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Au Soudan, les pro-Béchir dans la rue, tirs de lacrymogène contre des manifestants antigouvernementaux

"Ce rassemblement envoie un message à ceux qui pensent que le Soudan va finir comme d'autres pays qui ont été détruits", a dit le président sous les acclamations de la foule.

Le président soudanais Omar el-Béchir salue ses partisans mercredi à Khartoum. REUTERS/Mohamed Nureldin Abdallah

Des milliers de manifestants ont acclamé le président soudanais Omar el-Béchir mercredi à Khartoum pour soutenir son régime, en proie à une forte contestation ces dernières semaines, alors que les forces de sécurité ont tiré du gaz lacrymogène pour disperser un rassemblement anti-gouvernemental.

"Ce rassemblement envoie un message à ceux qui pensent que le Soudan va finir comme d'autres pays qui ont été détruits", a dit le président sous les acclamations de la foule.

Le président soudanais était arrivé sur les lieux du rassemblement, dans le grand jardin Green Yard de la capitale, habillé d'un ensemble chemise et pantalon kaki. Prenant la parole, il a salué ses partisans avant de s'adresser à la foule en agitant un bâton.

"Ceux qui ont essayé de détruire le Soudan... ont mis des conditions pour résoudre nos problèmes, mais notre dignité vaut plus que des dollars", a-t-il dit dans une allusion apparente à l'embargo commercial imposé par Washington en 1997, qui n'a été levé qu'en 2017.


Marasme économique
"Nous sommes avec nos chefs parce que nos frères veulent détruire notre pays, mais nous le sauverons", a dit une manifestante pro-Béchir à l'AFP.

Autour des manifestants pro-Béchir, des centaines de policiers anti-émeutes, des soldats, des agents de sécurité, dont certains armés de fusils d'assaut, étaient déployés, selon un journaliste de l'AFP. Les manifestants ont acclamé le président en criant "Dieu est le plus grand", et scandé "Oui, oui, Béchir, nous te suivons".

Des hommes, des femmes, des enfants, arborant des bannières de soutien à M. Béchir, étaient arrivés mercredi matin en bus pour cette première manifestation pro-régime depuis le début de la contestation le 19 décembre.

Peu après ce rassemblement, à Omdurman près de Khartoum, des policiers ont dispersé à l'aide de gaz lacrymogène quelque 300 manifestants antigouvernementaux. Scandant "Liberté, paix, et justice", ils ont bloqué l'un des axes importants d'Omdurman avant d'être rapidement pris à partie par la police.

Par ailleurs, une vidéo postée sur les réseaux sociaux montrait des manifestants en train de jeter des pierres sur les forces de l'ordre. Les images n'ont pas pu être vérifiées de source indépendante.

Mercredi soir, le parti d'opposition Oumma a affirmé que l'hôpital principal d'Omdurman avait reçu beaucoup de blessés, dont certains par balles. "Nous appelons les médecins et personnels médicaux à venir aussi vite que possible à l'hôpital principal d'Omdurman", a écrit le parti dans un communiqué sans donner de chiffres sur les blessés. Un groupe de médecins de cet hôpital a indiqué dans un communiqué que la police avait tiré du gaz lacrymogène à l'intérieur de l'établissement.

En plein marasme économique, le Soudan, disposant de faibles réserves en devises étrangères et ayant une inflation de 70%, est en proie à un mouvement de contestation provoqué par la hausse du prix du pain.

Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées durant les manifestations, selon les autorités. Amnesty International a fait état de la mort de 37 manifestants et l'ONU a appelé à une enquête indépendante.

Les manifestations ont commencé dans plusieurs villes et villages avant de gagner la capitale Khartoum, plusieurs bâtiments et bureaux du parti du Congrès national (NCP) de M. Béchir ont été incendiés. Les protestations se sont vite transformées en un mouvement contre le régime de M. Béchir, arrivé au pouvoir en 1989 à la faveur d'un coup d'Etat soutenu par les islamistes.


(Lire aussi : Le président soudanais Béchir s'est rendu à Damas pour rencontrer Assad)


"Comploteurs"
Plus de 800 manifestants ont été arrêtés depuis le début de la contestation, selon les autorités. Des responsables de l'opposition, des activistes et des journalistes ont été interpellés pour tenter de limiter l'ampleur du mouvement de protestation.

La Grande-Bretagne, la Norvège, les Etats-Unis et le Canada se sont dits "consternés par les informations faisant état de morts et de blessés graves" et par "l'usage de balles réelles contre les manifestants". Ils ont exhorté, dans un communiqué commun mardi, Khartoum à faire de sorte qu'"une enquête indépendante et transparente sur la mort de manifestants soit menée le plus tôt possible, et que les responsables rendent des comptes".

Le ministère des Affaires étrangères soudanais "rejette et condamne ce communiqué partial qui est loin de la réalité", a-t-il assuré dans un communiqué mercredi. M. Béchir, qui a ordonné à la police d'utiliser "moins de force" contre les manifestants, avait accusé mardi, sans les nommer, des "comploteurs" d'avoir été responsables des violences.

Il avait déclaré devant des soldats sur une base près de la localité d'Atbara où avait eu lieu la première manifestation en décembre: "Ce sont ceux qui ont comploté contre nous et introduit des traîtres parmi nous qui ont provoqué des incendies et causé des dégâts" lors des manifestations.


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