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Liban - Hermel

Hermel : un accord aurait été trouvé pour mettre un terme aux conflits des derniers jours

La journée d’hier a été riche en médiations visant à calmer la situation entre les clans Jaafar et Jamal.

L’armée s’est déployée hier dans les rues de Baalbeck. Photo ANI

Un calme précaire régnait jusqu’à la fin de la soirée d’hier dans la région de Asfouriyé et Zayta, dans le Hermel, à la frontière libano-syrienne, au lendemain de l’intensification mercredi, et jusqu’aux premières heures de l’aube, des affrontements armés à caractère clanique qui opposent depuis près d’une semaine les tribus Jaafar et Jamal.

La journée d’hier était longue en médiations dans la localité de Hermel, où se trouve la tribu Jaafar, et le village de Hawik, où habite la famille Jamal. Elle a débouché en début de soirée, selon la chaîne LBCI, à un accord de principe qu’a réussi à faire accepter par les deux clans rivaux un comité formé hier en matinée. Celui-ci compte parmi ses sept membres le ministre sortant Hussein Hajj Hassan et le député Ihab Hamadé (tous deux du Hezbollah), ainsi que des représentants des familles tribales de Wadi Khaled, du mont Akroum et de Fnaydeq (Akkar). Cet accord, toujours selon la LBCI, devrait être mis en application à partir d’aujourd’hui. Il consiste à identifier le tueur de Mohammad Chamel Jaafar et à le remettre au comité, qui le remettra à son tour à l’État libanais. Par ailleurs, selon une source militaire citée par la MTV, l’armée prépare une importante intervention militaire dans la région, à l’instar de l’offensive « L’aube des jurds » qu’elle avait lancée en août 2017 contre les jihadistes du groupe État islamique (EI) dans les jurds de Ras Baalbeck et du Qaa. Son objectif déclaré est de « mettre fin au règne des voyous et des hors-la-loi ».
Mohammad Chamel Jaafar avait été tué, rappelons-le, dans la nuit du 14 juin, à Zayta (village syrien collé à Qasr, dans le caza du Hermel), où s’étaient croisés des membres des clans Jaafar et Jamal. Une altercation verbale avait alors éclaté, dégénérant en échange de tirs.


(Lire aussi : Dans le Hermel, une guerre des clans entourée de mystères...)


« Le Hezb cherche à s’approprier un nouveau rôle »
Hier, les voix appelant l’État à « jouer son rôle » pour faire régner l’ordre à Baalbeck-Hermel se sont élevées. Pourquoi aujourd’hui, alors que le chaos sécuritaire est le maître mot dans cette région depuis des années ? Selon une source du 14 Mars citée par l’agence al-Markaziya, cela revêt plusieurs explications. Premièrement, le mécontentement affiché par la base du Hezbollah qui dénonce « l’indifférence du parti vis-à-vis de leurs conditions de vie difficiles, alors qu’il se consacre aux causes régionales ». Dans les mêmes milieux, on souligne que le parti chiite aurait décidé au lendemain des législatives du 6 mai de manifester son souci d’améliorer les conditions de vie des habitants sur les plans économique et sécuritaire, « jetant toutefois la balle dans le camp de l’État ». Toujours selon cette source, le Hezbollah craint que cette situation sécuritaire délétère « ne serve de prétexte aux parties qui appellent à la saisie des armes illégales, notamment celles du Hezbollah et de la brigade de la Résistance, d’autant que les affrontements tribaux répétés montrent que ces armes ne sont plus aux seules mains du Hezb, mais alimentent le chaos sécuritaire ». Notons que les deux tribus ont eu recours à des armes légères et moyennes. Enfin, la situation dans la Békka serait, selon cette source, liée aux développements en Syrie, « le Hezbollah, dont le retour de Syrie est imminent, essaierait de s’approprier un nouveau rôle, en mettant la main sur la sécurité dans la Békaa, après que l’État a montré qu’il n’était pas en mesure de le faire ».


