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Liban - Exécutif

Une nouvelle formule de cabinet « dans les deux prochains jours » ?

Face aux atermoiements, Nabih Berry ne mâche plus ses mots : « Le Parlement s’oriente vers la législation de nécessité. »


Michel Aoun et Mgr Raï à Baabda hier. Photos ANI

Ce sont des propos d’une importance certaine que le patriarche maronite Mgr Béchara Raï a tenus hier au palais présidentiel de Baabda. « Le président de la République nous a fait savoir que le Premier ministre désigné lui présentera une mouture (du prochain gouvernement) dans les deux prochains jours », a déclaré le chef de l’Église maronite à l’issue d’un entretien avec Michel Aoun, soulignant que ce dernier « était clair quant au fait que c’est le Premier ministre désigné qui forme le cabinet et présente une formule. Et le chef de l’État l’accepte et la signe ». « J’ai senti que le président est optimiste. D’autant qu’il a indiqué que le Premier ministre désigné visitera le palais présidentiel portant une formule de gouvernement », a encore dit Mgr Raï, qui a fait savoir qu’il a informé Michel Aoun de son déplacement à Rome dans le cadre d’un colloque portant sur les libertés religieuses en Occident.

Sur un autre plan, le patriarche maronite a évoqué la question des réfugiés, en insistant sur le droit des Syriens et des Irakiens à rentrer chez eux. « Nous devons les aider à assurer ce retour. Les solutions politiques pourraient être débattues ultérieurement », a-t-il dit.

Il est vrai que ces propos très optimistes de Mgr Raï, citant le président de la République, sont à même de pousser certains à croire que la future équipe Hariri pourrait voir le jour prochainement. Mais dans certains milieux politiques, on se veut plus pragmatique. On estime qu’il s’agirait peut-être d’une façon de dynamiser les tractations gouvernementales. On n’écarte pas toutefois le fait que face au climat positif distillé par M. Aoun, Mgr Raï aurait saisi la balle au bond et fait son annonce.

Mais dans les milieux de Saad Hariri, on souligne à L’Orient-Le Jour que pour le moment rien ne pousse à confirmer ce constat. De sources proches du Premier ministre, on fait savoir que les tractations avec les différentes parties durant les deux prochains jours pourraient révéler le degré de sérieux de ces derniers pour ce qui est de faciliter la tâche à M. Hariri.


(Lire aussi : L’envers du jeul'éditorial de Issa Goraieb)


Le compromis menacé ?

Il n’en reste pas moins que c’est surtout le timing de ces propos qui est important. D’autant qu’ils interviennent au lendemain d’une discussion à bâtons rompus avec les journalistes, dans le cadre de laquelle M. Hariri avait assuré mardi que c’est lui qui forme l’équipe ministérielle en collaboration avec le chef de l’État, « point à la ligne ». Le chef du gouvernement désigné avait par ailleurs souligné que « seule la Constitution lui fixe des délais », pour former son équipe, et qu’il n’est pas concerné « par les avis formulés par tel ou tel ministre ». Une façon pour lui de répondre implicitement à la récente étude publiée samedi dernier par le ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, connu pour ses bons rapports avec Michel Aoun, dans laquelle il avait détaillé les choix que pourrait opter le président de la République pour mettre fin aux atermoiements entachant le processus gouvernemental. Des possibilités que le juriste Hassane Rifaï, contacté par L’OLJ, écarte estimant que « l’étude de M. Jreissati est une tentative d’intimider le chef du gouvernement » et « rien de moins qu’un coup d’État contre la Constitution ».

Ce tableau est, à n’en point douter, à même de susciter de sérieuses interrogations autour du sort du compromis conclu en 2016, entre Michel Aoun et Saad Hariri, qui a donné le coup d’envoi au régime actuel. D’autant que le groupe parlementaire du Futur réuni mardi a mis en garde contre « un discours qui va à l’encontre du compromis de 2016 qui a redynamisé les institutions », comme on peut lire dans le communiqué publié à l’issue de la réunion. Une allusion à peine voilée au Courant patriotique libre et à son chef Gebran Bassil, qui insistent à intégrer le chef du Parti démocrate libanais Talal Arslane à l’équipe Hariri, contrairement à la volonté du leader du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt (appuyé par M. Hariri), qui estime que les résultats des dernières législatives lui confèrent le droit de nommer tous les ministres druzes au sein du cabinet. C’est d’ailleurs dans ce cadre que s’inscrit un échange à fleurets mouchetés entre Ziad Assouad, député CPL de Jezzine, et son collègue Mohammad Hajjar (Futur, Iqlim el-Kharroub) autour des délais accordés au Premier ministre pour la mise sur pied de son équipe.

