Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Gouvernement : la mouture de Hariri élargit le fossé avec le camp du président

Nouvelle levée de boucliers sunnites autour du Premier ministre désigné.

Le Premier ministre désigné Saad Hariri (2e à g) présidant la réunion de son bloc parlementaire, mardi 4 septembre 2018, à la Maison du Centre. Photo Dalati et Nohra

La nouvelle formule pour la formation du gouvernement, présentée lundi par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, au chef de l’État, Michel Aoun, a élargi mardi le fossé entre les camps du président et celui du Premier ministre, poussant ce dernier à réagir aux commentaires formulés par le président concernant "les critères" utilisés pour la formation du cabinet.

Lundi, M. Hariri avait présenté une nouvelle formule de 30 ministres sur laquelle peu de détails ont été fournis. Un communiqué laconique du palais présidentiel publié un peu plus tard a précisé que le Premier ministre désigné a remis à Michel Aoun "une formule de principe", sur laquelle ce dernier a "formulé quelques remarques en se basant sur les critères qu’il avait fixés dans l’intérêt du Liban", lors d'un discours prononcé à l'occasion de la fête de l'armée, le 1er août 2018.

"Mes prérogatives sont claires dans la Constitution", a lancé M. Hariri lors d'une discussion avec des journalistes, en réaction aux "remarques" du chef de l’État. Il a dans ce contexte affirmé ne pas "avoir mobilisé (lui-même) les anciens Premiers ministres" (Tammam Salam, Nagib Mikati etFouad Siniora)  qui avaient publié, plus tôt dans la soirée, un communiqué soulignant que le président de la République n'a pas à établir de critères pour la formation du cabinet. Le président Aoun fait appel à "un concept qui n'existe pas dans les textes constitutionnels", ont-ils indiqué. "L'article 53 de la Constitution stipule que le chef de l’État nomme le Premier ministre désigné sur base de concertations parlementaires contraignantes, et qu'il publie, avec ce Premier ministre, le décret de formation du gouvernement. Mais la Constitution ne mentionne aucun critère", ont souligné les trois anciens présidents du Conseil dans un communiqué commun. 

Les députés du bloc du Futur ont également évoqué cette question lors de leur réunion à la Maison du Centre, affirmant que "les critères utilisés par Saad Hariri pour former le cabinet sont définis dans la Constitution et tout avis qui s'oppose à cela n'est qu'un point de vue". "La formule sur laquelle travaille M. Hariri prend en compte la représentation de toutes les forces politiques essentielles présentes au Parlement et aide à tourner une nouvelle page", ont affirmé les députés du Futur.


(Lire aussi : Nouvelle mouture de Hariri : un faux rebondissement ?)


De leur côté, les députés aounistes ont considéré que cette nouvelle mouture vise uniquement pour le Premier ministre à "donner le change". "Nous refusons tout monopole dans la représentation des communautés", a affirmé le député Ibrahim Kanaan à l'issue de la réunion hebdomadaire du bloc du Liban fort (composé en majorité de députés du CPL). Il a souligné que cette mouture ne respecte pas, selon lui, les résultats des élections législatives. "Nous ne voulons pas rester sans gouvernement mais, en même temps, nous ne sommes pas prêts à être des faux témoins sur le plan constitutionnel et démocratique", a prévenu M. Kanaan.

Dans la soirée, des sources proches de la présidence de la République ont tenu à clarifier les remarques faites la veille par le chef de l’État. Ces sources ont souligné que les commentaires du président Aoun se concentrent sur plusieurs points essentiels : la justice, l'équilibre des forces, la non-mise à l'écart de certaines formations, l'importance d'éviter de monter certaines parties contre les autres et le respect des résultats des élections législatives. Les sources ont, dans ce contexte, estimé que la répartition des portefeuilles dits "de service" n'était pas équilibrée, le CPL se voyant attribuer un de ces ministères, le courant du Futur un autre et les Forces libanaises deux. La présidence a également appelé à prendre en considération la répartition des députés de chaque formation sur le territoire libanais afin d'équilibrer l'attribution de portefeuilles à chaque partie, comparant notamment le CPL, dont les députés ont été élus dans les quinze circonscriptions électorales, contrairement aux Forces libanaises qui ne sont représentées que dans douze circonscriptions.

