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Liban - Hermel

Le déploiement russe à la frontière syro-libanaise se confirme

L’unité 11 de l’armée syrienne, sous commandement de l’armée de Moscou, renforce sa présence dans la région de Qasr ; aux dépens du Hezbollah ?

La frontière du Hermel avec la Syrie voit depuis un mois un repositionnement des gardes-frontières syriens. Sur cette ligne qui sépare le nord de la Békaa de la région syrienne de Qousseir, aucun poste douanier n’est établi. Le seul passage légal de la région vers la Syrie se situe à l’est du Hermel, à Joussié, au niveau du Qaa.Ce sont en revanche des points de passage surveillés par l’armée syrienne qui servent de barrages improvisés, au niveau de nombreux villages-frontières, mi-syriens, mi-libanais, dans la région du Qasr, comme le village de Matraba. L’emprise du Hezbollah sur cette frontière s’est renforcée depuis son intervention en Syrie et couvre toutes les activités de circulation, depuis le contrôle des allers-retours quotidiens d’habitants qui ont leur travail ou des proches en Syrie, jusqu’à la supervision du trafic et de la contrebande. « Il est d’usage qu’un barrage syrien soit en réalité aménagé au sein d’un barrage du Hezbollah », confie à L’Orient-Le Jour un habitant du Hermel. Il est d’ailleurs à signaler que le Hermel-Ouest, à majorité chiite, est dans le prolongement géographique de Qousseir, devenue la base du Hezbollah en Syrie. Depuis un mois à peu près, un glissement de l’autorité du Hezbollah vers l’autorité militaire russe semble se produire. Un premier déploiement de « près de trente soldats russes », auprès de soldats de l’armée syrienne, aux frontières de Qasr, avait alors été rapporté à L’Orient-Le Jour par un habitant.

Ce déploiement avait été précédé d’un passage tendu des troupes russes à Qousseir qui n’a pas été sans renvoyer un message au parti chiite sur une volonté russe de circonscrire éventuellement sa présence sur le territoire syrien. Si bien que le Hezbollah a dû recourir à la médiation du régime syrien pour calmer le jeu, croit savoir un expert militaire. Le déploiement ultérieur des soldats russes aux frontières du Hermel avait été compris par les habitants comme une extension du passage des Russes à Qousseir, et avait donc été interprété comme temporaire. « On ne sait comment ils sont venus ni comment ils sont repartis », disait l’un d’eux.

En réalité, ces militaires russes agissent de pair avec les soldats syriens restés sur place, dans le cadre d’une unité spéciale de l’armée syrienne, l’unité 11, qui est sous le commandement direct de l’armée russe. Le déploiement de cette unité aux confins de Qasr est donc le signe d’un positionnement militaire russe voué à durer.


(Lire aussi : Retour d'une quarantaine de réfugiés syriens vers la banlieue de Damas)


Pas de fils barbelés
De nouvelles informations sont venues le confirmer hier. L’Agence nationale d’information (ANI, officielle) a rapporté que « l’armée syrienne a installé des fils barbelés à proximité du passage de Matraba qui jouxte la localité de Qasr. Tout passage entre la Syrie et le Liban dans cette zone devra désormais se faire à travers le poste-frontière de Joussié, situé près du village libanais de Qaa ».

Toutefois, de deux sources concordantes du Hermel interrogées par L’OLJ, aucune installation de fils barbelés n’a été observée hier. C’est en revanche une nouvelle présence d’officiers russes que rapporte un notable du Hermel. « Des patrouilles russes se sont rendues aujourd’hui (hier) à la frontière, et on a pu voir des officiers russes donner des instructions sur place aux soldats syriens. Leur passage sert manifestement à mettre en œuvre leur plan de relocalisation des postes-frontières gérés par l’unité 11 », confie ce notable. Ce plan s’est traduit hier par « une interdiction de passage à la frontière dans les deux sens, à quelques exceptions près », ajoute-t-il, en insistant toutefois sur l’absence de fils barbelés. Un autre habitant informé de ces développements confirme sa version, en précisant que l’un des changements observés est le rapprochement des distances qui séparaient un poste-frontière d’un autre.

