Les fans du monde entier, d'Hollywood Boulevard à Erevan, pleuraient mardi la disparition de Charles Aznavour, monument de la chanson française qui, pour beaucoup, mérite un hommage à la hauteur de son talent.
"Aucune décision n'a été prise par la famille à ce stade", ont fait savoir mardi à l'AFP les deux attachées de presse du chanteur, décédé "de mort naturelle" lundi dans le sud de la France à la suite d'une "défaillance cardio-respiratoire", d'après l'autopsie réalisée mardi.
En France, la question d'un hommage national se pose. L'ancien président François Hollande et plusieurs parlementaires ont évoqué un tel scénario -qui dépend du bon vouloir de la famille- après l'hommage "populaire" rendu en décembre dernier à Johnny Hallyday, qui avait réuni des centaines de milliers de personnes à Paris.
Alors que les détails sur ses funérailles ne sont pas encore connus, les hommages spontanés continuent d'affluer, de ses pairs comme d'anonymes, émus par celui qui a su trouver les mots comme personne pour parler du temps qui passe ou de l'homosexualité.
Outre-Atlantique, où on le qualifiait de "Sinatra français", Liza Minelli a salué la mémoire d'un "mentor, ami et amour", tandis que Lenny Kravitz a évoqué un "gentleman". Le Washington Post et le New York Times ont rendu hommage dans leurs pages au "French Balladeer" et au formidable "crooner" qu'était Aznavour .
À Los Angeles, les fans sont venus se recueillir dès lundi sur son étoile et déposer des fleurs tandis qu'à Paris, la tour Eiffel s'est illuminée couleur or, en hommage à cette étoile de la chanson, également acteur dans quelque 80 films.
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La France orpheline
Sa disparition soudaine - tant le chanteur fourmillait de projets (des dizaines de chansons écrites, plusieurs concerts d'ici la fin de l'année) - a sans surprise fait la une de tous les journaux français. Même le quotidien sportif L'Équipe y est allé de son hommage en garnissant ses pages de titres - "Emmenez-nous" ou "Formidable!" - en référence aux chansons d'Aznavour, preuve que ses chansons ont transcendé les époques et les générations.
En Arménie, la terre de ses parents, l'émotion est particulièrement vive. Né Charles Varenagh Aznavourian à Paris en 1924, le chanteur était l'un des représentants les plus symboliques de la diaspora d'Arménie. Il a entretenu des liens étroits avec ce pays tout au long de sa vie, en particulier après le terrible séisme de décembre 1988. Il se rendait souvent à Erevan pour honorer la mémoire des victimes du génocide arménien, et devait y retourner dans quelques jours, avec le président Macron, pour le sommet de la Francophonie.
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Jour de deuil en Arménie
Pour lui rendre hommage, un livre de condoléances devait être mis à disposition au centre Aznavour dans la capitale arménienne, selon son entourage s'exprimant sur les réseaux sociaux. "Vous pouvez déposer des fleurs, des bougies, et laisser un message".
Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, prévoit d'organiser "un jour de deuil national" le jour des funérailles, qui devraient probablement se dérouler en France, peut-être à Monfort-l'Amaury, en région parisienne où Charles Aznavour avait fait construire un caveau. Là où ses parents et son fils Patrick sont enterrés.
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Le chanteur aux plus de 70 ans de carrière s'est éteint lundi à son domicile des Alpilles, dans le sud-est de la France. Inépuisable, il avait repris la scène en septembre avec deux concerts au Japon. Ces derniers mois pourtant, il avait dû annuler des représentations, en avril à Saint-Pétersbourg, victime d'un tour de reins, puis en mai, en raison d'une fracture de l'humérus gauche, après une chute.
Marié à trois reprises, Charles Aznavour, décédé à l'âge de 94 ans, laisse derrière lui son épouse, la très discrète Ulla, d'origine suédoise, avec qui il a vécu plus de cinquante ans, ainsi que cinq enfants.
Dans une de ses dernières interviews à TF1, il affirmait avoir préparé de longue date sa succession. "Je ne veux pas qu'on se batte pour une cuillère ou une fourchette".
Voir notre vidéo publiée en juillet 2015 à l'occasion de la visite de Charles Aznavour à Beyrouth :
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