C’est vrai que le Liban officiel est désormais plongé dans les préparatifs et le déroulement du sommet arabe économique pour le développement dont les réunions préliminaires commencent aujourd’hui, mais le dossier de la formation du gouvernement n’est pas pour autant oublié. Il est simplement mis de côté, le temps d’en finir avec cette actualité pressante. À partir de la semaine prochaine, il devrait donc revenir en tête de l’actualité.
La question qui se posera alors est la suivante : faut-il relancer les efforts pour la formation du gouvernement ou se contenter de relancer le gouvernement démissionnaire pour notamment présenter au Parlement un projet de budget et traiter d’autres dossiers économiques et sociaux pressants ?
Cette suggestion avait été faite il y a quelques semaines par le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et elle avait suscité à ce moment-là un tollé de la part de nombreuses parties politiques, sous prétexte qu’elle équivaudrait à éliminer les possibilités de formation d’un nouveau gouvernement.
Aujourd’hui, l’idée revient sur le tapis, véhiculée cette fois-ci par le secrétaire d’État américain adjoint pour les affaires politiques. On se souvient en effet du communiqué lu par David Hale à l’issue de sa rencontre avec le Premier ministre désigné Saad Hariri, lorsqu’il a conseillé aux autorités de prendre au plus vite des mesures économiques nécessaires, même si cela doit se faire dans le cadre du gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes. Cette phrase a été perçue comme un encouragement direct américain à renflouer le gouvernement démissionnaire. De plus, la phrase suivante lue par David Hale explique la première, lorsqu’il a affirmé que la formation du gouvernement concerne les Libanais, et eux seuls. Par contre, a déclaré M. Hale, la nature et la composition du gouvernement intéressent tous les pays qui vont traiter avec lui.
À travers ces deux phrases, l’émissaire américain a révélé en quelque sorte le maillon secret qui bloque la formation du gouvernement. Peut-être qu’au début, les entraves étaient purement internes et relatives au poids de chaque partie participant au gouvernement. Mais désormais, avec les deux phrases de David Hale, la situation est devenue plus claire, et il semble évident qu’une partie des entraves à la formation du gouvernement vient de l’étranger, notamment du refus des Américains et de leurs alliés de permettre au Hezbollah d’obtenir des portefeuilles importants et d’augmenter son influence sur l’exécutif. On revient ainsi à l’équation de départ, entre une partie qui souhaite un gouvernement dans lequel les rapports de force politiques sont sensiblement similaires à ceux qui régissent l’actuel cabinet, et une autre qui souhaite la formation d’un gouvernement qui reflète les résultats des élections législatives.
Le conseil que David Hale a adressé aux dirigeants libanais en suggérant la relance de l’activité du gouvernement démissionnaire semble confirmer cette interprétation. En proposant de laisser le gouvernement démissionnaire prendre des mesures économiques urgentes, l’émissaire américain laisse entendre que l’administration de son pays préfère dynamiser l’action de l’actuel gouvernement plutôt que de laisser les autorités concernées former un gouvernement dans lequel le Hezbollah et ses alliés ont la majorité en plus de portefeuilles importants.
S’il faut donc tenir compte de la déclaration de David Hale, on peut aisément penser que la formation du gouvernement est reportée. L’administration américaine utiliserait ainsi son influence sur certaines parties libanaises pour empêcher le Hezbollah et ses alliés de former un gouvernement qui leur donne le poids qu’ils ont acquis à travers les élections législatives. Le Hezbollah et ses alliés, à travers notamment les députés sunnites de la Rencontre consultative, ont, par ailleurs, les moyens d’entraver la formation d’un gouvernement qui ne respecte pas leurs exigences.
Face à ces positions inconciliables, les accusations lancées contre le chef du CPL d’entraver la formation du gouvernement en exigeant le tiers de blocage sont essentiellement destinées à jeter de la poudre aux yeux, tout en réglant de vieux comptes internes et en détournant l’attention générale du véritable problème.
Il a donc fallu attendre près de neuf mois après la désignation de Saad Hariri (le 24 mai 2018) à la tête du gouvernement en gestation pour que les positions se clarifient et pour que les véritables obstacles apparaissent au grand jour.
Mais si, aujourd’hui, le diagnostic peut être précis, cela signifie-t-il que le problème est insoluble et que le Liban devra probablement rester sans nouveau gouvernement pour une durée indéterminée ? La déclaration du directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, hier, après sa rencontre avec le président de la Chambre, dans laquelle il affirme qu’il n’a plus rien à voir avec le dossier gouvernemental, semble confirmer cette possibilité. Mais les milieux proches de la présidence de la République affirment que le chef de l’État compte proposer une nouvelle initiative pour relancer le processus de formation du gouvernement dès la semaine prochaine, après en avoir fini avec le sommet arabe économique pour le développement. Hier, il a invité les Libanais à ne pas se laisser aller à la peur, affirmant qu’il continuera à lutter pour le sauvetage du pays.
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commentaires (7)
Une grande découverte en sorte , les yankys se mêlent de nos affaires ! Mais ça a toujours été le cas depuis l'indépendance et depuis 1948 tout court . qui par le passé s'en était plaint , qui ? ohhhh personne ne répond , les conséquences sur notre pays n'allant qu'en se dégradant avec l'implantation des palestiniens , la guerre civile et l'occupation du pays par leur enfant gâté , c'était tout bénef pour nous , tiens on a pris ça dans la gueule pendant tout ce temps , et c'était la bienvenue . david hale nous remet ça et trouve la proposition de geagix assez relevante , parce qu'entre 2 maux choisissons le moindre , une résistance en périphérie vaut mieux qu'une au centre . Dites nous les yankys , c'est quand que vous allez reconnaître votre défaite ? Mauvais joueurs va ! et POLTRONS EN PLUS .
FRIK-A-FRAK
13 h 52, le 18 janvier 2019