C’est une avancée qui pourrait influencer le cours de la guerre au Yémen. Après une semaine de consultations à Rimbo en Suède, les délégations houthie et du gouvernement du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi se sont mises d’accord sur un cessez-le-feu à Hodeida et sur le retrait des troupes loyalistes et rebelles de la ville et trois de ses ports-clés : Hodeida, al-Salif et Ras Issa. Selon une source onusienne citée par l’AFP, 30 observateurs de l’ONU devraient y être déployés.
Lieu stratégique situé à l’ouest du Yémen et par lequel transite 70 % de l’aide humanitaire, la ville, aux mains des houthis depuis 2015, est le théâtre d’une offensive lancée en mai dernier par les forces gouvernementales et leurs alliés de la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Ce premier pas vers une résolution du conflit au Yémen intervient au moment où Riyad, allié du président Hadi, est sous pression pour mettre un terme à la guerre par les Occidentaux, et surtout par Washington, suite à l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre. Ainsi, hier soir, le Sénat américain a voté en faveur de l’arrêt du soutien militaire américain à la coalition antihouthie dirigée par les Saoudiens.
« Il est évident qu’il y a eu du forcing dans les dernières vingt-quatre heures », observe un diplomate ayant requis l’anonymat, contacté par L’Orient-Le Jour. Selon lui, « (le secrétaire général, Antonio) Guterres ne serait pas venu en Suède si un minimum d’accords n’avaient pas été prévus, et cela est probablement dû aux contacts qu’il aurait eus avec les pays concernés, dont l’Arabie saoudite ». « Guterres – et peut-être les Saoudiens et les Iraniens (qui soutiennent les houthis) s’ils sont impliqués dans l’exercice de la pression – ont tenté de sauver ces pourparlers qui étaient condamnés à l’échec il y a encore deux jours alors qu’il n’y avait aucun progrès », poursuit le diplomate.
Alors que l’image de l’Arabie saoudite est noircie par l’affaire Khashoggi, un accord pour calmer le jeu au Yémen permet aux houthis – et aux Iraniens – de faire bonne figure dans le cadre des négociations de paix tout en consolidant leur assise au Yémen. « Le pouvoir houthi a atteint son apogée, tandis que le pouvoir de l’Arabie saoudite et, par extension, du gouvernement Hadi, a souffert des retombées du meurtre de Khashoggi et de l’attention croissante portée aux civils yéménites et à leurs infrastructures vitales », explique à L’OLJ Elisabeth Kendall, chercheuse en études arabes et islamiques à l’université d’Oxford. « Aucune des deux parties ne souhaite être tenue pour responsable d’une famine imminente et Hodeida est indispensable pour éviter une famine généralisée car il s’agit du premier point d’entrée de l’aide », précise-t-elle, soulignant que « cela signifie que les deux parties belligérantes ont maintenant un intérêt certain à conclure un cessez-le-feu ».
(Lire aussi : Comment les houthis ont réussi à résister à l’ogre saoudien)
Long chemin vers la paix
Le secrétaire général de l’ONU, qui se trouvait aux côtés de l’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a salué ces « réels progrès pour les négociations à venir afin de mettre fin au conflit », qualifiant l’événement d’ « étape importante ». Soulignant que le pays subit « la pire crise humanitaire du monde », il a annoncé que ce retrait se déroulerait « dans les prochains jours » et que les Nations unies devraient jouer un « rôle-clé » dans le contrôle du port. « Les recettes des ports de Hodeida, al-Salif et Ras Issa seront acheminées vers la Banque centrale du Yémen par l’intermédiaire de sa succursale de Hodeida, à titre de contribution au paiement des salaires dans le gouvernorat de Hodeida et dans tout le Yémen », indique le texte de l’accord. L’ONU supervisera la gestion du port de Hodeida et inspectera tous les navires entrants, a rapporté hier le quotidien émirati The National, citant un délégué houthi.
