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À La Une - Liban

Manifestation sous tension de centaines de Libanais contre les conditions de vie difficiles

Un blessé léger lors d'échauffourées avec les forces de l'ordre, place Riad el-Solh.

Des manifestants libanais devant un cordon de police devant le Grand sérail, au centre-ville de Beyrouth, le 23 décembre 2018. AFP / AA / ANWAR AMRO

Des centaines de Libanais se sont rassemblés dimanche dès 11h place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, en réponse à de nombreux appels sur les réseaux sociaux à manifester contre la crise socio-économique, appelant à des réformes politiques. Durant cette manifestation, une personne a été légèrement blessée lors d'échauffourées qui ont éclaté vers 13h, place Riad el-Solh, et plusieurs débordements ont été enregistrés.

Reprenant le symbole des gilets jaunes de France, des groupes créés sur des plateformes comme Facebook avaient appelé il y a quelques jours les citoyens à faire acte de présence dès midi sur la place Riad el-Solh.

Sur le terrain, certains manifestants arboraient des gilets jaunes, d'autres des masques aux couleurs du drapeau libanais. Certains drapeaux de partis politiques ont leur apparition parmi les manifestants, avant d'être retirés suite à la demande des organisateurs. 

Les contestataires ont entamé peu après 12h une marche qui passe par le pont du Ring, puis le siège de l'ESCWA, avant de s'arrêter au bas du Grand Sérail, le siège de la présidence du Conseil. Ils réclament pêle-mêle la baisse des impôts et des prix des carburants, la lutte contre la corruption, ainsi que la préservation de l'environnement et la lutte contre la pollution. Le fait de réclamer "la chute du régime" divisait toutefois les manifestants, entre ceux qui réclament cela et ceux qui s'y opposent.


Photo AFP / AA / ANWAR AMRO


Jusque-là, aucun organisateur connu ni parti politique ne semble être au premier plan de ce mouvement, à la différence de ceux organisés la semaine dernière par le Parti communiste libanais et le parti Sabaa. Mais des partisans de Sabaa, ainsi que d'autres activistes, ont finalement rejoint les manifestants aujourd'hui.

Sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, le mot-dièse "#NousnedescendonspasVousPuez", était largement partagé par des partisans du Hezbollah qui taxent les manifestants d'hostilité au parti chiite, les accusant de se cacher derrière des slogans anti-corruption. La semaine dernière, la présence de partisans du parti chiite lors de la manifestation organisée par le Parti communiste avait été critiquée par certains militants anti-corruption.

"Nous ne pouvons pas lutter contre Israël alors que notre pays est rongé par la corruption", scandait l'un des manifestants au micro de la chaîne LBCI, en réponse aux critiques des partisans du Hezbollah.


(Lire aussi : L’effet « gilets jaunes » gagne la toile libanaise)


Échauffourées et bennes à ordure brûlées
Vers 13h, quelques échauffourées ont éclaté entre les forces de l'ordre et certains manifestants qui ont lancé des bouteilles d'eau contre les policiers qui bloquent l'accès au Grand Sérail. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), un avocat issu de la société civile, Abbas Srour, a été légèrement blessé à la tête par ces jets de bouteilles d'eau. L'armée libanaise est également intervenue afin de repousser des manifestants qui ont endommagé des bennes à ordures au niveau de l'avenue Béchara el-Khoury.

Vers 16h, des manifestants se sont dirigés vers le ministère de l'Intérieur, dans le quartier de Hamra, où les forces de l'ordre et des soldats de la troupe ont été déployés. Sur leur trajet, des protestataires ont mis le feu à des bennes à ordure, puis s'en sont pris à certains commerces et bureaux de change sur la rue Hamra avant d'être dispersés par les forces de sécurité.

Dans l'après-midi, l'armée a appelé dans un communiqué les manifestants à "rester dans le cadre de l'expression de revendications" et ne pas s'en prendre aux biens publics et privés, tout en affirmant son attachement à la liberté d'expression et au droit de manifester.



Après avoir tenté de prendre la direction de la route de l'aéroport de Beyrouth, plusieurs dizaines de protestataires se sont à nouveau rassemblés en début de soirée devant le Grand sérail, affirmant qu'une nouvelle manifestation aura lieu mercredi après-midi.

