la situation. Benjamin Netanyahu craignait en outre qu’une offensive contre Gaza crée une démobilisation sur le front nord et ne profite ainsi à l’Iran.


(Lire aussi : Israël soumet à Macron les cartes des tunnels du Hezbollah à la frontière)


Même détermination

Obsédé depuis des décennies par la menace iranienne, Israël n’hésite pas à bombarder les positions de l’Iran et de ses obligés en Syrie. La prudence dont le Premier ministre fait preuve vis-à-vis de Gaza contraste avec la détermination qui est la sienne à pousser les Iraniens hors de Syrie, dans un environnement diplomatique pourtant beaucoup plus complexe en raison de la présence des Russes, alliés aux Iraniens et parrains du régime syrien.

Le front libanais quant à lui ressemble à un casse-tête mélangeant les problématiques de Gaza et de Syrie. Israël a beau considérer que la guerre contre les Iraniens et le Hezbollah se joue sur tous les fronts en même temps, il ne peut pas appliquer les mêmes règles en Syrie et au Liban. La guerre syrienne, où de nombreuses puissances interviennent, permet à Israël de mener ses opérations sans pour autant risquer un casus belli. Alors qu’Israël a mené des centaines de raids ciblés contre l’Iran et le Hezbollah en Syrie, ces derniers n’ont répondu qu’à de rares reprises et de façon symbolique. Difficile d’imaginer que de pareils raids au Liban, par exemple contre des entrepôts d’armes du Hezbollah, ne provoquent pas une obligation immédiate de réponse de la part du parti chiite, puisque c’est sa légitimité en tant que force de résistance contre Israël qui serait alors en jeu. Si la détermination israélienne est semblable au Liban et en Syrie, les risques ne sont clairement pas les mêmes, d’autant plus en l’absence d’une puissance arbitre qui puisse contenir l’escalade sur le terrain libanais, rôle tenu par Moscou en Syrie.



Une menace plus importante

Du point de vue israélien, le Hezbollah constitue une menace bien plus importante que le Hamas. Une escalade militaire entre les deux belligérants sur le front libanais aurait de grandes chances de déboucher sur un conflit armé, contrairement au scénario qui prévaut à Gaza. Mais Israël se retrouverait face à des problématiques similaires avec des enjeux encore plus importants. Intervenir dans quels objectifs et avec quels moyens ? Les responsables de l’État hébreu ont maintes fois répété que le scénario de 2006 ne se répéterait pas. En cas de nouveau conflit, Israël ne ferait aucune différence entre le Hezbollah et l’État libanais, ce qui implique un bombardement plus massif et moins concentré, dans un contexte diplomatique plus favorable où il pourrait obtenir le feu vert des États-Unis.

Mais, en l’absence d’une intervention terrestre, des raids massifs ne suffiront pas à en finir avec le Hezbollah, même s’ils devraient affaiblir ses capacités opérationnelles et réduire son stock d’armement – le Hezbollah posséderait aujourd’hui environ 120 000 roquettes et missiles. Une telle opération risquerait, au contraire, de renforcer politiquement le parti chiite, qui pourrait profiter du soutien d’une partie importante de la population et qui présenterait sa résistance comme une victoire.

Une opération de plus grande ampleur, semblable à celle menée en 1982 pour démanteler l’OLP, apparaît aujourd’hui fortement improbable et extrêmement risquée. En considérant qu’elle puisse être menée à bien, les Israéliens n’ont aucun moyen de gérer l’après. D’autant plus que leur occupation du Liban-Sud par le passé a eu pour principale conséquence de favoriser l’émergence du Hezbollah…




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Israël ne pouvait être plus clair. L’État hébreu n’hésitera pas à attaquer le Hezbollah au Liban si celui-ci se dote de missiles téléguidés de haute précision. Tel est le message qu’a fait passer le président israélien Reuven Rivlin à son homologue français Emmanuel Macron, lors de leur entretien mercredi à l’Élysée. Alors que la presse locale s’interroge sur...