Concernant les ministères d’État, considérés comme mineurs, les sources ont également fait état d'une injustice dans la répartition des portefeuilles. "Toutes les composantes, y compris la présidence, ont des portefeuilles d'État, sauf les FL", ont-elles reproché. Ces sources ont critiqué la nouvelle mouture de gouvernement qui réserve les représentations druze et sunnite à une seule formation (dans chacune des deux communautés) et occulte totalement les autres, à savoir le parti de Talal Arslane et les sunnites non-rattachés au Courant du Futur. 


(Lire aussi : Kassem rappelle le CPL à l’ordre : La présidence n’est pas liée à la formation du cabinet)


Depuis sa désignation le 24 mai, le chef du gouvernement désigné a présenté plusieurs formules qui ont toutes été rejetées par les différentes forces politiques.
Le processus de formation du gouvernement bute sur plusieurs obstacles, notamment le différend opposant le CPL aux Forces libanaises autour de leurs quotes-parts gouvernementales respectives. A l'issue des législatives du 6 mai dernier, les FL ont doublé le nombre de leurs députés. Le différend porte également sur la part des portefeuilles réservés au chef de l’État, Michel Aoun, fondateur du CPL. À cela s’ajoute la querelle entre le chef druze Walid Joumblatt et son principal rival Talal Arslane, le CPL insistant à intégrer ce dernier à la future équipe ministérielle, contrairement à la volonté du premier qui veut nommer cette fois-ci tous les ministres appartenant à sa communauté au sein du cabinet Hariri.

La représentation druze a d'ailleurs été évoquée par M. Hariri et le chef du bloc parlementaire de la Rencontre démocratique, Taymour Joumblatt, lors d'une réunion à la Maison du Centre. A l'issue de leur entretien, auquel ont également participé l'ancien ministre Waël Bou Faour et le ministre sortant de la Culture, Ghattas Khoury, M. Joumblatt a affirmé que sa formation politique "campe sur ses revendications concernant la part des druzes au sein du gouvernement".

Certains observateurs et responsables politiques attribuent aussi les causes du blocage gouvernemental à la situation régionale.



Lire aussi
Berry définit les priorités : le nœud chrétien d’abord

Gouvernement : une fois de plus, la solidarité intersunnite avec Hariri à l’œuvre


La nouvelle formule pour la formation du gouvernement, présentée lundi par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, au chef de l’État, Michel Aoun, a élargi mardi le fossé entre les camps du président et celui du Premier ministre, poussant ce dernier à réagir aux commentaires formulés par le président concernant "les critères" utilisés pour la formation du cabinet. Lundi, M....

commentaires (4)

LA BAVURE POUR LA MOUTURE EST EXCLUSIVEMENT GENDRISSIMO-BEAUPERIENNE !!!

MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

10 h 52, le 05 septembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • LA BAVURE POUR LA MOUTURE EST EXCLUSIVEMENT GENDRISSIMO-BEAUPERIENNE !!!

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    10 h 52, le 05 septembre 2018

  • Certains ne veulent pas admettre que Michel Aoun n'a plus les mêmes prérogatives que Béchara el-Khoury en 1943 et Camille Chamoun en 1952. Tout simplement.

    Un Libanais

    22 h 37, le 04 septembre 2018

  • Après les manucures on va passer chez le coiffeur puis chez le tailleur ....

    L’azuréen

    22 h 32, le 04 septembre 2018

  • Bof!;

    Wlek Sanferlou

    22 h 05, le 04 septembre 2018

Retour en haut