Alors que la formation du nouveau gouvernement semble imminente, plus de sept mois après la tenue des élections législatives, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, veut croire à un apaisement des marchés. « Le nouveau gouvernement est attendu, et la réaction, par anticipation, est positive, quoique les marchés attendent la publication des décrets de nomination du gouvernement », a-t-il confié hier à L’Orient-Le Jour en marge du Global Business Summit 2018. Cet élan positif « provient du fait que les partis qui prendront part au gouvernement ont, au préalable, approuvé les réformes convenues dans le cadre de la CEDRE (tenue le 6 avril dernier, à Paris). Une formation du gouvernement signifie aussi qu’il y a un accord politique dans le pays, ce qui présage une période de calme souhaitée par les investisseurs », a poursuivi M. Salamé.
Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, qui a également pris part à la conférence, a réitéré son engagement à mener les réformes structurelles convenues lors de la CEDRE, avant de préciser que « ces réformes seront incluses dans la déclaration ministérielle de manière à garantir l’engagement de toutes les composantes du gouvernement dans leur mise en œuvre ». La plus prioritaire des réformes sera celle du secteur de l’électricité, a confirmé M. Hariri. Elle consistera en une suppression de la subvention du prix de l’électricité, qui se traduira par une hausse des tarifs, ces derniers n’ayant pas été augmentés depuis 1994. Elle devrait intervenir parallèlement à la hausse de la production à travers la construction de nouvelles centrales électriques.
Par ailleurs, le gouverneur de la BDL a profité de l’occasion pour dresser un bref bilan de l’année 2018 en commençant par annoncer les nouvelles prévisions de croissance. « Elle oscillera entre 1 et 1,5 % au lieu de 2 % en 2018 », a-t-il affirmé, s’alignant ainsi sur les estimations de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui tablent tous les deux depuis octobre sur une croissance de 1 % du PIB libanais en 2018. « La croissance a été ralentie par des circonstances régionales, dont la baisse de liquidités en raison de tensions politiques et la baisse des prix du pétrole. Mais l’économie libanaise a surtout été affectée par le retard dans la formation du nouveau gouvernement », a expliqué M. Salamé.
(Lire aussi : Salamé annonce de nouvelles opérations pour « assurer le financement de l’État en 2019 »)
Aucun intérêt à dévaluer
Concernant la situation monétaire, le gouverneur s’est montré une fois de plus rassurant. « Les réserves de la Banque centrale sont élevées. On entend parler de dévaluation, mais tant que l’économie est dollarisée, nous n’avons aucun intérêt à abandonner la stabilité du taux de change, puisque cela nuira à la productivité et au pouvoir d’achat, sans pour autant qu’on observe une amélioration de la compétitivité. Nous sommes donc convaincus de cette politique (monétaire) », a-t-il assuré. M. Salamé a par ailleurs indiqué avoir recensé « une amélioration de la croissance des dépôts, avec une dollarisation à 70 % ». « Les taux d’intérêt moyens sont à 8,74 % sur la livre et 5,48 % sur le dollar, ils ont donc augmenté respectivement de 2 et 1,25 points, ce qui est en phase avec les évolutions à l’international », a-t-il précisé. Le secteur bancaire demeure « en bonne forme », selon M. Salamé. « Les créances douteuses représentent 3,78 % du portefeuille total, soit une hausse acceptable d’un demi-point cette année. Les banques ont appliqué l’IFRS 9, respectent les critères de solvabilité de Bâle III et disposent toutes d’une bonne liquidité », a-t-il ajouté.
Enfin, Riad Salamé a livré quelques axes d’amélioration de la circulaire 331 émise en 2013 par la Banque du Liban et qui permet aux banques libanaises d’investir jusqu’à 3 % de leurs fonds propres dans des sociétés œuvrant dans « l’économie de la connaissance ». « L’écosystème a besoin de plus d’accélérateurs pour attirer davantage d’entrepreneurs. Nous souhaitons encourager leur création au sein des universités car nous pensons que cette synergie sera favorable au secteur », a-t-il indiqué.
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commentaires (2)
Bonjour Monsieur le Gouverneur ....Deux articles en peu de temps . "La formation du gouvernement va rassurer les marchés"..je cite C'est aussi "la rue "qu''il faut rassurer ...Sept mois! Vous annoncer des chiffres ..aucune mesure pour rendre moins difficile la vie des citoyens . je crains qu'une certaine "couleur importée" n’envahisse les rues dont on connait le risque de récupération politique. A défaut de gouvernement constitué ,annoncer des mesures .Vous en avez et le pouvoir et le devoir
salamé riad
11 h 09, le 23 décembre 2018