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Liban - Ligue arabe

Berry monte au créneau pour un report du sommet économique

Les milieux de Aïn el-Tiné considèrent comme « nulle et non avenue » la suspension de la Syrie.

Photo tirée du compte Flickr du Parlement libanais

Bien qu’irréaliste à ce stade, la question de la présence de la Syrie au prochain sommet économique de la Ligue arabe, prévu le 20 janvier à Beyrouth, continue d’alimenter les clivages entre les responsables politiques enlisés dans une surenchère infructueuse autour de ce sujet.

Après le Hezbollah qui avait estimé, jeudi dernier, pertinent d’inviter la Syrie à ce sommet, arguant du « climat positif arabe en faveur d’un retour de la Syrie sur la scène diplomatique », c’est au tour du président du Parlement, Nabih Berry, de considérer que le sommet arabe ne « peut pas avoir lieu sans la Syrie », des propos rapportés par le député sunnite prosyrien Abdel-Rahim Mrad, qui s’exprimait hier à l’issue d’une réunion avec le chef du législatif à Aïn el-Tiné.

Le député Amal Ali Bazzi, a, lui, fait savoir que le président de la Chambre « s’est prononcé en faveur d’un report du sommet arabe à Beyrouth, afin que celui-ci ne soit pas faible en l’absence d’un gouvernement ». Une position reprise par M. Berry lui-même lors de sa rencontre avec les députés de son groupe.

Ce second argument vient contredire la position du président de la République Michel Aoun, qui avait indiqué, il y a quelques jours, que le sommet peut parfaitement avoir lieu sous l’égide d’un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, d’autant que le Liban n’en est que l’administrateur et l’hôte et non l’organisateur qui est la Ligue arabe. C’est d’ailleurs cette dernière qui décide quels pays inviter – en l’occurrence les vingt-deux membres actifs de cette instance – et si la Syrie devra ou non réintégrer ses rangs. Une éventualité qui reste pour l’heure lointaine, comme en témoignent plusieurs diplomates informés, qui croient savoir que le climat régional n’a pas encore assez mûri pour pouvoir aborder un tel sujet.


(Lire aussi : Pas de cabinet avant le sommet économique arabe ?)

« Surenchère »

Ce n’est pas la question de l’absence du gouvernement qui serait toutefois le véritable motif derrière la requête de report formulée par M. Berry. Pour de nombreux observateurs, les propos de ce dernier, et avant lui ceux du Hezbollah, doivent être placés dans le cadre d’une « surenchère qui ne mènera à rien de concret ».

M. Bazzi a d’ailleurs fait valoir l’argument selon lequel la décision de suspendre la Syrie de la Ligue arabe, prise en 2011, est « nulle et non avenue », puisqu’elle n’a pas été prise à l’unanimité des membres de la Ligue comme le prévoit la procédure appliquée au sein de cette instance. À l’époque, le Liban, l’Algérie et l’Irak s’était opposés à cette décision, qui a toutefois été avalisée par les autres pays membres.

« Cette campagne médiatique en faveur de la Syrie finira par se retourner contre le Liban et lui porter tort, en sapant en amont les chances de succès du sommet », avertit une source informée.

Si les propos du chef du législatif sur son souhait de voir Damas réhabilité dans le cercle arabe ne sont pas nouveaux, son appel au report du sommet l’est. Tout en étant conscient du fait que la tenue de ce sommet est irréversible, M. Berry a exprimé un vœu qui s’inscrit à contre-courant de la volonté du chef de l’État qui mise sur le succès de cet événement. « M. Berry a, comme d’habitude, saisi l’air du temps et voudrait être le chef d’orchestre de tout processus en cours plutôt qu’un suiveur », commente Karim Bitar, en allusion aux efforts récemment entrepris dans certaines capitales arabes en direction de l’assainissement des relations avec Damas.


(Lire aussi : Relations libano-syriennes : la polémique des temps morts, le décryptage de Scarlett HADDAD)


L’application de la résolution 2254

Tout en admettant que la normalisation des relations entre la Syrie et quelques pays arabes a effectivement débuté, par le biais notamment de la réouverture de l’ambassade des Émirats arabes unis à Damas, il n’en reste pas moins que le processus en est encore à ses débuts et loin de se concrétiser par la récupération par Damas de son siège au sein de la Ligue. « Ce n’est pas un détail passager et futile après tout ce qui s’est passé en Syrie. Les éléments d’une entente autour de cette question ne sont pas encore réunis. La Syrie ne sera pas blanchie par un coup de baguette magique », commente un diplomate ayant requis l’anonymat.

