Lettre ouverte à Hassan Nasrallah - Pourquoi le Hezbollah empêche-t-il le Liban d’avoir un rôle central à l’UPM ?

Pour la première fois, le Liban présente une candidature au poste de secrétaire général adjoint de l’Union pour la Méditerranée, organisation dont le Liban fait partie depuis sa mise en place il y a dix ans, en 2008.
Le Liban a ratifié au Parlement libanais sa participation à cette institution qui regroupe 43 pays, 28 européens et 15 pays méditerranéens. Cette plateforme unique en son genre œuvre au développement durable des pays situés sur le pourtour méditerranéen, prenant en compte les conflits existants, et tente d’assurer une politique commune d’essor tant au niveau économique et éducatif qu’environnemental. Ce dernier volet étant aujourd’hui un enjeu majeur pour la survie de notre planète pour les générations futures et la pérennité de l’espèce humaine.
Le Premier ministre du Liban ainsi que le ministre des Affaires étrangères ont considéré qu’il était temps que le Liban prenne une position décisionnaire au sein de ce rassemblement auquel le Liban participe depuis des années. Une première demande semi-officielle a été envoyée, qui a été positivement accueillie par la coprésidence de l’Union pour la Méditerranée : Union européenne et Jordanie, ainsi que par le nouveau secrétaire général égyptien, Nasser Kamel, qui vient d’être élu.
Après avoir fait un lobbying auprès des pays décisionnaires, le Liban semblait pouvoir accéder à un poste de cette envergure. Le poste convoité concerne le transport et le développement urbain. Comme vous le savez, le Liban est en plein chantier à ce niveau-là. Toute participation à des institutions internationales pouvant nous aider à concrétiser nos projets de développement, tant au niveau des réseaux que du traitement des eaux, des déchets, des réseaux routiers, de développement des ports et des transports, ne peut qu’être bénéfique.
Le 28 mai 2018, des responsables de votre parti politique ont exercé des pressions auprès du ministre des Affaires étrangères pour bloquer ma candidature et ont réussi à amener le ministre à suspendre la demande.
Les raisons de ces pressions restent floues. La participation d’Israël à l’Union pour la Méditerranée est une des raisons invoquées, mise en avant par le quotidien al-Akhbar qui promeut habituellement vos positions politiques.
Le poste de secrétaire général adjoint ne nous aurait obligés à aucun moment d’aller en Israël ou d’être en contact avec des Israéliens. Cela nous aurait permis surtout d’être présents de manière efficace et décisionnaire sur des actions qui concernent les pays sur le pourtour méditerranéen, et donc le Liban.
Les différentes personnes qui sont intervenues des différents bords politiques, comprenant le vôtre, n’ont pas reçu de réponses claires. Une sorte d’omerta plane autour de ce blocage. Les journalistes qui ont essayé d’avoir des explications ont reçu une fin de non-recevoir.
C’est pour cela que j’ai décidé de vous écrire cette lettre ouverte pour comprendre pourquoi des responsables de votre parti ont exercé des pressions pour bloquer l’arrivée de leur pays à une position qui pourrait aider le Liban à mieux se développer?
Cela fait des années que je suis active dans le sud du Liban pour un développement durable de la région et plus spécifiquement à Naqoura. Je sais, de par mon travail de terrain, combien cette région a souffert de l’occupation israélienne.
Pourquoi les membres de votre parti qui se battent contre Israël acceptent-ils de laisser Israël seul sur la scène internationale lorsqu’il s’agit de projets de développement ? Lorsque l’on se bat contre un ennemi, ne doit-on pas le faire à tous les niveaux ? Militairement, politiquement, socialement, économiquement et diplomatiquement ?
Le 17 juillet, les 43 pays se sont réunis à Barcelone pour pourvoir à trois postes pour la position de secrétaire général adjoint. Le Liban n’ayant pas présenté de candidature à cause de la pression exercée par des responsables du Hezbollah, il a raté cette opportunité.
Avec mes sentiments respectueux,

Dr Rima TARABAY
Spécialiste en développement durable et environnement