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Liban - Hermel

Dans le Hermel, une guerre des clans entourée de mystères...

La zone des affrontements hier entre Jamal et Jaafar. Au milieu, la frontière libano-syrienne. Photo Google Maps

Depuis la fin des législatives, le mohafazat de Baalbeck-Hermel connaît une série d’incidents sécuritaires résultant en partie de disputes à caractère clanique ou familial. De ces incidents qui vont en s’aggravant, le dernier en date oppose la tribu Jaafar à la famille Jamal depuis au moins une semaine, mais se distingue des précédents incidents. D’abord par sa violence. Ensuite par la localisation géographique des accrochages, en l’occurrence le terrain syrien. Les Jaafar et Jamal sont en effet originaires de villages habités par des Libanais, mais situés en territoire syrien limitrophe : la tribu Jaafar, en plus de se trouver dans le Hermel libanais, est présente dans le village syrien de Jarmiche. La famille Jamal, quant à elle, beaucoup plus réduite en nombre et en influence, se situe principalement dans le village de Hawik. Les deux villages sont voisins, et se situent presque à équidistance entre le caza du Akkar (précisément le mont Akroum) et le caza du Hermel (dans la contrée de Qasr). Qui plus est, ces deux villages, Jarmiche et Hawik, sont à quinze minutes de route de Qousseir, bastion du Hezbollah en Syrie depuis 2013, et aujourd’hui son arrière-cour.

L’un des principaux accrochages Jaafar-Jamal a eu lieu à Zayta, village syrien collé à Qasr, habité par des clans libanais, où est positionné un poste de contrôle des frontières relevant de l’armée syrienne. C’est là que des membres de la famille Jamal de passage dans le village ont croisé, dans la nuit du 14 juin, des membres de la tribu Jaafar. L’altercation verbale a dégénéré en un échange de tirs tuant Mohammad Chamel Jaafar : ce qui est interprété comme un acte de vendetta de la famille Jamal contre la tribu Jaafar est en revanche documenté par le moukhtar de Qasr, Abdo al-Jamal, dans un rapport daté d’hier, comme le résultat d’une provocation de la part de la victime. Un retour relatif au calme a toutefois été facilité par des médiations de notables du Hermel et de Wadi Khaled, et c’est dans cet objectif déclaré que des députés de Baalbeck-Hermel, Hussein Hajj Hassan et Ali Mokdad (Hezbollah) ainsi que Ghazi Zeaïter (Amal) ont franchi avant-hier les frontières vers Hawik pour calmer le jeu.

Ce qui n’a pas empêché les violences de ressurgir le lendemain (hier) dans cette localité même, et dans une succession hasardeuse d’événements, mettant en scène cette fois un troisième acteur, la tribu Zeaïter. Un convoi du trafiquant de stupéfiants Nouh (Noé) Zeaïter se dirigeait vers le village de Hawik, pour rendre visite à Iyad Habib, qui tient le « commerce » entre le Liban et la Syrie dans cette zone. Il a été repéré par des membres de la famille Jamal qui, selon le camp Zeaïter et des témoignages sur WhatsApp, ont tiré sur le convoi qu’ils auraient confondu avec un convoi de la tribu Jaafar, rapporte un notable de Hermel. Nouh Zeaïter a alors apprêté son artillerie en guise de représailles, déclenchant une sorte de guerre des tranchées entre la famille Jamal positionnée à Asfouriyé (près de Hawik), et la tribu Jaafar, à Jermache, avec usage d’artillerie lourde, tel que rapporté par notre correspondant Michel Hallak. Très vite toutefois, les violences déclenchées dans l’après-midi se sont interrompues en début de soirée, suite à l’intervention du régime syrien, selon des informations concordantes du Hermel et de Akkar. Selon un notable du Hermel, le Hezbollah aurait préféré déléguer à Damas cette « mission » pour ne pas être contraint de prendre parti avec un clan contre un autre. Pourtant, assure ce notable, « ces accrochages n’auraient pas été possibles s’ils n’avaient pas été soutenus tacitement par des parties externes, ne serait-ce que pour fournir des munitions aux membres des clans ».


