L’eau d’une bonne partie de la Békaa (Ouest et centre) est imbuvable en raison d’une importante pollution bactériologique. Telle est la principale conclusion d’une étude récente menée par le Centre national de la qualité du médicament, de l’alimentation, de l’eau et des produits chimiques, relevant de l’Université libanaise. Cette étude, effectuée à la demande de l’Office national du Litani, porte sur un certain nombre de domiciles de la Békaa-Ouest et centrale. Les conclusions ont montré une grave contamination bactériologique des eaux superficielles et souterraines, qui passe par les réseaux de distribution et, par conséquent, dans l’eau potable du robinet.
Interrogé par L’Orient-Le Jour sur la portée de cette étude, Nazih Bou Chahine, directeur du Centre national de la qualité du médicament, de l’alimentation, de l’eau et des produits chimiques, assure que les tests ont révélé des taux de pollution encore plus graves que ceux auxquels on aurait pu s’attendre, rappelant que de nombreux cas de maladies pouvant être causées par la pollution sont constatés dans ces régions-là.
Suivant l’étude, à titre d’exemple, le puits Chamsine qui alimente la localité de Barr Élias a montré des taux de contamination bactériologique dépassant le taux autorisé, une pollution causée par l’infiltration des eaux usées.
Dans les résultats de tests envoyés par M. Bou Chahine, il est possible de voir que plusieurs sites placés sous étude ont montré des taux anormalement élevés de quatre bactéries : les entérocoques intestinaux (des pathogènes causant des septicémies et des infections urinaires et abdominales d’origine intestinale) ; le bacille pyocyanique (une bactérie du genre Pseudomonas) ; les coliformes dits « thermotolérants » (des bactéries coliformes qui peuplent l’intestin et peuvent être identifiées par leur tolérance à une température de 44-45 °C, et dont la présence est une preuve d’une contamination par matières fécales) ; et des coliformes totaux (un groupe bactérien utilisé comme indicateur de la qualité microbienne de l’eau parce qu’il contient notamment des bactéries d’origine fécale).
Si l’étude est récente, M. Bou Chahine estime que la pollution, elle, dure depuis longtemps.
Des traces de métaux lourds ont également été décelées dans l’eau de ces régions, ainsi qu’une bactérie spécifique du milieu hospitalier qui a été retrouvée dans l’eau distribuée dans des établissements scolaires… Il évoque également pour L’OLJ la pollution d’origine agricole et ses conséquences : des tests effectués sur 167 habitants de cette région qui s’alimentent à partir de terrains contaminés ont montré des traces de nitrate dans l’urine. Ce diagnostic est inquiétant sans nul doute, mais il n’est pas unique dans le pays. L’état de vétusté d’une grande partie de l’infrastructure explique une telle infiltration des eaux usées dans les canalisations d’eau potable. De telles études donnent cependant des indications précises sur le taux de pollution auxquels sont exposés les citoyens. Reste à savoir sur quelles mesures elles déboucheront…
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commentaires (2)
L'eau c'est une grande richesse du Liban en géneral et aussi certainement de la plaine du Békaa spécifiquement. L'étude était à "la demande de l’Office national du Litani", le Litani d'après mon souvenir un petit ruisseau ce n'est pas un fleuve ou une rivière énorme, éspèrons qu'on trouve des solutions pour protèger ce ruisseau et la qualité de l'eau. Il faut aussi dire qu'en Europe aussi malheureusement beaucoup de rivières sont polluées et il semble que souvent on pense d'abord à l'économie et seulement après à la qualité de l'environment.
Stes David
15 h 26, le 25 janvier 2019