« Je ne fais pas de la danse juste pour faire de la danse... »

D’où vous est venue l’inspiration pour créer « Leyl » ?

De beaucoup de recherches et de lectures, allant de textes et poèmes de l’époque sumérienne jusqu’à aujourd’hui. Il y a aussi des influences fortes comme les histoires actuelles d’amants séparés ou tués à cause de leur amour, pour des raisons de genre, religion, de politique. C’est à partir de la confrontation de ces récits qu’on a cherché à trouver comment l’exprimer par le corps.

Après avoir vu « Leyl », on ne peut s’empêcher de sentir que vous avez un goût prononcé pour la dissonance. D’où vient ce sentiment ?

D’abord, parce que notre objectif n’est pas de mettre l’audience dans une situation tranquille et confortable, et puis parce que notre approche avec les artistes est de créer une harmonie à partir du chaos que nous installons parfois. Il y a des coupures, des arrêts, des reprises... La magie vient de tout ce processus que nous exhibons sur scène.

Après « Fatmeh » et « Leïla se meurt », vous avez clos la trilogie consacrée aux rites funéraires avec « May He Rise And Smell the Fragrance » présentée à Avignon en juillet dernier. Vous annoncez à présent, avec « Leyl », une nouvelle trilogie consacrée à l’amour. Comment s’est opéré ce passage ?

Je ne fais pas de la danse juste pour faire de la danse. Je travaille sur la présence du corps au sein d’un contexte politique et religieux intense. Comment le corps réagit à cela ? Comment vit-on la mort et exprime-t-on l’amour ? C’est une très longue histoire que nous avons dans le monde arabe et au Liban. Je précise que mon but n’est pas pour autant de donner un message verbal, mais de faire vivre une expérience. La beauté de la danse, c’est justement de pouvoir faire passer des messages implicites.