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Lifestyle - Événement

Michel Zoghzoghi et ses amies les bêtes

Dans « Cattitude & the Unbearable Lightness of Woofing » qu’il signe ce soir, il épouse la cause des chiens, des chats et celle de plusieurs ONG dont Animals Lebanon.

Michel Zoghzoghi et ses amis les chiens. Photo D.R.

Dans une autre vie, il était sans doute chat, un angora turc, un siamois ou, mieux encore, un félin sauvage perdu dans l’immensité d’une planète que l’on sacrifie. Dans celle-ci, c’est un homme d’affaires qui gère des sociétés familiales, à l’étroit dans son costume sans cravate, très impatient. Un homme structuré, pressé de quitter une routine et des contraintes certainement nécessaires pour réaliser ses projets, et repartir partout où les animaux sont en liberté, et lui ivre de cette liberté. « Je suis en même temps un homme d’affaires qui fait de la photo et un photographe animalier qui fait des photos en studio », aime-t-il à se définir, le regard bleu vert, perçant, persan, souligné par une longue barbe et une grande moustache blanches. Sur ses comptes mz_images et beirutstreetcats, Michel Zoghzoghi poste des instantanés, car il s’agit d’instants où la seconde est importante, et qui vont du Kenya aux rues de Beyrouth, des lions et autres tigres et chats de gouttière. « Je partais à Londres assister à un match de polo organisé par une amie, Nayla Lahoud. L’avion a eu du retard. J’ai acheté mon premier appareil, un Canon, et j’ai pris mes premières photos durant le tournoi. Elles étaient nulles, mais c’est ainsi que je suis tombé amoureux de la photo. Au retour, j’ai dévoré le manuel et je me suis mis en tête de faire un livre sur les prédateurs. »

Des années de voyages, d’observations, de centaines de clichés plus tard, il sort Prey. Et, comme toujours, éternel insatisfait de son travail, il se promet : « Je vais faire un livre plus abouti qui va inclure des sujets beaucoup plus difficiles à faire. » Impatient, certes, il est capable de passer 12 heures, après avoir traversé des milliers de kilomètres jusqu’au bout du monde, à attendre un moment, un animal en voie de disparition juste passer et saisir le regard, le geste, le saut. « J’adore la nature, confie-t-il. Mais une semaine dans la nature sans rien faire, sans but, je ne peux pas… C’est une maladie psychologique grave !… » Avec cette même passion, ce photographe sur le tard, tombé dans la photographie il y a 13 ans, s’est très vite intéressé aux races menacées : tigres d’Inde, grands requins blancs des océans austraux. Alors, depuis des années, Michel Zoghzoghi s’embarque pour des destinations folles. Magnifiques voyages dans une autre dimension, l’Amazonie, le Pantanal, le Brésil, l’Inde, l’Afrique, le nord de la Norvège, pour y rencontrer des léopards des neiges en liberté, des ours polaires, des tigres, des éléphants, des girafes et des zèbres. « Pourquoi ne pas t’essayer à des photos en studio? » lui lance un jour une amie, Lama Mattar, elle-même photographe. « Le projet, qui était à la base un calendrier, était destiné aux associations qui s’occupent d’adoption d’animaux, poursuit-il. Puis je me suis rendu compte que j’avais déjà, pour les 12 mois de l’année, 21 photos. » Faisons un livre, pense-t-il alors. Ou deux : Cattitude & the Unbearable Lightness of Woofing étaient nés.