(Lire aussi : Des notables de la Békaa-Nord explosent : Le temps de « la sécurité à l’amiable » est révolu)



« Bouclier de la nation »
Le Hezbollah aurait-il décidé de lever sa couverture sur les tribus tout en attisant leurs disputes ? Selon deux lectures de terrain, il aurait intérêt à le faire : d’abord pour justifier un plan sécuritaire ferme en guise de rappel à l’ordre aux clans dont il a eu à rémunérer les votes lors des législatives ; ensuite pour détourner l’attention des griefs socio-économiques des habitants.
Mais il y aurait aussi un élément lié aux intérêts géostratégiques du parti chiite. La proximité de ses incidents avec Qousseir n’est pas anodine, ni leur timing. Il y a deux semaines en effet, les frontières libano-syriennes qui parcourent le Hermel ont vu le déploiement de près de trente soldats russes au niveau des couloirs d’entrée et de sortie. Ce déploiement, tout comme le passage préalable tendu des soldats russes à Qousseir, n’a été que temporaire : il n’y aurait plus « que huit soldats aux frontières » et ceux-ci ont en tout cas été « accompagnés » par les soldats syriens vers les frontières libanaises. Mais le message est clair : il n’y a plus de terrain réservé au Hezbollah en Syrie, et la Russie a intérêt à ce qu’il se retire de Qousseir. Entre-temps, Moscou a créé une milice de garde, baptisée « bouclier de la nation », dont la mission est de veiller sur les zones syriennes acquises pour l’armée russe. Les membres de cette milice sont en partie issus de tribus libanaises, y compris les Jaafar, Zeaïter et Jamal, mais sont considérés par ces dernières comme « des laissés-pour-compte ». De deux sources concordantes, cette milice serait emmenée par Ali Mohammad Rachid Jaafar. Elle compterait entre 400 et 1 500 membres, rémunérés entre 200 et 400 dollars (selon les versions).
Est-ce un hasard que des disputes éclatent entre ces clans dans une région hautement sécurisée par la Syrie et l’Iran ?


Pour mémoire

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Depuis la fin des législatives, le mohafazat de Baalbeck-Hermel connaît une série d’incidents sécuritaires résultant en partie de disputes à caractère clanique ou familial. De ces incidents qui vont en s’aggravant, le dernier en date oppose la tribu Jaafar à la famille Jamal depuis au moins une semaine, mais se distingue des précédents incidents. D’abord par sa violence. Ensuite...

commentaires (4)

Je veux bien croire que le hezb libanais de la résistance ait quelque chose à voir dans ces disputes claniques , mais pourquoi vouloir à tout prix faire croire qu'il serait responsable central avec des implications russes chinoise ou coréennes ? ??? ON ne comprend que dalle à ces disputes de vendetta à séculaires , mais on veut faire croire qu'une chose qui serait certaine , est que le hezb serait au centre de tout se qui se passe au moyen orient et au monde du même coup . Risible tellement cette paranoïa.

FRIK-A-FRAK

14 h 18, le 21 juin 2018

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Commentaires (4)

  • Je veux bien croire que le hezb libanais de la résistance ait quelque chose à voir dans ces disputes claniques , mais pourquoi vouloir à tout prix faire croire qu'il serait responsable central avec des implications russes chinoise ou coréennes ? ??? ON ne comprend que dalle à ces disputes de vendetta à séculaires , mais on veut faire croire qu'une chose qui serait certaine , est que le hezb serait au centre de tout se qui se passe au moyen orient et au monde du même coup . Risible tellement cette paranoïa.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 18, le 21 juin 2018

  • La gangrène se répand au Liban . C’est l’exemple même de la débâcle de l’ État...

    L’azuréen

    10 h 31, le 21 juin 2018

  • CHANGEMENT DEMOGRAPHIQUE DANS LA PARTIE SYRIENNE POUR RELIER L,ALAOUISTAN SYRIEN AU HEZBOLISTAN LIBANAIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 17, le 21 juin 2018

  • Un nid de vipères

    Saleh Issal

    06 h 34, le 21 juin 2018

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