Rechercher
Rechercher

Liban - Justice

Suzanne el-Hajj et Élie Ghabach à nouveau devant le tribunal militaire aujourd’hui

L’interrogatoire pourrait être reporté si des exceptions de forme sont présentées.

Suzanne el-Hajj. Photo tirée d’une page de soutien à Mme Hajj sur Facebook

L’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des FSI, Suzanne el-Hajj, et un pirate informatique, Élie Ghabach, devraient comparaître aujourd’hui devant le tribunal militaire pour subir un interrogatoire dans le cadre du procès intenté à leur encontre en raison de leur implication dans la falsification de preuves contre le dramaturge Ziad Itani en vue de le faire accuser de collaboration avec Israël.

Sur base d’un dossier présumé avoir été fabriqué par Élie Ghabach, sur demande de Mme Hajj, dans lequel il serait apparu que M. Itani avait pris contact à travers les réseaux sociaux avec une Israélienne agente du Mossad, le comédien avait été arrêté le 23 novembre 2017 pour intelligence avec l’ennemi. Il avait été accusé, dans ce cadre, d’avoir eu pour mission de surveiller pour le compte d’Israël un groupe d’hommes politiques de haut niveau et d’obtenir des détails sur leur vie et leur travail. M. Itani avait avoué ces faits, mais s’était par la suite rétracté, soutenant que ses aveux avaient été extorqués par la force. Innocenté par le juge d’instruction militaire Riad Abou Ghida, il a été relâché quatre mois plus tard, le 13 mars 2018.

Le 2 mars 2018, soit quelques jours avant la libération de l’acteur, Mme Hajj avait été arrêtée par les services de renseignements des FSI, pour « fabrication de fausses preuves » contre Ziad Itani, ainsi que pour des « piratages et cyberattaques visant des sites de ministères, d’institutions sécuritaires et de banques libanaises, et d’autres sites, au Liban et à l’étranger ».

Pour ce qui a trait au dossier de M. Itani, l’ex-directrice du bureau de lutte contre les crimes informatiques aurait agi par vengeance, confondant le comédien avec un homonyme, journaliste de profession, qui, ayant fait une capture d’écran d’un « like » apposé en octobre 2017 par Mme Hajj sur son compte Twitter, s’était dépêché de le publier sur son site Ayoub news, et de le faire parvenir aux services de renseignements des FSI. Ce « like » d’un tweet de l’humoriste Charbel Khalil qui ironisait sur l’autorisation faite aux Saoudiennes de conduire a valu à l’ancienne responsable d’être démise de ses fonctions quelques jours plus tard, ce qui l’aurait poussée à se venger. Mais Élie Ghabach, le pirate dont elle avait utilisé les services, se serait trompé de cible.

Quant à la cyberattaque des sites d’institutions publiques, Mme Hajj l’aurait demandée au pirate pour faire croire que son éviction avait conduit au chaos cybernétique et qu’elle était par conséquent irremplaçable.

Le 29 mai 2018, le premier juge d’instruction militaire Riad Abou Ghida a accepté la remise en liberté de Mme Hajj, sous caution d’élection de domicile. Par cette décision, celle-ci a donc été assignée à résidence et interdite de quitter le pays. Le juge Abou Ghida a dans le même temps émis un acte d’accusation l’inculpant ainsi qu’Élie Ghabach, sachant que celui-ci n’a pas bénéficié de la même mesure de mise en liberté.


(Pour mémoire : Affaire Suzanne el-Hajj : Itani affirme avoir été battu lors de son interrogatoire)


« Le document est le corps du délit »
Le 4 septembre dernier, le procès s’est ouvert, et l’audience consacrée à l’interrogatoire a été fixée à aujourd’hui, après que les avocats de l’ex-directrice au sein des FSI ont demandé à avoir accès à certains documents.

Jointe par L’Orient-Le Jour, une source de la défense de Mme Hajj assure que celle-ci « n’a rien à voir avec le dossier ». Ce serait M. Ghabach, « pirate professionnel », qui aurait monté l’affaire, « prétendant que Mme Hajj lui en aurait donné la mission », déclare-t-il, avant d’enchaîner : « À supposer que l’ex-directrice soit impliquée, les actes qui lui sont imputés ne sont pas constitutifs de crimes, sachant que le pirate a indiqué que M. Itani a été contacté par une certaine Nelly, à laquelle il n’a pas répondu. Tout en niant l’existence de Nelly, l’acteur a lui-même reconnu avoir conversé avec une certaine Colette. » Et la source de poursuivre : « Mme Hajj n’a présenté aucune plainte écrite et aucune dénonciation. Partant, l’élément matériel qui participe à la constitution d’un crime fait défaut. » « Le document est le corps du délit », rappelle-t-il, notant que « dans le cas présent, il n’existe pas ».

La source contactée par L’OLJ estime plus généralement que « si l’ex-directrice du bureau de lutte contre les crimes informatiques voulait commettre un tel acte, elle l’aurait fait avec beaucoup plus de sérieux, sachant qu’elle est parfaitement versée dans le domaine technologique qui fait partie intégrante de son métier ».

Concernant l’interrogatoire, une autre source proche du dossier indique que si les avocats d’Élie Ghabach décident de présenter au tribunal des exceptions de forme, il n’aura peut-être pas lieu demain, vu que le président de la juridiction procéderait à son report pour examiner la requête.


Pour mémoire

HRW révèle les détails des allégations de tortures subies par Ziad Itani

Affaire Ziad Itani : Suzanne el-Hajj remise en liberté conditionnelle et déférée devant le Tribunal militaire

Ziad Itani libéré : "J'ai été torturé après mes soi-disant aveux"

Affaire Itani : des accusations en justice et en politique


L’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des FSI, Suzanne el-Hajj, et un pirate informatique, Élie Ghabach, devraient comparaître aujourd’hui devant le tribunal militaire pour subir un interrogatoire dans le cadre du procès intenté à leur encontre en raison de leur implication dans la falsification de preuves contre le dramaturge Ziad Itani en vue de...

commentaires (1)

Association de malfaiteurs et usage de faux : dix ans fermes. Pas de wasta s’il vous plait.

Saleh Issal

15 h 20, le 25 janvier 2019

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Association de malfaiteurs et usage de faux : dix ans fermes. Pas de wasta s’il vous plait.

    Saleh Issal

    15 h 20, le 25 janvier 2019

Retour en haut