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Culture - Festival de Faqra/Kfardebian

Pour Aznavour, une étoile hollywoodienne et des concombres libanais

L'interprète de « La Bohème » s'est produit samedi soir pendant plus d'une heure et demie, près des ruines de la forteresse de Faqra, et s'est confié à « L'Orient-Le Jour ».

Charles Aznavour, au festival Faqra-Kfardebiane. Photo Hussein Zraika

Charles Aznavour ne se prend plus très au sérieux. À 93 ans, tout juste arrivé à Beyrouth pour y célébrer un concert, il prend un réel plaisir à rappeler à qui voudrait l'entendre que l'âge a fait bien de ravages. « J'ai perdu beaucoup d'audition, mais je vous vois très bien, dit-il, un sourire malicieux aux lèvres, aux journalistes. Yalla, prenez-moi en photo tant que je suis encore regardable, voyez-vous. » Sur la scène du Festival international de Faqra-Kfardebian, où il a chanté ses amis, ses amours et ses emmerdes, il se confie. « Je n'ai plus beaucoup de mémoire, mais je me suis fait acheter un téléprompteur », dit-il en indiquant un écran placé sur le devant de la scène, avant d'enchaîner avec une sélection de ses titres les plus connus : Hier encore, Comme ils disent, La Bohème, ou Emmenez-moi. La voix n'est plus ce qu'elle était. Mais Charles Aznavour chante avec la même fougue et ce timbre si particulier qui est le sien ; ses chansons, toutes empreintes de nostalgie, semblent aujourd'hui prendre un sens plus profond. Tel un sage voulant partager avec son public les leçons d'une vie, il s'enlace lui-même le temps d'une petite valse en solo sur scène pour chanter Serre-moi, Nul n'est maître de son destin et On ne peut garder sans cesse sa jeunesse. Heureux de se retrouver devant une salle comble, M. Aznavour tacle « la presse française » : « Voilà, je suis là et je chante. Ils n'ont pas toujours raison. J'ai eu la chance d'avoir la voix grincée depuis toujours, et rien n'a changé. »

 

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« Nous sommes des Orientaux »
Dans le lobby de l'hôtel Le Royal de Dbayeh, qui l'a accueilli le temps de son séjour au pays du Cèdre, Charles Aznavour se promène à midi et s'arrête de temps en temps pour regarder la mer, ses grandes lunettes de soleil laissant transparaitre son regard doux et vivace, et ses multiples rides. De ses nombreux voyages au Liban, il garde une foule de souvenirs, notamment sur la folie des Libanais au volant de leurs voitures. « En arrivant à l'hôtel, j'ai bien cru que mon "chauffard" allait monter les marches de l'escalier en voiture, raconte-t-il. Mais votre pays a beaucoup d'humour. Quand je suis ici, je ne sais plus quelle langue parler. Je me souviens être entré dans un petit magasin où j'ai d'abord parlé l'espagnol et l'anglais sans succès, avant qu'on me réponde en arménien. » « Je pourrais aller partout dans le monde et raconter que chaque pays que je visite est mon préféré, explique-t-il encore à L'Orient-Le Jour. Ce n'est pas vrai. Mais je prends beaucoup de plaisir à venir chez vous. Nous sommes des Orientaux. »

 

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« Pas un Arménien chronique »
Alors qu'il avoue écrire encore chaque jour, même s'il « jette 80 % de tout ce qu'il écrit », Charles Aznavour, qui recevra bientôt son étoile sur le Walk of Fame de Hollywood, se dit « inquiet pour la chanson française quand de nombreux jeunes artistes français veulent chanter en anglais ». « Il y a pourtant une jeunesse féminine venus d'ailleurs, du Canada, d'Arménie, etc., qui présente de belles choses. C'est ce qui fait la chanson française », dit l'auteur-compositeur. De son attachement à l'Arménie, Charles Aznavour affirme ne pas être un « Arménien chronique ». « Je suis conscient que j'aurais pu être né d'un père arabe ou juif ou noir. Je ne suis pas sectaire. J'ai fait deux chansons pour l'Arménie, mais je suis français et défends la chanson française. » Et d'ajouter, taquin : « J'écris encore, mais mon prochain thème, je ne vous le dirai pas. Vous me le piqueriez. »

Du Liban, Charles Aznavour connaît « surtout Feyrouz ». « Il s'en est fallu de peu qu'on fasse un duo », dit-il. Mais pas que. « Voyez-vous, j'ai beaucoup de terres en France et je produis beaucoup d'olives, raconte M. Aznavour. Mais je n'aime pas les concombres français, alors j'en prends d'ici. » « Ils sont où mes concombres, au fait ? » dit-il en se retournant vers un responsable de la municipalité de Kfardebian. « Dans votre chambre prêts à rentrer avec vous, dit ce dernier. À l'année prochaine, Monsieur ! »
Et M. Aznavour de répondre : « Pourquoi si tard ? ! »

 

 

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