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Lifestyle - Coolitude

Le Wabi-sabi trouve sa beauté dans l’imperfection

Après le « Bobo chic » et le « Shabby chic », bienvenu au wabi-sabi.

Créations de Lina Shammaa. Photo DR

Véritable art de vivre venu du Japon, ce terme résonne de plus en plus sous toutes les latitudes et il est souvent associé à cette image iconique d’un vase brisé recollé sciemment d’une manière visible avec une poudre d’or. Le wabi-sabi est un concept esthétique ouvert sur le monde et qui vise à trouver la beauté dans l’imperfection même, à l’accepter et à la transcender. Comme le symbolisme de l’apparente réparation de cette fêlure ou de tout objet patiné endommagé, laissé tel quel. Le tout basé sur trois vérités : rien ne dure, rien n’est achevé et rien n’est parfait. Ce mouvement, proche des principes du bouddhisme zen, qui puise son origine dans le Japon du VIe siècle, compte de plus en plus d’adeptes dans le monde. Il est aujourd’hui une sorte de recours, de solution contre les angoisses du « pas assez ». Car vouloir absolument atteindre la perfection dans tous les domaines est à l’origine d’une grande partie du stress et d’un véritable surmenage. Alors qu’il est possible de répondre à l’appel du wabi-sabi en s’ouvrant sur la beauté des choses imparfaites ou inachevées. Beaucoup l’ont fait en allégeant leur quotidien mentalement et physiquement, tout en saisissant le sens de cette approche japonaise des choses. Wabi signifie l’humilité face aux phénomènes naturels et sabi, ce que l’on ressent face au travail du temps ou des hommes.


Modestie et authenticité
Dans cette démarche de tolérance et de résilience esthétiques, on a vu hors du pays du Soleil-Levant les cadres de vie devenir plus épurés et le design respecter les règles suivantes : asymétrie, simplicité, austérité, modestie, économie des moyens, authenticité, appréciation des objets bruts et des atmosphères intimes et vraies. L’authenticité est inhérente au wabi-sabi. Les failles, craquelures et défauts sont appréciés car ils symbolisent le temps qui passe et l’attachement qui leur est dû. Une leçon pour se contenter de ce que l’on a sans constamment vouloir plus. C’est aussi le parfait antidote d’une société de consommation bâtie sur le jetable, l’éphémère et sur la production massive homogénéisée.

Durant plus de 500 ans, le wabi-sabi a influencé le Japon dans la poésie, le théâtre, les cérémonies de thé, les décors intérieurs, les arrangements de fleurs et autres aspects sociaux. Découvert par l’Occident dans les années 60, il a pris plus d’ampleur dans ce deuxième millénaire aux prises avec de constantes pressions. Alors que l’on est toujours tenté d’ajouter des éléments à sa maison, on pourrait aller dans le sens wabi-sabi en ôtant le superflu pour mettre en valeur l’essentiel et en jouir davantage. Une spécialiste en la matière attire ainsi l’attention sur une autre facette de ce style ainsi formulée : « C’est la beauté apparente vs la beauté unique, comme qui dirait Marilyn Monroe vs Katherine Hepburn. »


Au Liban, le wabi-sabi connaît ses adeptes
Chez nous, cet attrait pour l’imparfait a été ressenti, entre autres, par la céramiste Lina Shammaa, qui a toujours spontanément recherché la beauté là où elle n’était pas censée être. Le perfectionnisme n’entre pas dans son dictionnaire artistique, elle lui préfère la flexibilité et la fluidité. Pour elle la perfection n’existe que dans la nature. Quand, il y a quatre ans, elle a commencé à modeler la terre, elle a, certes, longuement travaillé ses pièces mais sans corriger les « accidents » pour estampiller ses œuvres de ce souffle humain qui a parfois de belles failles. Lina se retrouve donc dans ce mode esthético-existentiel qu’est le wabi-sabi car, tout naturellement et plus précisément lorsqu’elle travaille sa poterie et qu’elle fait face à une brisure ou à une imperfection technique, elle se laisse emporter par ce défaut au lieu d’essayer de le corriger.

Sa démarche n’est pas sans rappeler la poétique origine de cette esthétique. L’histoire raconte qu’en 1540, un maître du cérémonial du thé, Sen no Rikyū, avait pour tâche quotidienne de nettoyer la maison et de s’occuper du jardin. Il passait des heures à frotter les murs et à bien entretenir le jardin. Un jour, il regarde son travail achevé mais sent qu’il est trop parfait. Il se dirige alors vers un cerisier et secoue ses branches, faisant tomber ses fleurs à terre, trouvant ainsi, d’une manière simple et spontanée, la plus belle manière de bouleverser un ordre bien établi.


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