L'armée de Bachar el-Assad s'est déployée vendredi aux environs de la ville de Manbij en Syrie après un appel à l'aide des forces kurdes, illustrant un revirement d'alliance accéléré par l'annonce du retrait des soldats américains et les menaces turques.
La Turquie a menacé de lancer une offensive avec des supplétifs syriens contre des formations kurdes dans des secteurs du nord syrien, y compris Manbij, près de sa frontière. Ces menaces ont été suivies par l'annonce du président américain Donald Trump du retrait des troupes américaines de Syrie, principal soutien des forces kurdes ces dernières années surtout dans leur guerre contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
C'est la première fois en six ans que les forces syriennes retournent près de Manbij, au moment où le régime Assad a multiplié les victoires militaires avec l'aide cruciale de l'allié russe et semble sur la bonne voie pour briser son isolement diplomatique.
"Des unités de l'armée arabe syrienne sont entrées dans la région de Manbij", a annoncé un porte-parole de l'armée à Damas. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), quelque 300 soldats et miliciens prorégime se sont déployés dans des secteurs au nord et à l'ouest de la ville, créant une "zone-tampon" entre les territoires tenus par les rebelles pro-Ankara et Manbij.
(Lire aussi : Syrie: Erdogan menace les milices kurdes, renforts turcs à la frontière)
Ce sont les Unités de protection du peuple (YPG), principale milice kurde de Syrie, qui ont appelé l'armée à déployer ses troupes en annonçant leur propre retrait du secteur.
Selon Noura al-Hamed, responsable locale à Manbij, les négociations avec le pouvoir ont eu lieu "sous l'égide de la Russie". "Les forces du régime ne vont pas entrer dans la ville, elles vont se déployer sur la ligne de démarcation" séparant Manbij des territoires pro-Ankara, a-t-elle dit. La coalition internationale emmenée par les Etats-Unis stationne des troupes dans et autour de Manbij, notamment américaines et françaises, selon l'OSDH. Elle dispose d'une base près de Manbij et d'avant-postes dans la ville et sa banlieue, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui précise que la coalition n'a pas de présence dans les zones où l'armée syrienne s'est déployée. "Les forces de la coalition sont toujours à leurs positions", a souligné Mme Hamed.
Le commandement central de l'armée américaine a confirmé que l'armée syrienne ne se trouvait pas dans la ville même de Manbij. "Nous continuerons à soutenir nos partenaires de la coalition tout en menant un retrait volontaire et contrôlé des troupes", a dit à l'AFP le porte-parole du CentCom.
Toujours est-il que pour Moscou, le déploiement de l'armée dans le secteur aidera à "stabiliser la situation". La question sera discutée samedi lors d'une visite à Moscou des ministres turcs des Affaires étrangères et de la Défense.
La Turquie a dénoncé le déploiement près de Manbij des troupes prorégime estimant que les forces kurdes n'avaient "pas le droit" de faire appel à elles et mettant en garde contre toute "provocation".
Depuis mi-décembre, Ankara menace de lancer une nouvelle offensive pour chasser les forces kurdes de secteurs proches de sa frontière. Des menaces d'autant plus inquiétantes pour les Kurdes, que Donald Trump a annoncé le 19 décembre le retrait de quelque 2.000 militaires américains déployés en Syrie. Il a cependant souligné que ce désengagement serait "lent et extrêmement coordonné" avec la Turquie.
Soutenu militairement par ses alliés indéfectibles, l'Iran et la Russie, le régime Assad a réussi à renverser la donne et contrôle désormais près des deux-tiers du pays morcelé par une guerre ayant fait plus de 360.000 morts depuis 2011.
Le déploiement des prorégime près de Manbij illustre aussi un revirement des relations complexes entre les forces kurdes et le pouvoir qui était allé jusqu'à les qualifier parfois de "traîtres". Opprimée pendant des décennies par Damas, la minorité kurde a profité du conflit pour grignoter une autonomie de facto dans des régions du nord et du nord-est, soit près de 30% du pays. Les Kurdes tiennent notamment la ville de Raqqa, prise à l'EI, et d'importants champs pétroliers.
Sur le plan diplomatique, le régime syrien commence à briser son isolement régional, avec la réouverture jeudi à Damas, après sept ans d'absence, de l'ambassade des Emirats arabes unis, pays très proche de l'Arabie saoudite qui fut l'un des principaux détracteurs de M. Assad et a soutenu la rébellion pendant des années. Cette réouverture a suivi la visite le 16 décembre du président soudanais Omar el-Béchir, premier chef d'Etat arabe à se rendre en Syrie depuis 2011.
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commentaires (3)
Ankara en colère ???? Parce que le héros BASHAR EL ASSAD veut récupérer son pays en totalité ???? Il est malade ce erdo...si tu as la grosse tête erdillon, tu l'as fait avec tes amis alliés mauviettes euro américains là , pas avec les résistants qui leur ont montré la porte de sortie du TERRITOIRE SYRIEN. Fais gaffe à tes arrières, ça pourrait te tomber dessus à tout moment.
FRIK-A-FRAK
21 h 14, le 28 décembre 2018