Le secrétaire général de l’ONU a également précisé que les parties sont parvenues à un « accord mutuel » sur la ville de Taëz, située dans les hauts plateaux dans l’ouest du Yémen. « Cela va conduire à l’ouverture des couloirs humanitaires et à la facilitation (du transport) des marchandises », a indiqué M. Guterres. Le texte de l’accord prévoit également « un mécanisme exécutif sur l’activation d’échange de prisonniers », soit une liste de 15 000 détenus, établie par les parties peu avant le début des consultations. Le compte-rendu des discussions doit être présenté aujourd’hui au Conseil de sécurité lors d’une réunion sur le Yémen.
(Lire aussi : Dialogue difficile entre belligérants au Yémen, des millions de personnes "affamées")
L’ONU a réussi son difficile pari de ramener non seulement les belligérants autour de la même table, mais aussi d’obtenir un accord sur le statut de la province de Hodeida et de son port. En septembre dernier, la délégation houthie avait refusé de se rendre à des consultations organisées par les Nations unies à Genève, estimant que les conditions à leur venue n’avaient pas été remplies. Une poignée de main symbolique entre le négociateur en chef des houthis, Mohammad Abdelsalam, et le ministre yéménite des Affaires étrangères, Khaled al-Yemani, a clôturé la conférence de presse finale de ce premier round de discussions alors que les parties devraient se rencontrer à nouveau fin janvier.
Si un accord pour une prochaine rencontre constitue l’un des éléments les plus importants de ces pourparlers pour aller vers une résolution de la guerre au Yémen depuis 2016, une résolution politique du conflit n’est pas encore à l’ordre du jour. M. Yemani a par ailleurs précisé que cet accord restait « hypothétique » jusqu’à sa mise en œuvre, estimant que de nombreux accords conclus par les houthis n’avaient pas été appliqués auparavant.
« Jusqu’à la semaine dernière, le conflit devenait de plus en plus polarisé. Si les promesses faites sont tenues, les pourparlers auront réussi à inverser cette tendance », souligne Mme Kendall. Si les négociations se poursuivent en janvier prochain, « les discussions en Suède auront peut-être annoncé le début de la fin mais il reste un long chemin à parcourir vers la paix », ajoute-t-elle. Selon Mme Kendall, « la conclusion d’un cessez-le-feu complet, la formation d’un gouvernement de transition avec un partage du pouvoir, la stabilisation de l’économie en déclin et l’acceptation de la future structure du Yémen nécessiteront des mois, voire des années ».
Lire aussi
Réunis à Riyad, les pétromonarchies du Golfe appellent à préserver leur regroupement régional
Le gouvernement yéménite brandit la menace d'une offensive sur le port de Hodeida
Au Yémen, Abdallah, 7 ans, victime des mines
commentaires (7)
Les guerres ont un sens et les mots aussi . L'agression criminelle des etrangers bensaouds n'a rien à voir avec le peuple yéménite qui décide de s'autogérer, même aidè de L'IRAN NPR ou du diable de tasmani . L'agression des usa en Irak et en Afghanistan n'a rien à voir avec les peuples de ces 2 pays agressés qui ont décidé de se défendre de cette agression par tous les moyens , même avec l'aide de l'Iran ou du diable de tasmani . L'agression de la Syrie par ces toujours mêmes bensaouds wahabites aidés des usa et de israel n'a rien à voir avec la cruauté du peuple syrien à vouloir se défendre et vaincre grâce à leur héros BASHAR , même aidé par cet IRAN NPR. Quant au Liban n'en parlons pas , l'agression des usurpateurs en 82 n'a eu que le sort quelle mérite avec l'aide de l'Iran NPR. Cad un bon coup pied au derrière, confirmé en 2006 . Et de nos jours par le profil bas des poltrons que nous offre ces usurpateurs honteux . Super cette idée de caméra installée par l'armée soutenue par la résistance du hezb libanais de la résistance.
FRIK-A-FRAK
16 h 09, le 14 décembre 2018