Parvenir à rétablir la paix au Yémen, dont les belligérants doivent se retrouver en septembre à Genève, n'intéresse en fait aucune puissance internationale, regrette le chercheur yéménite Farea Al-Muslimi, président du Centre d'études stratégiques de Sanaa, de passage à Paris. Les Nations unies ont invité le gouvernement yéménite, appuyé par une coalition militaire sous commandement saoudien, et les rebelles houthis, soutenus par l'Iran, à des pourparlers de paix le 6 septembre en Suisse.
Quelles sont les chances de succès du nouveau processus qui s'ouvre le 6 septembre à Genève, après l'échec des pourparlers de 2016 ?
Ces consultations n'iront pas bien loin mais elles sont importantes parce qu'il n'y en a pas eu depuis deux ans et qu'elles se dérouleront sous l'égide d'un nouvel envoyé spécial de l'ONU, Martin Griffiths. Ce dernier hérite d'une situation bien pire qu'en 2015 (début de la guerre) et il ne semble pas qu'il ait un soutien international suffisant pour régler le conflit au Yémen. Il y a certes une guerre au Yémen mais elle dépasse le Yémen. Elle est devenue une guerre régionale et internationale. Il n'y a pas aujourd'hui de médiateur dans cette crise. Les Nations unies sont respectées mais n'ont guère d'influence à elles seules. Aucune puissance n'investit aujourd'hui dans la paix au Yémen. C'est là que la France peut jouer un rôle.
(Lire aussi : Nouvelle attaque contre des civils au Yémen : houthis et coalition s'accusent)
Comment la France, les Européens, les Occidentaux peuvent-ils faire pression sur les belligérants ?
La diplomatie française a été plus active pour aider le Premier ministre libanais Saad Hariri (qui était retenu à Riyad, ndlr) à rentrer à la maison que pour stopper la pire crise humanitaire de l'histoire moderne !
Mais la France - tout comme l'Union européenne - peut faire quelque chose dans ce conflit. Elle apparaît neutre, même si elle ne l'est pas, est politiquement à mi-chemin entre Téhéran et Washington et possède un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui pèse beaucoup. Pourquoi les Européens devraient-ils agir ? Parce que le détroit de Bab el-Mandeb, voie de passage des pétroliers, menace d'être fermé à cause de la guerre au Yémen.
Pour l'heure, ce conflit ne suscite pas beaucoup d'intérêt parce qu'il ne génère pas de flots de réfugiés vers l'Europe. Pas encore. Mais vous pourriez finir par payer aussi le prix de cette guerre. Si la Grande-Bretagne et les Etats-Unis (principaux pourvoyeurs d'armes à l'Arabie saoudite, avec dans une moindre mesure la France) stoppent leurs livraisons, ils paralyseront les frappes saoudiennes et les bavures qui vont avec (contre un bus d'enfants dernièrement, ndlr). Quand à l'Union européenne, elle peut réduire son soutien politique à l'Arabie saoudite en raison des crimes de guerre perpétrés.
Quels parallèles tirez-vous entre les conflits au Yémen et en Syrie ?
Le Yémen n'est pas un pays 'sectaire' (divisé entre sunnites et chiites). Il n'est pas à la frontière de l'Etat d'Israël et la violence y est plus 'centralisée'. Autant de facteurs qui peuvent faciliter un règlement du conflit, là où la Syrie est très divisée géopolitiquement, localement.
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12 h 00, le 25 août 2018