Rechercher
Rechercher

À La Une - Analyse

Affaire Khashoggi : Trump se retient d'user de son influence sur Riyad

Ce soutien appuyé du président américain à l'Arabie saoudite ne fait que renforcer les responsables saoudiens dans leur idée que la relation entre les deux pays est tellement forte qu'elle ne peut souffrir d'être remise en cause.

Le président américain, Donald Trump, le 22 novembre 2018 en Floride. Photo REUTERS/Eric Thayer

Le président américain Donald Trump s'est retenu, dans l'affaire du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, d'user de tous les moyens de pression dont il dispose contre Riyad, préférant mettre en avant les bénéfices économiques que son pays tire de la relation avec l'Arabie saoudite.

Selon des médias américains, la CIA n'a plus de doutes sur la responsabilité de Mohammad ben Salmane, dit "MBS", le puissant prince héritier d'Arabie saoudite, dans le meurtre de Jamal Khashoggi, un journaliste saoudien critique du pouvoir tué le 2 octobre dans le consulat saoudien à Istanbul.

Donald Trump a cependant assuré mardi que l'agence américaine de renseignement extérieur n'avait "rien trouvé d'absolument certain", et réaffirmé son soutien aux dirigeants du royaume. "Il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet évènement tragique --peut-être, peut-être pas!", a-t-il dit. Ce qui compte, a souligné le président américain, c'est avant tout les liens profonds avec le royaume saoudien.


(Lire aussi : Affaire Khashoggi : "possible" rencontre entre Erdogan et MBS)


Intérêts économiques

Et d'énumérer la lutte contre l'Iran --l'ennemi commun--, le combat contre le "terrorisme islamique radical", l'achat d'armes américaines ou encore la stabilité des prix du pétrole, dont Riyad est le premier exportateur mondial.

Ce soutien appuyé de M. Trump à l'Arabie saoudite, qu'il a encore réitéré mercredi, ne fait que renforcer les responsables saoudiens dans leur idée que la relation entre les deux pays est tellement forte qu'elle ne peut souffrir d'être remise en cause.

Mais pour certains experts, les liens entre les deux pays ne sont pas aussi cruciaux que M. Trump veut bien le faire croire, et les Américains ont en fait l'avantage sur le plan économique. Ainsi, Washington aurait les moyens de taper du poing sur la table.

"Les Saoudiens ont besoin des armes et équipements américains plus que nous avons besoin de leur vendre" ce matériel, indique sur le site de CNN Aaron David Miller, un ancien diplomate américain et négociateur dans plusieurs administrations démocrates comme républicaines. "Ce serait très difficile et cher pour les Saoudiens de mettre à exécution leur menaces régulières d'acheter +ailleurs+ s'ils ne peuvent avoir ce qu'ils veulent des Etats-Unis", estime-t-il.

Les liens s'étendent au-delà du secteur militaire. Cherchant à diversifier son économie largement dépendante du pétrole, le Fonds public d'investissement saoudien (PIF) a des parts d'une valeur de plusieurs milliards de dollars dans une foule d'entreprises américaines, du géant du véhicule avec chauffeur Uber à Magic Leap, une start-up spécialiste de la réalité augmentée.

Largement dépourvu d'expertise commerciale en dehors de son secteur pétrochimique, Riyad ont dépensé des millions de dollars auprès d'entreprises de conseil comme le cabinet McKinsey ou le Boston Consulting Group.

Le site américain de fact checking PolitiFact s'inscrit en faux contre les affirmations de M. Trump selon lesquelles l'Arabie saoudite a accepté d'investir 450 milliards de dollars -- dont 110 milliards pour des contrats d'armement -- aux Etats-Unis. Selon lui, ces investissements existent seulement sur le papier.


(Lire aussi : Malgré les critiques, Trump veut rester un « partenaire indéfectible » de Riyad


"Acheter le monde"

Par ailleurs, selon le Center for International Policy, les ventes d'armes américaines à l'Arabie saoudite ont représenté pour moins de 20.000 emplois par an aux Etats-Unis, très loin derrière les centaines de milliers évoqués par le président américain.

M. Trump a ignoré le fait que son pays dispose d'un "levier considérable" sur Ryad, résume ce centre basé à Washington.

En attendant, dans le royaume, les médias officiels se targuent du soutien américain, vantant la puissance de leur pays.