Sept kilos de livres

La difficulté, en studio, est tout autre, car apprivoiser un chien, un chat, parfois même six pour une même photo, relève de la « haute » psychologie, d’une infinie patience et du parcours d’un combattant extrêmement attaché aux animaux. « Je me suis rendu compte que faire le portrait d’un chat en studio est bien plus difficile que de guetter un animal sur une rivière infestée de moustiques à plus de 50 degrés ! » « Avec les chiens, la première heure est facile. Au bout d’une heure, c’est le photographe qui est 'assis'. Avec les chats, on passe une heure à les supplier… Une heure et demie plus tard, ils donnent leur accord ». Dans Cattitude & the Unbearable Lightness of Woofing , le photographe, qui a décidé d’en faire deux livres, le premier sur les chats, l’autre sur les chiens, vendus dans un même coffret, au profit d’ONG, a tenu à montrer ces créatures, de rêve pour lui, comme des êtres uniques qui possèdent, chacun, une personnalité différente. Certains sont des survivants qui ont été abandonnés après avoir souffert aux mains de cruels propriétaires, d’autres viennent d’animaleries ou d’éleveurs sans conscience, vendus comme une vulgaire marchandise ou encore maltraités. Pour arriver à bout de ces deux ouvrages de 280 pages et 3 kilos et demi chacun, où l’humour et la tendresse se partagent les pages, il aura fallu « 3 ans de travail, 200 séances de photos en studio, 10 kilos d’herbes à chat et de friandises pour chat, 20 kilos de friandises pour chien, 30 brosses à poil, 20 boîtes de Voltarene et 3 ans de plaisir absolu ». Le pire souvenir des séances photo ? « Quand c’est fini… », répond Michel Zoghzoghi déjà, presque, en partance. Sans l’aide de tous les volontaires présents au studio ou dans le projet, Myriam Tawk, une éditrice exceptionnelle qui a tout arrangé, les textes, les histoires et les blagues, Nayla Lahoud (Between the Lines), qui a offert gracieusement la mise en page, et sans, enfin, l’aide précieuse de Rita Ragavlas sans qui aucune photo n’aurait pu se faire, ces deux ouvrages n’auraient pas vu le jour. Et Falafel, Julie, Nooki, Shisho, Chupa, Hicaro, Meadow, Sugar & Vanilla et les autres n’auraient pas eu leurs 15 minutes de gloire.

Presque une heure d’entretien, d’histoires, d’anecdotes avec Michel Zoghzoghi, un record pour cet homme pressé. Il sourit, lui-même étonné : « C’est parce que je suis un peu malade… »


* Le lancement officiel de Cattitude & the Unbearable Lightness of Woofing aura lieu le 15 novembre à partir de 18h00 à Station, Jisr el-Wati, Beyrouth, Liban.

Cet événement sera accompagné d’une exposition de 50 photographies et se poursuivra jusqu’au 18 novembre de 12h00 à 21h00. Tous les bénéfices tirés de la vente des livres et des photos seront reversés à des organisations à but non lucratif, principalement Animals Lebanon, afin de financer la mise en œuvre effective de la loi sur la protection des animaux.


Michel Zoghzoghi, parcours photographique

Expositions

Wildlife – Zinc, Beyrouth (décembre 2010)

Prey – The Venue-Beirut Souks, Beyrouth (janvier 2012)

London Olympics – Zinc, Beyrouth (décembre 2012)

Prey – Galerie Matignon, Paris (juin 2013)

A Vanishing World – Smogallery, Beyrouth (décembre 2013)

Prey – Grey Hotel, Beyrouth (décembre 2014)

A Vanishing World – RIRA Gallery, Dubaï (novembre 2015)

It Is Their Planet Too – The Alternative, Beyrouth (mars 2016)

Le Silence – The Alternative, Photomed Liban, Beyrouth (janvier 2017)

Giving Back to Nature – Opera Gallery, Beyrouth (mai 2017)

Photo London – Tanit Gallery, Londres (mai 2018).


Prix

Lauréat 2de place : HIPA 2012 – Emirates Category

Finaliste : Wildlife Photographer of the Year 2013

Félicitations : Sony World Photography Awards 2014

Finaliste : Wildlife Photographer of the Year 2014

Semi-finaliste : Windland Awards 2014

Finaliste : HIPA 2014 – General Category

Finaliste : Wildlife Photographer of the Year 2015

Multiple Honorable Mentions : International Photography Award 2015

Finaliste : Wildlife Photographer of the Year 2016

Finaliste : Wildlife Photographer of the Year 2017

Semi-finaliste : Windland Awards 2018.


Publications

Prey - Octobre 2012

Plusieurs parutions dans des magazines parmi lesquels le National Geographic Traveler


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commentaires (2)

INTERESSANT...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 19, le 15 novembre 2018

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Commentaires (2)

  • INTERESSANT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 19, le 15 novembre 2018

  • Excellent ! Cela fait chaud au cœur. Je salue cette noble initiative qui, hélas, est si peu courante. La mise en œuvre de la loi sur la protection des animaux est indispensable. Il est important que certains humains apprennent à respecter les animaux à découvrir leur sensibilité et comprendre combien leur amour est inconditionnel. La trahison est une chose qu’elles ignorent contrairement à bon nombre de nos semblables. Merci monsieur Zoghzoghi. Olga T.

    Thomas Olga

    07 h 47, le 15 novembre 2018

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