Pour l’ancien député Farès Souhaid, la décision politique de réhabilitation de Bachar el-Assad n’est pas exclusivement arabe mais dépend dans une large mesure de la position des États-Unis, « qui restent à ce jour neutres sur cette question, sachant que l’administration américaine continue de soutenir l’idée d’une étape transitoire dans le règlement de la crise syrienne », dit-il en référence au communiqué de Genève du 30 juin 2012, qui prévoit une « transition politique conduite et prise en main par les Syriens et visant à mettre fin au conflit ».

Mardi, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri avait également affirmé que le gouvernement syrien devrait prendre un certain nombre de mesures en vue d’un règlement politique de la crise que connaît son pays, qui sont nécessaires pour que Damas puisse reprendre sa place de membre au sein de la Ligue arabe. Rappelant qu’une telle décision est du seul ressort du conseil de la Ligue et doit être approuvée par le sommet, M. Choukri avait clairement souligné que « pour le moment, il n’y a pas de changement » autour de cette question. Il avait ajouté que les mesures politiques que doit prendre Damas sont nécessaires « conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies », adoptée fin 2015 après l’approbation d’une feuille de route pour un processus de paix en Syrie.

Une position qui met un terme à la confusion faite depuis quelque temps entre les timides tentatives de normalisation des relations entre la Syrie et certaines capitales de la région, et son retour en bonne et due forme au sein de la famille arabe, qui ne se concrétisera pas tant que le régime de Bachar el-Assad n’aura pas montré patte blanche, notamment en se désengageant progressivement de son partenaire iranien.

Selon un diplomate arabe, le climat général est certes à sa réintégration à moyen terme, mais pas sans conditions. « Il faudra également y mettre le scénario propice de sorte à montrer que tout le monde y gagnera au final. La mise en scène est toujours aussi importante que le fait en lui-même », dit-il.

C’est également ce que pense Karim Bitar, qui considère que le fait de ménager les formes sur un dossier aussi délicat est important, d’autant que l’attitude à adopter par rapport à la Syrie « est la dernière ligne de faille qui continue de diviser les Libanais ». Selon lui, ce dossier sera simplifié une fois que l’Arabie saoudite aura ouvertement déclaré la reprise des relations avec Damas. Ce qui n’est pas encore acquis.


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Bien qu’irréaliste à ce stade, la question de la présence de la Syrie au prochain sommet économique de la Ligue arabe, prévu le 20 janvier à Beyrouth, continue d’alimenter les clivages entre les responsables politiques enlisés dans une surenchère infructueuse autour de ce sujet. Après le Hezbollah qui avait estimé, jeudi dernier, pertinent d’inviter la Syrie à ce sommet, arguant...

commentaires (10)

Vraiment on ne sait plus qui dirige ou qui a le droit de diriger ce pays . Triste .

Antoine Sabbagha

22 h 41, le 10 janvier 2019

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Commentaires (10)

  • Vraiment on ne sait plus qui dirige ou qui a le droit de diriger ce pays . Triste .

    Antoine Sabbagha

    22 h 41, le 10 janvier 2019

  • Oui c est vrai un exemple pour tous les pays pas arabes seulement ... elle leur apprend comment mater une révolution de son propre peuple ... que cela soit fomanter à l extérieur ou même à l intérieur

    Bery tus

    20 h 59, le 10 janvier 2019

  • Si seulement nos pseudo-politiciens n'utilisaient ni leurs cerveaux ni leurs langues et nous donnaient plutôt la paix jusqu'à la conclusion de ce pic de sommet arabe on leur serait tous au moins pour une fois bien reconnaissant. Y'en a marre de ces ........s

    Wlek Sanferlou

    20 h 56, le 10 janvier 2019

  • En quoi cela concerne le Liban que la Syrie bénéficie d'un climat positif arabe en faveur du retour de la Syrie sur la scène diplomatique ? La ligue arabe a-t-elle le droit d'organiser un sommet dans un pays quelconque sans consulter les dirigeants de ce pays ? La Ligue sait pertinemment que le Liban est privé de gouvernement par la volonté de certains pays étrangers. Le Liban sert-il de paillasson pour les autres ?

