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À La Une - Liban

L'une des deux Kényanes agressées au Liban expulsée

L'ONG Legal Agenda et le Mouvement antiracisme libanais dénoncent cette décision de la Sûreté générale.

Capture d’écran de la vidéo partagée sur la page facebook de « Weyniyyé el-dawlé » (Où est l’État) montrant un homme corpulent agressant deux femmes à Bourj Hammoud.

La Sûreté générale a expulsé dimanche une des deux femmes de nationalité kényane qui avaient été agressées à la mi-juin dans un quartier au nord de Beyrouth, malgré la procédure judiciaire engagée concernant l’attaque dont elle a été victime, ont indiqué lundi l'ONG Legal Agenda et le Mouvement antiracisme libanais (MAR) qui avait dévoilé cette affaire.

"Chamila, l'une des deux travailleuses kényanes violemment agressées à Bourj Hammoud le 17 juin, a été expulsée dimanche 15 juillet à 18h30", indique un communiqué publié par le MAR. "La Sûreté générale et le garant de Chamila ont procédé à son expulsion, malgré le fait que l'ordre d'expulsion ait été révoqué après la pression des médias et bien que son procès soit en cours devant le Tribunal militaire", ajoute le texte.

Le Mouvement antiracisme libanais dénonce le fait que l'employée ait été "criminalisée en raison de sa situation irrégulière alors qu'elle a été la cible d'une agression", rappelant que ce type d'actes à caractère "raciste, sexiste et de classe" n'était pas isolé. Au Liban, "une travailleuse migrante, en situation régulière ou non, subit une multitude de violences économiques, judiciaires, verbales, physiques et sexuelles, aussi bien dans l'espace public que sur son lieu de travail et à son domicile en raison du système injuste de la kafala que soutient l'Etat", dénonce le communiqué.

Au début du mois, le MAR avait révélé que l'ordre d'expulsion de Chamila avait été émis le 2 juillet, soulignant que cette décision d’expulsion avait été prise en dépit des propos du ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, qui avait affirmé qu’il aiderait les deux migrantes à régulariser leur situation.

De son côté, l'ONG Legal Agenda note que Chamila Cheban Nabwayo n'est pas la première des employées de maisons à être expulsée vers son pays d'origine avant la fin de son procès et que justice lui soit rendue. L'ONG ajoute que Winnierose Wambui Wanjiru, la deuxième Kényane impliquée dans cette affaire, qui compte épouser un Libanais avec lequel elle a un enfant, a été relâchée. 

Le 17 juin, un homme – un civil selon l’armée, un militaire selon le ministère de la Justice – avait fait mine de vouloir renverser, avec sa voiture, une des deux jeunes femmes, avant de les insulter, toutes mes deux, de les frapper violemment et de les projeter contre un mur et une voiture. Une des deux Kényanes s’était évanouie sous les coups de son agresseur. Ce dernier avait été rejoint par d’autres personnes, au moins six selon les témoins sur place, pour frapper les deux femmes, sous les yeux des passants qui avaient mis de longues minutes avant de s’interposer. La vidéo montrant l’agression, qui avait été publiée sur la page Facebook de l’organisation Weiniyyé el-dawlé (Où est l’État) et partagée de nombreuses fois sur les réseaux sociaux, a depuis été supprimée.

"Ce crime collectif de haine raciale est traité par la justice militaire comme une dispute mineure, et les deux femmes ont été arrêtées, incarcérées et jugées au même titre que leurs assaillants, sans être reconnues comme victimes de l’attaque", avait estimé le MAR il y a une dizaine de jours.

Contacté début juillet par L’Orient-Le Jour, le porte-parole de la SG, le général Nabil Hanoun, avait expliqué que l’une des deux Kényanes "se trouve dans une situation irrégulière n’ayant plus de tuteur (sponsor)". "La seconde est fiancée à un Libanais avec lequel elle a eu un enfant (qui a huit mois). Étant donné que le père souhaite bientôt l’épouser, elle ne fera pas l’objet d’une expulsion", avait-il dit.
À la question de savoir si en expulsant l’employée de maison en pleine procédure judiciaire (les deux Kényanes avaient porté plainte contre leurs agresseurs), la Sûreté générale ne privait pas ainsi la victime de son droit de se défendre, le général Hanoun avait expliqué qu’"elle n’a pas besoin d’être présente. L’avocat chargé de l’affaire suffit".



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commentaires (6)

En fait, tout le monde s’en fout ! Et ce drame est encore plus grand !

Cadige William

00 h 28, le 18 juillet 2018

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • En fait, tout le monde s’en fout ! Et ce drame est encore plus grand !

    Cadige William

    00 h 28, le 18 juillet 2018

  • C'est un gros problème... Dont notre pays doit s'expliquer d'une manière ou dautre! La porté d'un tel acte va au-delà de simples frontières libanaises. Honte !

    Sarkis Serge Tateossian

    22 h 08, le 16 juillet 2018

  • C,EST UNE HONTE ! ET L,AGRESSEUR... SE TRIMBALLE DANS LE PAYS SANS AUCUN SOUCI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 53, le 16 juillet 2018

  • Et le ou les politiciens corrompus jusqu' à l'os et qui protègent l'agresseur ? Ni vu ni connu j'imagine ...

    Remy Martin

    18 h 26, le 16 juillet 2018

  • Encore une fois nous prouvons que nous sommes malheureusement loin des droits de l'Homme .

    Antoine Sabbagha

    18 h 25, le 16 juillet 2018

  • Et la brute qui avait agréssé ces deux jeunes femmes...? Disparu dans la nature ? Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 57, le 16 juillet 2018

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