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Moyen Orient et Monde - Iran

Pompeo et Trump matraquent leur stratégie anti-iranienne

Avec la prochaine entrée en vigueur des sanctions américaines, la République islamique doit plus que jamais compter sur ses partenaires si elle veut survivre.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo et le président Donald Trump lors d'une réunion du cabinet à la Maison-Blanche à Washington, aux États-Unis, le 18 juillet 2018. Leah Millis/Reuters

C’est au jeu du « bon et du méchant flic » que semblent s’être livré dimanche le président américain Donald Trump et son secrétaire d’État Mike Pompeo vis-à-vis de l’Iran, peu avant l’entrée en vigueur des sanctions qui visent à faire plier la République islamique.
Dans un discours prononcé à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan de Simi Valley, en Californie, devant la diaspora iranienne, le chef de la diplomatie américaine a insisté sur la nécessité de faire en sorte que le régime iranien change « de manière significative son comportement, à la fois à l’intérieur de l’Iran et sur la scène mondiale », et a exposé les mesures que Washington compte mettre en œuvre pour y aboutir. Quelques heures plus tard, Donald Trump s’est montré beaucoup plus direct en mettant en garde son homologue iranien Hassan Rohani, sur Twitter, contre le fait de ne pas menacer les États-Unis sous peine d’en subir des conséquences « telles que peu de personnes en ont subi dans l’histoire ». Ces propos font suite à ceux de M. Rohani qui affirmait qu’une guerre avec l’Iran serait « la mère de toutes les guerres ». Autant d’invectives et de provocations qui rappellent celles que se sont échangées le président américain et le leader nord-coréen Kim Jong-un, il y a quelques mois, avant de finalement se retrouver pour une rencontre historique à Singapour.

M. Pompeo était déjà intervenu le 21 mai, quelques jours après le retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA, Joint Comprehensive Plan of Action), le 8 mai, pour avertir la République islamique qu’elle allait devoir subir les sanctions les plus fortes de l’histoire et qu’elle n’aurait jamais plus « carte blanche » pour dominer le Moyen-Orient. Le chef de la diplomatie américaine avait également exposé les douze conditions draconiennes qui aboutiraient à un nouvel accord avec l’Iran. Avec le discours d’hier, les États-Unis ont répété leur engagement ferme dans la lutte contre un régime qui, toujours selon M. Pompeo, « ressemble plus à une mafia qu’à un gouvernement ». Une position saluée hier par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Je veux rendre hommage à la position ferme exprimée par le président Trump et le secrétaire d’État Mike Pompeo contre l’agressivité du régime en Iran », a-t-il affirmé lors d’une réunion du cabinet, a indiqué un communiqué de son bureau.


(Lire aussi : Rohani : Un conflit avec nous serait « la mère des guerres »)


Outre les sanctions américaines réimposées à la République islamique, dont les premiers effets entreront en vigueur dès le 4 août prochain, d’autres mesures viennent s’ajouter afin d’étouffer économiquement le régime des ayatollahs. Cela passe notamment par une cessation, de la part de tous les pays, de l’importation de pétrole iranien « au plus près de zéro » d’ici au 4 novembre, faute de quoi ces mêmes pays s’exposeront aux sanctions américaines.
Au-delà de l’aspect économique, Mike Pompeo a particulièrement insisté sur le renforcement de la propagande américaine en Iran, notamment à travers la création d’une chaîne multimédia (télévision, radio, numérique et réseaux sociaux) en farsi et disponible 24h/24, et la mise en place de mesures pour contourner la censure sur internet, très pratiquée en Iran. Le chef de la diplomatie américaine a également fait savoir aux Iraniens qui manifestaient ces derniers mois, notamment pour critiquer la mauvaise situation économique de leur pays, qu’ils avaient le plein soutien de l’administration américaine. Mais toutes ces mesures entreprises par Washington peuvent-elles amener le régime iranien à courber l’échine face à l’aigle américain ?

0 % d’exportations
La République islamique va évidemment être très affectée par l’application des sanctions, mais ce qui caractérisera leur ampleur sera la réaction de la population et du régime lorsqu’elles prendront effet. « S’il y a vraiment des mouvements de révolte, le régime va certainement essayer de les mater. On est actuellement dans un rapport de force dans lequel le régime a de très fortes chances de gagner. Il y a une grande inégalité entre les mesures de répression du régime et les capacités de soulèvement et d’organisation de la population », dit à L’Orient-Le Jour François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran. « Pour le moment, il y a unité au sein du régime iranien. Les dirigeants se serrent plus que jamais les coudes. Les chances de déstabilisation sont donc relativement faibles », ajoute-t-il.

Mais l’une des raisons qui expliqueraient que la République islamique tienne le coup après l’arrivée des sanctions, c’est qu’elle dispose encore de partenaires qui font leur possible pour préparer un contournement des sanctions, comme les Européens, les autres parties prenantes de l’accord sur le nucléaire iranien : la Chine et la Russie, mais aussi les grands pays consommateurs de pétrole et partenaires commerciaux de l’Iran. « Étant donné que l’Union européenne et d’autres grandes puissances internationales comme la Chine, la Russie et l’Inde ne sont pas du côté de
Washington pour intensifier la pression sur l’Iran, il est peu probable que le gouvernement iranien cède aux pressions », dit à L’OLJ Ahmad Majidyar, chercheur au Middle East Institute, spécialiste de l’Iran. Les ministres des Affaires étrangères des pays signataires du JCPOA se sont par ailleurs retrouvés à Vienne le 6 juillet et se sont entendus sur plusieurs points qui permettraient à l’Iran de survivre économiquement, même avec l’application des sanctions américaines. Parmi eux, figure la vente et l’exportation du pétrole iranien. Et ce détail pourrait bien être le talon d’Achille de cette stratégie d’affaiblissement économique du régime. « Si les Américains tiennent bon et arrivent à obtenir les 0 % d’exportation de pétrole iranien prévus, les Iraniens seront en très grave difficulté, mais à mon avis, les États-Unis n’arriveront pas à persuader tous les pays consommateurs de cesser leurs importations de pétrole iranien. Les Chinois, les Indiens ou encore les Sud-Coréens résisteront », explique François Nicoullaud. Mais « Donald Trump est toutefois un peu inquiet de la situation car si tout va trop vite, la diminution des exportations iraniennes entraînera une baisse du pétrole sur le marché, donc le prix va augmenter, et cela pourrait avoir un impact sur les électeurs de Trump. Donc il y a une seule petite hésitation de la part de l’administration américaine sur la marche à suivre pour le succès de son opération dans son ensemble », conclut-il.


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LEUR BUT : COMBATTRE ET REDUIRE A ZERO L,HEGEMONIE GRANDISSANTE DE L,IRAN SUR LA REGION DU M.O. !

MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

08 h 47, le 24 juillet 2018

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Commentaires (1)

  • LEUR BUT : COMBATTRE ET REDUIRE A ZERO L,HEGEMONIE GRANDISSANTE DE L,IRAN SUR LA REGION DU M.O. !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    08 h 47, le 24 juillet 2018

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