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À La Une - Crise

Les "Gilets jaunes" ne désarment pas, l'exécutif refuse de plier

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé 409 blessés, dont 14 graves, pour la journée de samedi. 

Des "gilets jaunes" à Crespin, près de Valenciennes, à la frontière avec la Belgique, le 18 novembre 2018. AFP / FRANCOIS LO PRESTI

L'exécutif a assuré dimanche avoir entendu la colère des "Gilets jaunes", qui ont été plus de 300.000 à manifester en France durant le week-end pour dénoncer pression fiscale et érosion du pouvoir d'achat, mais il a exclu de dévier d'un cap contesté. Les "Gilets jaunes", mobilisation citoyenne sans chef de file identifié qui a pris de court pouvoirs publics, responsables politiques et syndicaux, ont marqué sur le terrain et les réseaux sociaux leur volonté de poursuivre le mouvement.

Les rassemblements, endeuillés samedi par la mort d'une manifestante en Savoie, ont rassemblé 287.710 personnes en 2.034 lieux ce jour-là, selon le ministère de l'Intérieur, qui n'a pas livré de chiffres sur la suite du mouvement dimanche. Selon BFM TV, qui cite des sources concordantes, la mobilisation a été bien moindre avec 40.000 "Gilets jaunes" recensés.

Le ministère a fait état de quelque 150 points de blocage dimanche et Vinci signalait dans la soirée des difficultés persistantes de circulation sur le réseau autoroutier dans plusieurs départements, du Nord au Var (A10, A11, A9, A8, A7).

Au péage autoroutier de Virsac, sur l'A10 au nord de Bordeaux, des échauffourées ont opposé quelque 2.000 manifestants aux CRS qui ont répliqué par des jets de grenades lacrymogènes à des jets de projectiles. Des manifestants comptent rester toute la nuit sur place, des feux ont été allumés sur la chaussée et la circulation était interrompue.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé 409 blessés, dont 14 graves, pour la journée de samedi. La conductrice à l'origine du décès de la manifestante a été mise en examen dimanche. "On a vu hier, aujourd'hui, des scènes qui relevaient de l'anarchie", a dit Edouard Philippe sur France 2.


(Lire aussi : "Gilets jaunes": la nouvelle fronde populaire anti-Macron ternie par un accident mortel)



La trajectoire carbone maintenue 

"Ça va durer tant que le gouvernement ne répond pas. On attend des réponses à nos revendications", a dit sur LCI Jacline Mouraud, porte-parole officieuse des "Gilets jaunes" qui a contribué à populariser le mouvement en diffusant le 18 octobre sur Facebook une vidéo dénonçant les hausses de taxes.

Sur les réseaux sociaux, des tenants de cette fronde inédite appelaient à "amplifier" l'action, citant le 24 novembre ou les 1er, 8 et 15 décembre comme possibles prochains rendez-vous.

"On a entendu au cours de ces manifestations de la colère, mais on a aussi entendu de la souffrance, l'absence de perspectives, l'idée que les pouvoirs publics depuis longtemps ne répondaient pas aux inquiétudes et au sentiment de déclassement et peut-être même d'abandon que ressentait une partie de la population", a analysé le Premier ministre. Il a assuré comprendre le "ras-le-bol fiscal" et promis une baisse des prélèvements obligatoires au terme du quinquennat.

Pour autant, le gouvernement tiendra le cap fixé, notamment en matière de fiscalité écologique, qui a cristallisé les mécontentements avec la hausse des taxes sur les produits pétroliers. "La trajectoire carbone que nous avons fixée, nous allons la tenir", a réaffirmé Edouard Philippe.

"Un gouvernement qui changerait de pied en permanence, qui zigzaguerait au gré des difficultés, il ferait ce qu'ont fait beaucoup trop de gouvernements par le passé et il ne conduirait pas la France là où elle doit être conduite", a-t-il martelé, écartant au passage l'appel de la CFDT à une conférence sociale.

Plusieurs responsables politiques, de l'extrême droite à l'extrême gauche, en passant par Les Républicains et le Parti socialiste, ont pressé Emmanuel Macron, cible prédominante des manifestants, à prendre la mesure de cette colère populaire.


(Pour mémoire : France : grève et manifestations des fonctionnaires, pour leur statut et les services publics)


"Stop, on n'en peut plus"

Le chef de l'Etat se trouvait à Berlin dimanche pour un discours sur l'Europe devant le Bundestag et ne s'est pour l'heure pas exprimé publiquement sur la fronde du 17 novembre.

La ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, a déclaré sur France 3 qu'il pourrait saisir l'occasion de la réception à l'Elysée, mercredi, du bureau de l'Association des maires de France (AMF) et de plusieurs centaines de maires pour prendre la parole à ce sujet.

"Si la France aujourd'hui a quasiment la moitié de son activité sous forme de fiscalité - nous avons 45% de taux de prélèvements obligatoires - c'est parce que plusieurs gouvernements avant nous, et singulièrement le quinquennat de M. Hollande, a augmenté les impôts", a plaidé sur Radio J le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin.

Pour François Baroin, maire LR de Troyes et président de l'AMF, "les 'Gilets jaunes', c'est la classe moyenne qui est en pleine interrogation sur son avenir, sur son pouvoir d'achat. Il appartient à Emmanuel Macron d'entendre ou pas le message."

"M. Macron a réussi à mettre dans la rue des gens qui ne manifestent jamais, c'est la France qui bosse, qui cotise, qui ne réclame jamais rien (...) et qui vient dire aujourd'hui 'Stop on n'en peut plus'", a dit Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, au "Grand Jury" RTL-LCI-Les Echos.

Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a souhaité que le chef de l'Etat revienne sur les hausses de taxes. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a salué dimanche un mouvement précurseur : "C'est à ce prix-là, avec ces méthodes-là, que nous changerons de fond en comble le pays.",

Le gouvernement dénonce une récupération politique, le ministre des Collectivités Sébastien Lecornu, notamment, jugeant "abject" le "recel de la colère des Français".


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