Le député libanais Yassine Jaber. Photo d'archives
Le député libanais Yassine Jaber, originaire de Nabatiyé et affilié au Mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berry, a violemment critiqué le mandat du président de la République, Michel Aoun, dans un enregistrement vocal qui a été rendu public.
Dans un message vocal destiné à un ami, selon la chaîne LBCI, Yassine Jaber commente un article du quotidien libanais Ad-Diyar daté du 17 septembre, dans lequel le journal, citant le Der Spiegel allemand, évoque "la colère de la chancelière allemande Angela Merkel contre le Liban" en raison, notamment, de l'accueil qui lui a été réservé à l'aéroport de Beyrouth et de l'attitude négative des autorités libanaises concernant les projets d'investissements allemands au Liban.
La LBCI explique que Yassine Jaber a commenté dans un message vocal destiné à son ami les informations du journal libanais, laissant éclater sa colère contre le mandat Aoun et le ministre sortant de l'Energie, César Abi-Khalil, qui est affilié au Courant patriotique libre (CPL) fondé par le président Aoun. L'ami en question, qui n'a pas été identifié, a alors partagé ce message vocal non daté du député, selon la LBCI.
"(...) Malheureusement, ils (le CPL) ont fait rater au Liban une grande opportunité. Durant les deux dernières semaines, des diplomates, l'ONU et d'autres organisations m'ont dit : +comment vous accueillez Mme Merkel de la sorte? Comment vous refusez une offre (de la compagnie allemande) Siemens comme ça? Vous êtes fous au Liban?+. Malheureusement, ce mandat va détruire le Liban d'une manière inacceptable", peut-on entendre dire M. Jaber.
"Lors de la séance (plénière du Parlement) lundi, le président de la République et le ministre de l'Energie feront pression, afin d'assurer quelques heures de courant en plus durant les trois prochains mois de la fin 2018, et pour cela ils réclament 500 millions de dollars supplémentaires, en plus du montant de 1,5 milliard de dollars obtenu dans le budget de 2018. Malheureusement, le pays est mené vers l'abysse", a conclu le député.
La réponse de M. Abi-Khalil n'a pas tardé : "Si seulement +les voix patriotiques+ avaient recours à des faits et aux comptes-rendus au lieu de se baser sur des rumeurs et des dires, car nous ne savons plus ce que vous voulez : voulez-vous que l'on respecte les usages ou plutôt le gré-à-gré, comme vous avez l'habitude de faire... Et Siemens n'a pris part à aucun appel d'offres", a écrit dimanche le ministre sortant sur son compte Twitter.
(Lire aussi : Électricité : le privilège injustifiable de Beyrouth)
Réagissant également à cet enregistrement, le leader druze Walid Joumblatt, qui lui aussi entretient des relations tendues avec le CPL depuis des semaines, a exprimé son soutien à Yassine Jaber. "Si seulement les responsables concernés pouvaient écouter les propos de Yassine Jaber. Sa voix résonnante s'ajoute à celle des personnes qui tiennent à sauvegarder l'intérêt public (...)", a écrit le chef du Parti socialiste progressiste sur son compte Twitter.
"Je ne veux pas que ces conseils soit mal interprétés sur le plan politique. Nous poursuivrons nos efforts pour ramener le calme et le dialogue, avec ou sans électricité, à la lumière de la bougie, avec une lampe à gaz ou à la lumière de la lune", a ajouté M. Joumblatt plus tard dans la journée.
Le 7 septembre, le ministre sortant de l’Éducation, Marwan Hamadé (PSP), avait démis de son poste de directrice du département des examens officiels une haute fonctionnaire proche des aounistes. Ces derniers avaient, en guise de représailles, limogé deux responsables proches du PSP : le président de la réserve naturelle du Chouf, Nizar Hani, et un fonctionnaire d'Électricité du Liban Raja el-Ali, dépendants respectivement des ministères de l'Environnement et de l’Énergie, contrôlés par des ministres aounistes. Lundi, le leader druze et le chef du CPL Gebran Bassil ont appelé les responsables de leurs partis ainsi que leurs partisans au calme sur les réseaux sociaux et dans les médias.
Le CPL et Amal entretiennent des relations houleuses depuis des mois, principalement en raison de divergences politiques entre les deux formations au sujet des principaux dossiers, comme celui de la production du courant électrique.
(Lire aussi : Karadeniz défend son bilan et ses navires-centrales)
La chancelière allemande, lors de sa visite au Liban le 22 juin dernier, avait annoncé que l’Allemagne siégera au comité de suivi du processus CEDRE (la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises, tenue le 6 avril à Paris). Elle avait souligné que l’objectif de sa visite était de renforcer la coopération économique entre les deux pays. La chancelière allemande était accompagnée, entre autres, d’une délégation économique composée notamment des représentants du géant industriel Siemens.
Lors du dernier Conseil des ministres qui s’était tenu avant les législatives du 6 mai, le ministre de l’Énergie avait réussi à faire avaliser, à l’arraché et sous certaines conditions, le projet visant à faire venir une troisième barge, fournie par Karpowership, filiale de l’opérateur turc Karadeniz. Ce troisième navire-centrale devait déployer plus de 200 mégawatts (MW) supplémentaires – soit deux heures de courant en plus – sur le réseau d’Électricité du Liban (EDL) jusqu’au 16 octobre maximum, pour combler une demande de consommation supplémentaire en été, sans frais additionnels, en dehors du carburant. Son arrivée avait été négociée dans le cadre d’un accord plus large portant sur la prolongation pour trois ans supplémentaires de la location des deux navires mis en service en 2013 par le même opérateur : le Fatmagül Sultan à Zouk et l’Orhan Bey à Jiyé, pour un total de 370 MW. Le déploiement de ces barges était à l’origine une solution temporaire pour pallier le déficit de production d’EDL, mais qui a fini par s’inscrire dans la durée.
Le Liban souffre d'une crise chronique qui frappe le secteur de l’Électricité depuis la fin de la guerre civile en 1990. Les Libanais sur tout le territoire sont privés pendant plusieurs heures d'alimentation en courant et se retrouvent forcés de souscrire à des abonnements de générateurs privés.
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commentaires (14)
BOUTADE: Peut être ils sont persuadés que les nouvelles centrales seront bientôt bombarder. Donc ils restent dans le provisoire en attendant une solution finale "paix?-occupation?, colonisation?, annexion?, cantonalisation?".
DAMMOUS Hanna
15 h 30, le 24 septembre 2018