    Un Libanais

    17 h 56, le 10 janvier 2019

  • M Berry Vous etes President de la chambre des deputes Libanais Quelque soit la decision de la ligue Arabe la seule condition pour le Liban de recevoir le president Assaad est le retour des prisonniers libanais de Syrie kidnappes lors de la mainmise de la Syrie sur le Liban ou le retour des corps des personnes mortes Toute personne de tout bord et de toute religion qui n'approuve pas ce retour et ne pose pas cette condition ne merite pas sa nationalite Libanaise

    LA VERITE

    16 h 58, le 10 janvier 2019

  • De son perchoir où il s'est installé depuis des décennies, facile pour lui de lancer une offensive protégé par la meurtrière du Parlement!

    Tina Chamoun

    11 h 26, le 10 janvier 2019

  • Dis Maman, c'est quoi exactement le Liban ? c'est un supermarché dirigé par deux directeurs, un iranien et un séoudien qui se détestent et se bagarrent sans cesse et qui le gère pour les marchandises etc. ? plusieurs Libanais, des très agés et très jeunes qui tous recoivent de l'argent des directeurs iraniens et séoudiens, et mettent ce que ceux-ci veulent dans les rayons il n'y a pas de surveillants ? si, mais ceux-là sont engagés et payés par la Syrie mais...Maman...il n'y a pas dans ce supermarché des Libanais 100% ? si, mais les directeurs, gérants et surveillants iraniens, séoudiens et syriens les empêchent d'agir et même parfois les tuent ! mais pourquoi ? parce qu'ils ne veulent surtout pas d'un Liban 100% indépendant, car alors ils ne recevraient plus d'argent et autres avantages de Téhéran, Riyadh et Damas !!! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 39, le 10 janvier 2019

  • La Syrie est, devrait être pourtant, l'exemple à suivre pour ces pays arabes en manque d'imagination et de dignité Humaine.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 15, le 10 janvier 2019

  • UNE DECISION DU RESSORT DE LA LIGUE ARABE. ON EN FAIT UN PROBLEME AU LIBAN ET ON ENVENIME LA VIE POLITIQUE MAIS ET SURTOUT ECONOMIQUE DU PAYS. COLMME QUOI ON NE NOUS EXPORTE PAS LES CRISES MAIS NOUS EN FABRIQUONS ET... L,ABRUTISSEMENT AIDANT... LES IMPORTONS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 14, le 10 janvier 2019

  • JE VISITAIS LE PAYS LE MOIS DERNIER ET JE VOYAIS UN ÉNORME PORTRAIT DE BERRI DE PLUSIEURS DIZAINES DE MÈTRE EN HAUTEUR AFFICHÉ DANS LE CENTRE VILLE SUR UN IMMEUBLE !. ÇA M'A CHOQUÉ. QU'EST CE QU'IL A FAIT CE MONSIEUR DE BIEN POUR LE PAYS POUR MÉRITER CE GESTE ? C'EST UNE VULGARITÉ EN PLEIN CENTRE VILLE. PUIS UN PEU PLUS LOIN, UN AUTRE PORTRAIT DU MÊME TAILLE ET DU MÊME VULGARITÉ POUR MIKATI ! UN AUTRE À TRIPOLI POUR FAYCAL KARAMÉ ET PLUSIEURS SUR LA ROUTE DE TRIPOLI POUR HARIRI. ETC...ETC..QU'EST CE QUI SE PASSE DANS CE PAYS ? LES GENS SONT DEVENUS INSENSIBLES À CE POINT ? ON DEVAIT ABSOLUMENT ENLEVER CES PORTRAITS GÉANTS. CE NE SONT QUE DES POLLUTIONS VISUELLES. CES GENS LÀ N'ONT RIEN FAIT DU BIEN POUR LE PAYS, C'EST PLUTÔT QUE DU MAL QU'ILS NOUS LAISSENT COMME SOUVENIR.

    Gebran Eid

    06 h 09, le 10 janvier 2019

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