Rechercher
Rechercher

À La Une - Arabie saoudite

Une jeune Saoudienne arrêtée à Bangkok dit craindre pour sa vie si elle est rapatriée

Rahaf Mohammed Al-Qunun, affirme avoir été dénoncée par l'homme chargé de sa tutelle pour avoir voyagé "sans sa permission".

Photo prise à l'aéroport international de Bangkok. Archives AFP.

Une Saoudienne âgée de 18 ans arrêtée dimanche à l'aéroport international de Bangkok assure craindre pour sa vie si elle est rapatriée par les autorités thaïlandaises de l'immigration, qui ont confirmé lui avoir refusé l'entrée dans le pays à son arrivée du Koweït. Cet événement arrive après le meurtre en octobre, dans un consulat saoudien en Turquie, du journaliste Jamal Khashoggi, ce qui avait encore renforcé les accusations contre Riyad en matière de droits de l'Homme.

La jeune femme, Rahaf Mohammed Al-Qunun, a déclaré à l'AFP avoir été arrêtée par des responsables saoudiens et koweïtiens à l'aéroport Suvarnabhumi et s'être vue confisquer son passeport, une assertion soutenue par l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW). "Ils ont pris mon passeport", a-t-elle dit à l'AFP, ajoutant qu'elle avait été dénoncée par l'homme chargé de sa tutelle pour avoir voyagé "sans sa permission".



Elle a expliqué avoir tenté de fuir des mauvais traitements infligés par sa famille. "Ma famille est stricte et m'a enfermée dans une pièce durant six mois simplement pour m'être coupé les cheveux", a-t-elle déclaré, se disant certaine d'être emprisonnée si elle était renvoyée dans son pays. "Je suis sûre à 100% qu'ils me tueront dès ma sortie d'une prison saoudienne", a-t-elle ajouté, s'affirmant "effrayée" et "perdant l'espoir".



Rahaf Mohammed Al-Qunun a été arrêtée dimanche alors qu'elle arrivait en avion depuis le Koweït, a déclaré à l'AFP le chef des services d'immigration thaïlandais, Surachate Hakparn.

La jeune femme se trouve actuellement dans un hôtel de l'aéroport et devrait être renvoyée en Arabie saoudite d'ici lundi matin, a-t-il ajouté. Selon lui, elle n'avait sur elle "ni billet de retour ni argent". "Elle a fui sa famille pour échapper au mariage et craint des ennuis si elle retourne en Arabie saoudite. Nous avons envoyé des responsables pour prendre soin d'elle", a-t-il précisé.

Selon lui, les autorités thaïlandaises ont pris contact "avec l'ambassade d'Arabie saoudite pour se coordonner". "C'est un problème familial", a-t-il conclu.


(Pour mémoire : « Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont les pires dans le monde en matière de droits de l’homme »)


"Un problème familial"

La jeune femme a expliqué qu'elle était en transit pour aller demander l'asile en Australie où elle assure disposer d'un visa. Selon elle, des représentants des ambassades saoudienne et koweïtienne l'ont accostée au débarquement à l'aéroport Suvarnabhumi. Elle a utilisé Twitter pour plaider sa cause, expliquant en direct dans une vidéo que son père avait déclaré aux responsables de l'ambassade qu'elle était "un patient psychiatrique" qui devait absolument rentrer.

Aucun commentaire n'était disponible dans l'immédiat auprès de l'ambassade saoudienne en Thaïlande ou des autorités à Riyad.

Phil Robertson, directeur adjoint de HRW en Asie, a critiqué les autorités thaïlandaises. "Quel pays autorise des diplomates à se promener dans une section fermée de l'aéroport et à saisir les passeports des passagers?", a-t-il lancé, assurant qu'il existait en Arabie saoudite une "impunité" pour les cas de maltraitance envers des femmes au sein de la cellule familiale.

En avril 2017, le sort d'une autre Saoudienne, Dina Ali Lasloum, âgée de 24 ans et arrêtée alors qu'elle transitait par les Philippines pour se rendre à Sydney, avait suscité l'inquiétude de HRW.

La jeune femme voulait échapper à un mariage forcé, selon l'organisation qui avait cité le témoignage d'une Canadienne assurant avoir été approchée à l'aéroport de Manille par la Saoudienne.

Un activiste saoudien avait indiqué à l'AFP que Dina, qui vivait au Koweït, "avait été ramenée par la force à Riyad" et "placée en détention". L'ambassade saoudienne à Manille avait présenté l'incident comme une affaire de famille, assurant que "la citoyenne est rentrée avec sa famille au pays".

L'Arabie saoudite est connue pour son système de restrictions des droits des femmes. Chaque femme est notamment soumise à la tutelle d'un homme (père, mari ou autre suivant le cas) qui exerce sur elle une autorité arbitraire et prend à sa place les décisions importantes. Une femme qui est jugée avoir commis un crime "moral" peut être punie violemment par sa famille, y compris être tuée dans ce qu'on appelle un "crime d'honneur".


Lire aussi

Émancipation des Saoudiennes : le changement doit venir de l’intérieur

Chocs électriques et coups de fouet : Riyad accusé de torture sur des femmes par Amnesty

"Abaya à l'envers": des Saoudiennes protestent contre le port de ce vêtement

Sur un circuit de Riyad, des Saoudiennes goûtent au grand frisson

« Donner le volant aux Saoudiennes aidera à défier les normes sociales et de genre »

Une Saoudienne âgée de 18 ans arrêtée dimanche à l'aéroport international de Bangkok assure craindre pour sa vie si elle est rapatriée par les autorités thaïlandaises de l'immigration, qui ont confirmé lui avoir refusé l'entrée dans le pays à son arrivée du Koweït. Cet événement arrive après le meurtre en octobre, dans un consulat saoudien en Turquie, du journaliste Jamal...

commentaires (3)

De Charydbe en Scylla quoi!

Tina Chamoun

11 h 51, le 07 janvier 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • De Charydbe en Scylla quoi!

    Tina Chamoun

    11 h 51, le 07 janvier 2019

  • TOUS LES CITOYENS DES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE NOMMEMENT L,IRAN ET LA SAOUDITE CRAIGNENT POUR LEUR VIE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 54, le 07 janvier 2019

  • pays rétrograde, et certains veulent nous imposer leur système

    Talaat Dominique

    23 h 18, le 06 janvier 2019

Retour en haut