commentaires (7)

Moi je retiens surtout qu’une opération telle que perpétrée par l’entite sioniste en 1982 n’est plus possible, or on sait qu’elle avait débouchée sur une occupation de 18 ans, ce qui constitue un précédent d’invasion+occupation pour israel à l’encontre du Liban, donc, par définition, un scénario qui n’aurait pas surpris s’il devait se reproduire, or d’après cet article cela n’est plus envisageable du fait, et nous comprenons bien que cet exploit est du à un seul et unique phénomène doté de moins d’1% de l’armement israélien nommé le Hezbollah. Si on arrive à assimiler cela, et je peux comprendre que ça ne soit pas à la portée de tout le monde, on en deduit facilement: - Armée - Peuple - Résistance

Chady

21 h 33, le 27 janvier 2019

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Moi je retiens surtout qu’une opération telle que perpétrée par l’entite sioniste en 1982 n’est plus possible, or on sait qu’elle avait débouchée sur une occupation de 18 ans, ce qui constitue un précédent d’invasion+occupation pour israel à l’encontre du Liban, donc, par définition, un scénario qui n’aurait pas surpris s’il devait se reproduire, or d’après cet article cela n’est plus envisageable du fait, et nous comprenons bien que cet exploit est du à un seul et unique phénomène doté de moins d’1% de l’armement israélien nommé le Hezbollah. Si on arrive à assimiler cela, et je peux comprendre que ça ne soit pas à la portée de tout le monde, on en deduit facilement: - Armée - Peuple - Résistance

    Chady

    21 h 33, le 27 janvier 2019

  • DURANT TANT D,ANNEES ILS AURAIENT BIEN PU S,INTEGRER A LA REGION SI CE N,ETAIT PAS LEUR MAUVAISE POLITIQUE DISCRIMINATOIRE...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    16 h 24, le 26 janvier 2019

  • Je verrai plutôt une forte poussée de fièvre urticaire.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 46, le 26 janvier 2019

  • ...""de réponse de la part du parti chiite, puisque c’est sa légitimité en tant que force de résistance""... Légitimité ? ça nous ramène un demi siècle en arrière, du temps du Fathland...

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    11 h 41, le 26 janvier 2019

  • Bref c’est le bazar ...et il y en a qui se voient pousser des ailes ou des moustaches ...c’est selon...lol

    L’azuréen

    10 h 42, le 26 janvier 2019

  • ENFIN UN ARTICLE PLEIN DE BON SENS ! UN MUST , À LIRE ET RELIRE ! IL N'Y A DONC QU'UNE SOLUTION : LA PAIX PAR LE DIALOGUE , ET À TRÈS LONG TERME . PATIENCE !

    Chucri Abboud

    09 h 54, le 26 janvier 2019

  • Cet article est intéressant en ce sens qu'il commence par faire la part belle à nathanmachintruc , homme n'aimant pas la guerre, n'aimant pas prendre des risques etc... patati patata... et PATATRAS ça finit en eau de bouillon , le hezb LIBANAIS de la résistance n'est pas facile à vaincre 120.000 piqûres de rappel, c'est pas le hamas.... Il ny a pas d'après guerre de garantie.. ...la Russie est là etc.... Résumons tout ça et faisons simple et vrai , IL N'Y A PLUS D'HOMMES CHEZ CES POLTRONS, LES JEUNES DU PAYS DE L'USURPATION ONT PEUR...DÎTES LE À LA FIN . nathanmachintrucbidule ça devoir dégager sil ne peut pas faire la guerre et ni lui ni aucun autre usurpateur ne pourra, israel en prendra plein la GUEULE . tsahhaal c'est du bidon. Le HEZB c'est des lions. Wou basta.

    FRIK-A-FRAK

    01 h 33, le 26 janvier 2019

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