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Lifestyle - Vient de paraître

Photographier l’architecture... et laisser parler les images

Quand fut construit le Parlement libanais ? Qui sont les architectes du ministère de la Défense ? Qui a conçu l’usine Gandour, à Choueifate ? De quand date la station téléphérique de Jounieh ? Qui sont les concepteurs des tours résidentielles Cap-sur-ville ? De la mosquée al-Amine ? Quelle était à l’origine la fonction du bâtiment de Virgin Megastore ? Les réponses se trouvent dans «  300 architectures au Liban » de Gebran Yacoub.

Le Collège Haïgazian de Youssef Aftimos (1932). Photo tirée du livre « 300 architectures au Liban »

L’ouvrage 300 architectures au Liban n’est pas un traité sur l’anatomie des bâtiments. Ni un livre qui analyse la façon dont les architectes ont modifié notre rapport à l’habitat et à l’espace, les matériaux qu’ils ont utilisés et leurs techniques. À travers une iconographie puisée dans ses archives personnelles, Gebran Yacoub laisse parler les images. Son récit photographique propose un panorama de l’architecture au Liban, allant de 1847 à 2018.Tours d’horloges, édifices publics ou privés, villas, ponts, usines, banques, églises et mosquées, écoles, universités et facultés, les constructions brassent tous les âges. Il y a les centenaires, les modernes, les ultracontemporaines. Toutes ont accompagné les transformations urbaines ou rurales. L’ouvrage les met en lumière et rend hommage à leurs bâtisseurs, en accolant à chaque photographie la date de naissance du bâtiment, le nom de son concepteur et celui de la rue où il s’est posé.

Une petite balade dans le pays, pour décrypter l’évolution du design architectural qui a marqué le paysage. Même si le choix est loin d’être exhaustif, il offre un aperçu général de l’architecture au Liban. Microcosme de la société libanaise.


(Lire aussi : Irving Penn à vie, et au cœur de Beyrouth...)

La vie en ville…

Trois cent quinze pages déroulent 315 façades dont certaines sont saturées de mémoire. Vieilles de plus d’un siècle parfois, elles ont connu des guerres, des révolutions, des inondations… et elles ont survécu. Elles sont toujours là, immuables et stoïques, à l’instar de celles de la place de l’Étoile où nous avons tous connu des instants d’attente ou de détente, les yeux suspendus à l’horloge al-Abed. Mais sait-on qui l’a construite et à quelle date ? Rarement ! Elle remonte à 1933 et elle est l’œuvre de Mardiros Altounian, qui a dessiné les plans du Parlement en 1931. Soixante-dix ans plus tard, les bureaux des parlementaires, conçus par Nabil F. Azar, se taillent une place sur les lieux.

À quelques jets de pierre, la place des Martyrs. Nous l’avons tous occupée en 2005, et lancé avec frénésie des slogans, les regards tendus vers la tribune des orateurs de la révolution du Cèdre. Le podium dressé au pied du Virgin Megastore, autrefois siège de la Bourse, reconverti en cinéma (Opéra), inauguré en 1944 avec le film de Charles Boyer, La nymphe Constant. Le bâtiment qui date de 1932 est l’œuvre de Bahjat Abdel Nour, coarchitecte de la Résidence des Pins et de l’hippodrome de Beyrouth.

Cette même année 1932, le Collège Haïgazian ouvre ses portes à la rue Michel Chiha, à Kantari. Youssef Aftimos en est le concepteur. Il était déjà le célèbre architecte de la tour de l’horloge al-Tall à Tripoli (1902) et du bâtiment de la municipalité de Beyrouth, rue Weygand (1928), ainsi que de l’immeuble Barakat, rue de Damas. Ce dernier, connu aujourd’hui sous le nom de Beit Beirut – musée et centre culturel urbain – a été conçu avec Fouad Kozah entre 1932 et 1934, et restauré en 2016 par Youssef Haïdar. Aftimos est également l’architecte de l’hôpital Trad (1940), rénové par Erga Group.

Place Riad el-Solh. Qui n’a pas pris un verre ou dîné au Capitole, le roof-bar ultrachic installé sur le toit de l’immeuble Asseily ! Pour ceux qui l’ignorent, l’édifice a été conçu en 1947 par l’Italien Giorgio Ricci et le Libanais Georges Araman.


Tour d’horizon

Au fil des pages, on découvre l’exceptionnel et étonnant design du siège de la Fondation Charles Corm (1929) à la rue Habib Pacha el-Saad ; la photo de l’ancien aéroport de Beyrouth (1948-1954), construit par l’architecte français André Leconte qui a également signé le centre commercial de Lazarieh, rue de l’émir Béchir.

On apprend aussi que la Maison de la communauté druze (1952), à Verdun, est de Sami Abdel Baki. Qu’à la rue Spears, l’immeuble de l’Union (1952), a été dessiné par Louis Tabet et Antoine Tabet. Ce dernier a également conçu l’église Saint-François des capucins à Hamra. Les plans du centre Starco (1955), au centre-ville, et du siège central de la Banque du Liban (1963) sont de l’agence suisse Addor & Julliard. Le siège de Télé-Liban (1959) à Tallet el-Khayat, de Willy Sednaoui. L’hôtel Riviera (1955), à l’avenue de Paris, a été réalisé par Zareh Baghdassarian. Le Palais de justice (1959), par Farid Trad. En beaux marqueurs urbains, les silos du port dessinés par Rodolphe Élias dressent fièrement leurs silhouettes depuis 1960. Les plans de la Chambre du commerce et de l’industrie, à Sanayeh, ont été créés par Amin Bizri, Pierre Neema et Jacques Aractingy. Ceux de Gefinor (1967), à Clemenceau, par Victor Gruen et Assem Salam. La gare routière Charles Hélou (1973) a été conçue par Antoine et Habib Salameh. Ce dernier a signé en 1962-1972 la conception de l’École supérieure d’ingénieurs de Beyrouth, ESI-USJ, à Mar Roukoz, Metn, et en 1975-1980 le centre balnéaire Solemar. Quant au Manar de Khalil et Georges Khoury, à Maameltein, et le complexe de Rimal à Zouk Mosbeh, de Nouhad Albert Farhat, ils seront inaugurés en 1982.


