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Culture - Musique

Habibi Funk et les sonorités oubliées du monde arabe

Jannis Stürtz, DJ et gigueur berlinois, revient à Beyrouth après un an d’absence pour un nouveau concert aujourd’hui à KED/Karantina.

Jannis Stürtz, DJ et gigueur berlinois. Photo DR

Mélomane et globe-trotter averti, Jannis Stürtz s’est lancé dans la musique, après des études en sciences politiques, en cofondant en 2005 le label de musique « Jakarta Records ». Un label produisant des musiques aux influences étrangères multiples, mélange de hip-hop, rap et musique électronique, qui lui permettra de se frayer un chemin sur la scène musicale du moment.

C’est lors d’un séjour au Maroc, à l’occasion d’un festival, que la révélation a lieu. En fouillant chez des disquaires, il découvre des titres du monde arabe des années 60-70, inconnus du grand public. Conscient du potentiel de ces musiques, il décide de faire son possible pour remettre au goût du jour ces sonorités riches, et pourtant oubliées, de cette région du monde. Le label « Habibi Funk » est né.

Au carrefour de l’Orient

Après la publication de son premier mix, les réseaux sociaux s’affolent. Fort de son succès, il enchaîne les voyages à la recherche de nouveaux trésors délaissés : Maroc, Algérie, Égypte, Tunisie, Liban, Syrie. Sa musique ? Il la définit comme étant à la croisée de deux univers. « Le son que nous recherchons est un type de musique où les musiciens mélangent leurs influences locales avec des sonorités provenant de l’extérieur. Cela peut être de la soul, du funk, du jazz, mais pas uniquement. Sur notre tout dernier mix, on peut entendre de la coladeira ainsi que de la zouk caribéenne. »

Une fois la perle rare dénichée, le chemin semble pourtant encore épineux avant que le titre ne sorte. En effet, Jannis Stürtz doit se lancer sur la trace de ces artistes afin de régler les questions liées aux droits d’auteur. Veillant consciencieusement à ce que tout soit fait dans les règles, 50 % du bénéfice revient systématiquement aux artistes locaux ou à leurs proches. Parfois décédés, certains d’entre eux sont de vrais excentriques. « L’histoire du musicien marocain Fadoul, par exemple, est folle. Il a tout fait : chanteur, peintre, acteur de théâtre. Il a même travaillé en tant que clown dans un cirque aux Pays-Bas et réalisé un jingle pour une marque de jus marocaine. Tout ça en étant musicien à plein temps. »

Cibler tous les publics

Il a conscience que sa démarche exige des précautions. « Nous sommes un label européen qui sort de la musique non européenne : il ne faut pas oublier le passé colonial de la région. Ça passe par de petites choses, par exemple par le langage : j’ai arrêté d’utiliser le mot “découvrir”. Dans l’histoire, toute chose a été “découverte” à proprement parler, une fois seulement celle-ci visualisée ou entendue par un Européen, comme l’Amérique découverte par Christophe Colomb. On fait attention également à notre manière de communiquer : on évite les stéréotypes du genre danseuses orientales et chameaux. » Le label produit une musique qui s’adresse ainsi à tous les publics, et cela lui réussit : 50 % de son audience proviendrait du monde arabe.

En témoigne son gig ce soir à Beyrouth. L’artiste planifie également des dates au Maroc et en Tunisie pour les mois prochains. « C’est toujours bien de faire en sorte que de la bonne musique ne soit pas oubliée. Mais il y a une signification additionnelle lorsqu’un Marocain par exemple vient et me dit “Merci, je ne savais même pas qu’on avait ce genre de musique dans les années 70”. »

KED/Karantina

« BGC on the Roof », starring Habibi Funk

Vendredi 28 septembre à partir de 21h. Avec la familia du Beirut Groove Collective : Ernesto Chahoud, Natalie Shooter et Jackson Allers.

Mélomane et globe-trotter averti, Jannis Stürtz s’est lancé dans la musique, après des études en sciences politiques, en cofondant en 2005 le label de musique « Jakarta Records ». Un label produisant des musiques aux influences étrangères multiples, mélange de hip-hop, rap et musique électronique, qui lui permettra de se frayer un chemin sur la scène musicale du...

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