Les deux versions divergent toutefois sur ce qui est advenu de la présence du Hezbollah à la frontière, maintenant que l’unité 11 a consolidé la sienne. Il est acquis que le Hezbollah détient un passage « spécial » du Hermel vers la Syrie réservé à ses combattants, le barrage de Hoch Sayed Ali (au nord du village de Chouaghir).

Mais à l’exception de ce barrage, le notable de Hermel estime que le parti chiite est en perte d’influence à la frontière, ce que dément l’autre habitant interrogé, en estimant que le déploiement de l’unité 11 peut aller de pair avec la présence du Hezbollah.


(Pour mémoire : « Nous, les chrétiens de Qaa, ne cédons plus à la peur »)


Ersal
Pourtant, dans le nord-est de la Békaa, où la frontière est contrôlée conjointement par l’armée syrienne et les services de renseignements de l’armée libanaise – en coordination avec le Hezbollah –, les habitants assistent depuis un mois à une facilitation du passage entre les deux pays. Une dynamique contraire à celle du Hermel. Un habitant de Ersal révèle à L’OLJ que la circulation entre cette localité et le Qalamoun devient « très facile ». Une décision a été prise depuis un mois d’autoriser les agriculteurs libanais et syriens ayant des terrains dans le jurd du Qalamoun à s’y rendre, explique-t-il, sans savoir qui en est à l’origine. Cette option a pavé la voie à « une circulation quasi libre aux frontières ». « Qui souhaite se rendre en Syrie, quels que soient les motifs de sa visite, peut demander une autorisation préalable aux services de renseignements de l’armée, qui garantissent son passage en coordination avec l’armée syrienne, basée de l’autre côté, par-delà les postes de l’armée libanaise qui encerclent Ersal », dit-il.

Cet assouplissement des conditions de passage pose la question de l’utilité des mécanismes de retour des déplacés improvisés par le Hezbollah.



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La frontière du Hermel avec la Syrie voit depuis un mois un repositionnement des gardes-frontières syriens. Sur cette ligne qui sépare le nord de la Békaa de la région syrienne de Qousseir, aucun poste douanier n’est établi. Le seul passage légal de la région vers la Syrie se situe à l’est du Hermel, à Joussié, au niveau du Qaa.Ce sont en revanche des points de passage surveillés...

commentaires (7)

Salade russe.

Christine KHALIL

07 h 46, le 05 juillet 2018

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Commentaires (7)

  • Salade russe.

    Christine KHALIL

    07 h 46, le 05 juillet 2018

  • Vraiment dans notre pays on commence à voir de toutes les couleurs .

    Antoine Sabbagha

    20 h 24, le 04 juillet 2018

  • L'armée russe, l'armée syrienne, hezeb, armée libanaise, renseignements libanais... une complémentarité parfaite entre alliés dans l'intérêt du Liban

    Jean abou Fayez

    20 h 09, le 04 juillet 2018

  • Article très intéressant et plein de messages... S'agirait-t-il d'un commencement de réaménagement des frontières entre le Liban et la Syrie sous contrôle et supervision russe et surtout à l'ombre de la 1701? Après l'ouverture à tous, de l'accès à Qosseir, que devient le rôle imparti au Hezb. et à l'Iran sur cette fameuse bretelle directe entre l'Iran, l'Irak et la Syrie et qui passe par cette région...?

    Salim Dahdah

    09 h 47, le 04 juillet 2018

  • PRIERE LIRE DEVIENT URGENT. MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 33, le 04 juillet 2018

  • HAHAHA ! LES MOUMANA3ISTES VONT SE DESILLUSIONNER ! LA CONNIVENCE SE PRECISE DE JOUR EN JOUR ET LE DEPART DES IRANIENS ET DE LEUR ACCESSOIRES DEVIENT URGENTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 33, le 04 juillet 2018

  • Armée syrienne, armée syrienne sous commandement russe, armée russe, Hezbollah, services de renseignements de l'armée libanaise agissant en collaboration avec une milice illégale... Et l'Etat libanais, où est-il dans tout çà?

    Yves Prevost

    07 h 14, le 04 juillet 2018

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