Le sous-secrétaire d’État américain pour les Affaires politiques, David Hale, qui effectue une visite à Beyrouth, a estimé après un entretien lundi avec le Premier ministre désigné Saad Hariri que l'armée seule devait défendre le Liban, et qu'il était "inacceptable qu'une milice agisse en dehors du giron de l’État", en référence au Hezbollah qu'il a qualifié d'"organisation terroriste".
Ces déclarations interviennent après les propos du chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, qui avait dénoncé la semaine dernière un "statu quo" inacceptable imposé par l’influence "majeure" du Hezbollah. Dimanche, Israël a annoncé avoir découvert un sixième et dernier tunnel creusé, selon lui, par le Hezbollah et poursuit la construction d’un mur de séparation en béton.
Lors d'un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, avait présenté une carte du sud de Beyrouth, montrant trois "sites secrets" présumés où le parti chiite transformerait des missiles de précision, sur ordre de l'Iran. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait peu après répondu aux déclarations de M. Netanyahu en affirmant qu'il ne voulait ni confirmer ni infirmer ces allégations pour ne pas "donner d'informations à l'ennemi". Le ministre sortant des Affaires étrangères Gebran Bassil avait quant à lui emmené en tournée des ambassadeurs accrédités au Liban pour visiter les sites incriminés et prouver, avait-il dit, que les propos de Benjamin Netanyahu n'étaient que mensonges.
Ces derniers mois, Israël a bombardé à plusieurs reprises des installations militaires du pouvoir de Bachar el-Assad ou de ses alliés, l'Iran et le Hezbollah.
Plus tôt dans la journée, M. Hale avait effectué une tournée auprès de plusieurs responsables, qui avait débuté par un entretien avec le chef de l’État, Michel Aoun, au palais présidentiel de Baabda. Lors de cet entretien, le responsable américain a réaffirmé le "puissant" soutien des États-Unis au Liban. L'ancien ambassadeur au Liban a également réaffirmé l'engagement de Washington envers la sécurité, la stabilité et la prospérité du pays.
Photo Dalati et Nohra
De son côté, le président Aoun a affirmé qu'"à chaque fois que les États-Unis soutiennent un processus de paix juste au Moyen-Orient, la situation au Liban se détend et le calme prévaut à sa frontière sud". Saluant le soutien de Washington à l'armée libanaise, le chef de l’État a assuré que le Liban allait entreprendre des réformes économiques et financières, notamment à travers le renforcement des secteurs de production et la lutte contre la corruption.
(Lire aussi : Hale à Beyrouth pour le suivi des propos de Pompeo sur le Hezbollah)
Frontière sud
Lors d'un entretien avec M. Hale, le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a quant à lui indiqué que le Liban n'abandonnerait "aucune once de terre" de la frontière sud. "Les événements dans cette zone pourraient donner l'opportunité de parvenir à un accord parrainé par l'ONU permettant au Liban de recouvrer ses droits et éviter une dégradation de la situation", a indiqué M. Bassil, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Le secrétaire d’État US s'est également entretenu avec le président du Parlement, Nabih Berry. Selon des sources citées par la chaîne locale LBCI, M. Berry a évoqué le dossier des violations et des agressions israéliennes continues et qui, selon lui, dépassent la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) et vont au-delà des réunions tripartites entre les armées libanaise et israélienne organisées au QG de la Finul à Naqoura. Le président du Parlement a également affirmé que le Liban était attaché à l'ensemble de ses droits terrestres et maritimes, ainsi qu'à l'arrêt de toutes les violations
Le dossier des relations entre le Liban et la Syrie était également au centre des discussions entre M. Hale et les responsables libanais. Sur ce dossier, le ministre des Affaires étrangères a indiqué que le Liban était attaché à la participation à la reconstruction de la Syrie en guerre depuis 2011. De son côté, M. Berry a insisté sur le fait que la solution au conflit en Syrie devait être politique et que le Liban avait le droit d'entretenir des relations normales avec Damas.
M. Hale a ensuite été reçu au ministère des Finances par Ali Hassan Khalil. Les deux hommes ont évoqué la situation économique et financière du Liban, mise en péril par la non-formation d'un nouveau gouvernement. Dimanche, une réunion financière au sommet avait réuni à Baabda le président Aoun, le Premier ministre Hariri, M. Hassan Khalil, ainsi que le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé.
Dans la soirée, David Hale et l’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, Elizabeth Richard, se sont entretenus avec l'ambassadeur saoudien au Liban, Walid Boukhari. Aucune déclaration n'a été faite à l'issue de la réunion.
Samedi, David Hale s'était rendu auprès du chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, puis dimanche, il s'était entretenu avec le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, ainsi qu'avec le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim.
Lire aussi
Les manœuvres israéliennes et la riposte libanaise, le décryptage de Scarlett HADDAD
commentaires (6)
Puissant soutien américain à l'état libanais???? Combien ???? HAHAHAHA...
FRIK-A-FRAK
22 h 10, le 14 janvier 2019