Commentant cet état des lieux, Fouad Siniora, ancien Premier ministre connu pour son opposition de longue date au parti fondé par le chef de l’État, déclare sans détour à L’OLJ que « Michel Aoun ne joue pas son rôle de président, mais de chef de parti », assurant que « Saad Hariri ne fera plus de concessions ».

Les aounistes, quant à eux, continuent d’affirmer leur attachement à l’entente de 2016, loin de toute tentative d’intimider Saad Hariri. Citées par l’agence locale al-Markaziya, des sources proches du CPL ont assuré que le parti n’entrave pas la formation du gouvernement, incitant M. Hariri à présenter une mouture à Michel Aoun. La formation tient à ce que le Premier ministre mène à bien sa mission, mais il nous importe qu’il adopte un même critère unifié, ajoute-t-on de même source.


(Lire aussi : Berry définit les priorités : le nœud chrétien d’abord)


Berry revient à la charge

C’est également dans le cadre des pressions exercées sur Saad Hariri que l’on pourrait inscrire les propos tenus hier par le président de la Chambre, Nabih Berry. S’il n’a jamais caché son mécontentement à l’égard du surplace des tractations gouvernementales, et après avoir souligné qu’il convoquera le Parlement à une séance plénière pour examiner certains textes à la lumière du travail des commissions conjointes, cette fois Nabih Berry n’a pas mâché ses mots. « Le Parlement s’oriente vers la législation de nécessité si la formation du gouvernement tarde encore », a-t-il lancé lors des audiences du mercredi tenues à Aïn el-Tiné, en présence de députés de l’écrasante majorité des blocs parlementaires. Réitérant la nécessité de former le cabinet dans les plus brefs délais, M. Berry a souligné que « les solutions commencent par un gouvernement d’entente nationale », qui répondrait à toutes les questions et ferait face à toutes les échéances. Il a également noté qu’il convoquera à une séance législative quand les commissions conjointes finiront l’étude de plusieurs projets, notamment ceux liés à la situation financière.


(Lire aussi : Pour le Futur et les FL, aucun lien entre le TSL et la formation du gouvernement)


Le groupe parlementaire du mouvement Amal (dont une délégation s’est rendue hier à Bkerké pour remettre au patriarche Raï une invitation au Rassemblement prévu demain pour la commémoration de la disparition de l’imam Moussa Sadr) a emboîté le pas au chef du législatif, dénonçant l’impasse actuelle. En dépit de cela, Anouar el-Khalil, député Amal de Hasbaya, assure à L’OLJ que « le président de la Chambre ne harcèle pas le Premier ministre ». « Il ne fait que préserver le droit du Parlement à légiférer quelles que soient les circonstances », dit-il. Mais Hassane Rifaï rappelle dans ce cadre que le Parlement ne peut voter des lois sous un gouvernement d’expédition des affaires courantes.

Saad Hariri, quant à lui, a entamé une nouvelle phase de contacts en vue de former son équipe. Il a ainsi reçu hier soir à la Maison du Centre le chef des FL, Samir Geagea. Étaient présents les ministres sortants de la Culture Ghattas Khoury (Futur) et de l’Information Melhem Riachi (FL). Selon des sources FL citées par la chaîne LBCI, la rencontre était » excellente », notamment en ce qui concerne la représentation des FL conformément à leur poids, déterminé par l’issue du scrutin législatif de mai dernier.


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commentaires (5)

Faire des nouvelles élections

Eleni Caridopoulou

18 h 03, le 30 août 2018

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Commentaires (5)

  • Faire des nouvelles élections

    Eleni Caridopoulou

    18 h 03, le 30 août 2018

  • Mathématiques appliquées, chapitre 1: "formule du gouvernement". Variables : a (économie en santé, sécurité, santé,environnement sain, respect par les pays du monde, fin du bull...t), b (nombre de ministres technocrates spécialisés et patriotes), c (nombre de ministres politico-inutiles), d (heures de travail effectif loin des aanatirs et tofshit): a optimum= (b-c) x d Mais en math... J'ai peur qu'on est mal servit dans notre pays et nos formules sont faussées par des lunettes de soleil alors qu'on a besoin de lunettes de myopie...

    Wlek Sanferlou

    15 h 54, le 30 août 2018

  • Encore quelques "propos bonbons" pour faire patienter le peuple ? Eux ont tout le temps et...leurs salaires payés, n'est-ce pas, et tant pis pour ce malheureux peuple, victime de leur inconscience criminelle ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 46, le 30 août 2018

  • DES FORMULES A PROFUSION... LA VOLONTE DE CERTAIN BIEN CONNU Y MANQUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 07, le 30 août 2018

  • Chaque partie doit apporter sa contribution. Le Liban mérite toute notre attention et amour. Le Liban c'est nous, notre famille, nos enfants et proches...

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 04, le 30 août 2018

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