Les usines sont de la partie

Dar as-Sayad est le bâtiment repère à Hazmieh. Il a été construit en 1954 par Karol Schayer, Wassek Adib et Fritz Gotthelf. Le Français André Wogenscky, disiciple de Le Corbusier, et Maurice Hindié sont les architectes du ministère de la Défense. Un an avant la guerre civile au Liban, deux usines poussent à Choueifate : Valisère pour Élie Badaro construite par Raoul Verney et Gandour, par Karol Schayer, Wassek Adib et Amin Bizri.

En 1997-1998, dans le contexte de reconstruction de l’après-guerre, l’école de Nazareth s’offre un nouveau look avec le centre sportif Les Créneaux, conçu par Simone Kosremelli. Et la Cité sportive une salle omnisports réalisée par Laceco et Saïd Bitar. L’Aéroport international Rafic Hariri est livré par Dar al-Handasah (Shaër & Partners) et l’agence Perkins & Will, cabinet d’architecture basé dans l’Illinois aux États-Unis, et racheté par le groupe libanais Dar al-Handasah.

Une halte également à Mkallès chez Holdal-L’Oréal conçu par Ziad Akl & Partners. Mais aussi à Baabda, Dbayeh, Kaslik, Jounieh, Kesrouan, Tripoli, Metn, Chouf, Saïda, Sarafand, et autres coins où le lecteur pourra découvrir un nombre de réalisations.

Édité chez Alphamedia, mis en page par la graphiste designer Lina Ezzeddine, 300 architectures au Liban est le neuvième ouvrage de Gebran Yacoub, architecte diplômé de l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA). Il a à son actif Architectures au Liban (3 tomes), le Dictionnaire de l’architecture au Liban au XXe siècle, l’Histoire de l’architecture au Liban 1875-2005 et Paysages et cultures. Il est notamment le concepteur avec Michel Yacoub de la tour Notre-Dame de Maghdouché, de la basilique de Notre-Dame de Mantara, la villa Marc Dagher à Beit Chabab et la villa Rizk à Kornet Chehwane, de la Byblos Bank à Kosba, Liban-Nord.

300 architectures au Liban

Dans sa préface, Gebran Yacoub écrit : « Plus de cent ans de mutations, de transformations rapides, successives et profondes depuis la fin du XIXe siècle. La ville se développe, ses faubourgs se densifient et le contexte, dans ses composantes rurales et urbaines, connaît ses évolutions les plus marquantes. Nos architectures sont là, témoignage physique et tangible de tous ces phénomènes. Conçues et réalisées dans des situations précises et particulières, chacune d’entre elles possède une histoire, et fait référence à un courant particulier de pensée adopté par un maître d’œuvre qui, en bâtissant, a laissé à sa manière des traces indélébiles et profondes d’une époque.

300 architectures au Liban est une œuvre anthologique qui regroupe des informations souvent oubliées ou méconnues. Cette œuvre inédite a pour buts de retrouver la mémoire, de décrire le présent en vue d’une meilleure prospection du futur de la construction et du paysage au Liban.

Destiné tant à un public de professionnels du bâtiment qu’à des lecteurs intéressés par le thème, 300 architectures au Liban se propose de donner à voir et de découvrir ces bâtiments qui nous sont, en grande partie, familiers. Ce livre aura été le fruit d’un grand travail de recherche, de documentation et de compilation d’informations visant à révéler les multiples connotations culturelles du bâtiment, par le biais de la photographie, support principal du livre et qui constitue, dans cet ouvrage, une réponse à la volonté d’archiver le paysage où, après le portrait, l’architecture s’en révèle le sujet privilégié.

L’élaboration de cet ouvrage, à travers la photographie d’architecture, est l’occasion de réhabiliter, auprès du grand public, une architecture locale parfois injustement dévalorisée ou méconnue tout en rendant hommage aux bâtisseurs, anciens et contemporains.


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L’ouvrage 300 architectures au Liban n’est pas un traité sur l’anatomie des bâtiments. Ni un livre qui analyse la façon dont les architectes ont modifié notre rapport à l’habitat et à l’espace, les matériaux qu’ils ont utilisés et leurs techniques. À travers une iconographie puisée dans ses archives personnelles, Gebran Yacoub laisse parler les images. Son récit...

commentaires (3)

Peut on avoir les références précises de l'ouvrage? Titre, éditeur ? Ou peut on l'acheter si on n'est pas au Liban? Merci

Isabelle jourdan

23 h 39, le 27 janvier 2019

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Commentaires (3)

  • Peut on avoir les références précises de l'ouvrage? Titre, éditeur ? Ou peut on l'acheter si on n'est pas au Liban? Merci

    Isabelle jourdan

    23 h 39, le 27 janvier 2019

  • Comment peut-on acquérir cet ouvrage si l'on est à Paris? Merci.

    Iannucci Diane

    00 h 25, le 25 janvier 2019

  • Nous avons des mines de bâtisseurs... mettons les et leur travail à l'honneur. Notre patrimoine est riche et mérite qu'on se surpasse pour être à la hauteur.

    Sarkis Serge Tateossian

    16 h 28, le 24 janvier 2019

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