D'autres rassemblements de moindre ampleur ont également été signalés à travers le pays, notamment au Liban-Sud, dans la Békaa et au Liban-Nord.

Le Liban occupe le 143e rang sur 180 pays du monde au classement 2017 de l’indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency International.

Les rémunérations des fonctionnaires constituent l'un des plus importants postes de dépenses budgétaires avec le service de la dette et les subventions versées à Électricité du Liban (EDL). Le Parlement libanais a approuvé en juillet 2017 un relèvement de la grille des salaires de la fonction publique, une hausse financée par l’adoption, quelques mois plus tard, d’une série de mesures fiscales.

Le président de l'Inspection centrale, Georges Attié, avait récemment annoncé des "mesures exceptionnelles" pour l'année 2019 dans le cadre de la lutte contre la corruption, indiquant que les visites surprises des inspecteurs au sein des administrations publiques allaient se poursuivre. "2019 sera l'année des inspections et de la surveillance efficaces", avait promis M. Attié lors d'une conférence de presse. "Les visites inopinées dans les administrations publiques constitueront le cœur de notre travail quotidien en 2019", avait-il ajouté, insistant sur l'importance d'instaurer un outil permettant de contrôler le recrutement et le départ à la retraite des fonctionnaires.


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commentaires (8)

Bravo! On est fiers de vous! La photo est magnifique!

Isabelle jourdan

20 h 59, le 23 décembre 2018

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Commentaires (8)

  • Bravo! On est fiers de vous! La photo est magnifique!

    Isabelle jourdan

    20 h 59, le 23 décembre 2018

  • Le peuple libanais veut que l’on s’occupe enfin de lui ! C’est pas sorcier a comprendre... donc bouger vous les politiques et arrêter de tergiverser et prendre avis et recommandations ailleurs. C’est ici que tout se passe , au sein de la nation libanaise.

    L’azuréen

    18 h 12, le 23 décembre 2018

  • Une grande souffrance frappe le peuple du Liban.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 11, le 23 décembre 2018

  • Ne laissez pas ceux qui avaient adoré le Goulag, les Kolkhoses, les Sovkhozes et les déportation en Sibérie, se mêler aux manifestations paisibles et légitimes du peuple libanais.

    Un Libanais

    14 h 51, le 23 décembre 2018

  • Pour participer a une manifestation contre la corruption et les (tres) mauvaises conditions de vie dans notre pays se trouverait simplement une centaine de manifestants. S'il s'agissait d'une manifestation a caractere confessionnel ou a la demande d'un clan politique criant des slogans contre les autres clans politiques, on aurait trouve des centaines de milliers de manifestants. Quelle tristesse pour notre pays. Ca donne juste envie de se casser a la 1ere occasion.

    John

    14 h 29, le 23 décembre 2018

  • SE PLAINDRE, PROTESTER PUIS SUIVRE ET SE TAIRE C,EST LA CHANSON HABITUELLE A QUAND LE -DEGAGER- DE TOUS LES ABRUTIS PANURGES PERES, FILS ET PETITS FILS... PLUS GENDRES... ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 10, le 23 décembre 2018

  • Sincèrement sans viser qui que ce soit, je trouve que dans une période aussi difficile, où l'économie du Liban est au rouge, les dettes sont explosives, les frontières menacées, la paix sociale extrêmement fragilisée, le chômage bat des records, l'éducation nationale (les écoles), perturbée par le manque de budget adapté, et un peuple qui survi tout juste écroué sous la pauvreté et la cherté des aliments de premières nécessités.... Et avec tout ça certains empêchent sans complexe aucun, la formation du gouvernement. Mais qu'elles sont leurs vraies motivations et qui les exploitent ces gens-là ? N'ont ils pas une très lourde responsabilité devant l'histoire, et la nation libanaise ? Un retour rapide à la raison est nécessaire.

    Sarkis Serge Tateossian

    13 h 54, le 23 décembre 2018

  • Il faut être naïf pour croire que les manifestants qui arboraient des gilets jaunes sont si innocents et n’appartiennent pas à un seul parti et une seule confession, vraie mascarade.

    Antoine Sabbagha

    13 h 48, le 23 décembre 2018

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