"L'Arabie saoudite d'abord", écrit le journal progouvernement Okaz, en écho à "L'Amérique d'abord", le slogan de Donald Trump. "Il y a le sentiment que nous pouvons acheter n'importe quoi, que nous pouvons acheter le monde", a indiqué à l'AFP un analyste saoudien basé à Riyad, après que le président américain eut réaffirmé mardi la relation "inébranlable" avec Riyad.

En affirmant que le prince héritier était le commanditaire du meurtre, la CIA a voulu elle dire qu'elle ne croit pas que son maintien est "crucial pour la sécurité nationale américaine ou la stabilité du royaume", estime James Dorsey, de la Rajaratnam School of International Studies à Singapour.

A Riyad, le ministre saoudien des affaires étrangères, Adel al-Jubeir, qui avait déjà affirmé que le prince n'avait "rien à voir" dans le meurtre, a mis en garde mercredi ceux qui voudraient persister dans ces allégations. Dans une interview accordée à la télévision britannique BBC, il a indiqué que le prince héritier ou son père, le monarque saoudien, étaient des "lignes rouges".


Lire aussi

Affaire Khashoggi : Riyad dément les conclusions de la CIA sur l'implication de MBS

Affaire Khashoggi : à Riyad, des princes du royaume tournent le dos à MBS

Stéphane Lacroix : L’Arabie saoudite est passée d’un autoritarisme mou à un autoritarisme arabe classique

Christine Ockrent : Je n’imagine pas le roi Salmane dire « ah, je me suis trompé de fils ! »

Un frère du roi, critique de MBS, rentre à Riyad

Le président américain Donald Trump s'est retenu, dans l'affaire du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, d'user de tous les moyens de pression dont il dispose contre Riyad, préférant mettre en avant les bénéfices économiques que son pays tire de la relation avec l'Arabie saoudite.
Selon des médias américains, la CIA n'a plus de doutes sur la responsabilité de Mohammad ben Salmane,...

commentaires (3)

LA VÉRITÉ C'EST QUE CE CRIME NE PROFITE QU'À TRUMP-PÈTE ET SON ENTOURAGE. PAS AUX AMÉRICAINS PRIS EN OTAGE D' IMMORALITÉ D'ÉTAT QUI DONNE DES LEÇONS AU RESTE DU MONDE. LAMERIQUE DE CE CLOWN EST DEVENU LE PLUS PUISSANT AVOCAT DE CE CRIME.

FRIK-A-FRAK

09 h 53, le 23 novembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • LA VÉRITÉ C'EST QUE CE CRIME NE PROFITE QU'À TRUMP-PÈTE ET SON ENTOURAGE. PAS AUX AMÉRICAINS PRIS EN OTAGE D' IMMORALITÉ D'ÉTAT QUI DONNE DES LEÇONS AU RESTE DU MONDE. LAMERIQUE DE CE CLOWN EST DEVENU LE PLUS PUISSANT AVOCAT DE CE CRIME.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 53, le 23 novembre 2018

  • SANS PREUVES TANGIBLES ON NE PEUT PAS CONDAMNER. OR IL N,Y A CONTRE MBS QUE DES SUPPOSITIONS... MEME SI C,EST LUI QUI A DONNE L,ORDRE RIEN NE LE PROUVE... LE RAPPORT DE LA CIA REPOSE SUR DES SUPPOSITIONS AUSSI. IL PEUT L,AVOIR FAIT COMME IL PEUT NE PAS L,AVOIT FAIT. ALORS TRUMP NE PEUT PAS CONDAMNER SANS PREUVES IRREFUTABLES ! IL Y AURA DES BOUCS EMISSAIRES DANS CETTE AFFAIRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 37, le 23 novembre 2018

  • LA LEÇON QUE JE RETIENS, IL FAUT JETTER IMMÉDIATEMENT UN PETIT DÉLINQUANT EN PRISON, LE JUGER ET LE CONDAMNER SÉVÈREMENT SUR SON ACTE. C'EST LA LOI, IL FAUT RESPECTER LA LOI ET L'APPLIQUER À LA LETTRE AU USA. MAIS SI CET INDIVIDU EST RICHE ET ACHÈTE DU PRODUIT USA, LA LOI NE S'APPLIQUE PAS SUR LUI, C'EST UN GRAND "AMI", CETTE LOI DEVIENT CADUC, MÊME SI CE CRIMINEL DÉCOUPE DES INNOCENTS EN MILLE MORCEAUX..... ON A INTÉRÊT À NE PAS ÊTRE PAUVRE AU USA.

    Gebran Eid

    04 h 09, le 23 novembre 2018

Retour en haut