Des jihadistes condamnés à mort à Nasiriyah, en Irak, en juin 2018. Photo AFP / ministère irakien de la Justice
Les forces américaines ont remis aux autorités irakiennes des jihadistes présumés du groupe État islamique (EI) arrêtés en Syrie, dont des Libanais, a déploré mercredi Human Rights Watch (HRW), en mettant en garde contre les risques de torture et de procès inéquitables.
Pour Nadim Houry, directeur du département "Terrorisme et Contreterrorisme" de HRW, "les États-Unis ne devraient pas transférer les suspects de l'EI de Syrie en Irak ou ailleurs s'ils risquent la torture ou un procès inéquitable". "Il est crucial de poursuivre les personnes suspectées de liens avec l'EI pour rendre justice à leurs innombrables victimes, mais ce n'est pas en les exposant à des situations où ils risquent de subir des abus qu'on y parviendra", ajoute-t-il.
Se basant sur les informations rapportées par des "observateurs indépendants assistant à quatre procès antiterroristes à Bagdad", l'ONG déplore le fait que certains inculpés étrangers, notamment des Français, des Australiens et des Libanais, n'aient pas eu "droit à un procès en bonne et due forme" et que deux personnes aient "été torturées en Irak", sans préciser leur nationalité. "Face au refus de nombreux pays de récupérer leurs ressortissants, les États-Unis semblent avoir choisi la voie la plus facile, transférant une partie d'entre eux en Irak pour en terminer", estime encore M. Houry.
(Lire aussi : La France envisage de rapatrier des enfants retenus en Syrie)
Un Libanais condamné à mort
Parmi ces jihadistes, HRW mentionne Tarek Khayat, un Libano-Australien qui a été condamné à mort au début du mois par un tribunal de Bagdad, pour son appartenance à l'EI.
Originaire de Tripoli, M. Khayat était un commandant de l'EI à Raqqa, l'ex-capitale de facto de l'EI en Syrie. Lors de son procès en Irak, il a indiqué s'être rendu du Liban à Raqqa en 2014, afin de travailler dans l'"administration financière" du mouvement jihadiste. D'après les médias australiens, il a été capturé par les Forces démocratiques syriennes (FDS) en mars, à Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, puis transféré en Irak et remis aux forces américaines. Il a été et interrogé par les Américains dans "une base militaire secrète", avant d'être transféré aux autorités irakiennes et jugé. A l'issue de son procès, Tarek Khayat a contesté sa condamnation à mort, affirmant "n'avoir commis aucune action sur le territoire irakien". Par ailleurs, Tarek Khayat est jugé par contumace au Liban, avec plusieurs membres de sa famille, pour avoir fomenté un projet d'attentat à la bombe contre un vol Etihad au départ de Sydney et à destination d'Abou Dhabi, le 15 juillet 2017.
En Syrie, la question des détenus étrangers de l'EI et de leur sort constitue un casse-tête politique et juridique aussi bien pour les parties locales que pour leurs pays d'origine, et un manquement au droit humanitaire international. Dans le nord de la Syrie, des centaines de jihadistes présumés détenus par les forces kurdes n'ont toujours pas été jugés. Leurs gouvernements refusent de les rapatrier tandis que les autorités kurdes ont fait savoir qu'elles n'avaient pas l'intention de les juger localement.
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commentaires (1)
ET QUI SONT CEUX QUI LES TRANSFERAIENT AVEC LEURS ARMES EN PULLMAN CLIMATISES D,UN POINT A L,AUTRE DE SYRIE ET VERS LES FRONTIERES IRAKIENNES... HEZBOLLAH, IRAN, REGIME SYRIEN ET RUSSIE !
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14 h 59, le 31 octobre 2018