(Lire aussi : Des notables de la Békaa-Nord explosent : Le temps de « la sécurité à l’amiable » est révolu)


Absence de l’autorité étatique
Khalil Hélou, général de l’armée à la retraite, ne pousse pas aussi loin sa lecture des faits. Il estime ainsi que « les tribus n’ont besoin d’aucun prétexte pour se faire la guerre ». « Ce qui les encourage, c’est que l’État n’a pas d’autorité sur eux », dit-il à L’Orient-Le Jour, soulignant que la question qui se pose est celle de savoir comment ces tribus ont eu accès aux armes moyennes. Pour lui, « il s’agirait probablement du Hezbollah », sachant que nombreuses sont les personnes de ces régions qui sont « dans les rangs » du parti chiite. Et d’affirmer que « la mentalité tribale fait fi de l’État et de la citoyenneté » et « ne croit que dans la vendetta ».

Si Moustapha Allouche, ancien député du courant du Futur, affirme lui aussi que les guerres tribales « ne sont pas chose nouvelle » dans la Békaa, il pousse plus loin sa lecture des événements des derniers jours, notant que ceux-ci « pourraient être en relation avec le conflit irano-russe concernant la Syrie », d’autant que ces affrontements « coïncident avec le déploiement récent des troupes russes sur la frontière libano-syrienne ». Il rappelle dans ce cadre que le président russe, Vladimir Poutine, lors de sa rencontre en mai dernier avec le président syrien Bachar el-Assad à Sotchi, avait déclaré que « toutes les forces non syriennes doivent se retirer de Syrie ». « De plus, toutes les données font penser que la Russie et Israël sont de connivence en ce qui concerne le bombardement des positions iraniennes en Syrie, probablement avec l’accord des États-Unis, poursuit M. Allouche. D’ailleurs, la Russie n’a pas réagi ni sur le plan politique ni médiatique face au bombardement israélien des positions iraniennes en Syrie. »
Interrogé sur le recrutement par Moscou de membres des tribus libanaises Jaafar, Zeaïter et Jamal au sein de sa nouvelle milice de garde « Bouclier de la nation », dont la mission est de veiller sur les zones syriennes acquises pour l’armée russe, M. Allouche note qu’il est « logique que les Russes essaient de créer des milices locales, de la même manière que l’Iran a créé des milices locales » en Syrie.

Par ailleurs, des unités de l’armée ont commencé dès hier matin à patrouiller dans les rues de Baalbeck et à y instaurer des barrages, notamment dans le souk de la ville, pour y « maintenir la sécurité ».


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Un calme précaire régnait jusqu’à la fin de la soirée d’hier dans la région de Asfouriyé et Zayta, dans le Hermel, à la frontière libano-syrienne, au lendemain de l’intensification mercredi, et jusqu’aux premières heures de l’aube, des affrontements armés à caractère clanique qui opposent depuis près d’une semaine les tribus Jaafar et Jamal.La journée d’hier était...

commentaires (4)

Mais où est le mal de dire que le monde fonctionne sur des compromis , partout sur la planète terre , pour ne pas être publié. C'est incroyable ça !

FRIK-A-FRAK

15 h 31, le 22 juin 2018

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Commentaires (4)

  • Mais où est le mal de dire que le monde fonctionne sur des compromis , partout sur la planète terre , pour ne pas être publié. C'est incroyable ça !

    FRIK-A-FRAK

    15 h 31, le 22 juin 2018

  • Le Hezbollah est en phase d'implosion... Résultat la guerre des clans... Espérons que l'intervention de l’armée servira a mettre au pas certains de ces voyous, vendetta ou pas, et assurera la sécurité de notre coté de la frontière. C'est maintenant l'occasion de mettre fin a la main mise du Hezbollah.

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 16, le 22 juin 2018

  • de compromis en compromis en compromis en compromis en compromis jusqu'a la dissolution totale de tout ce qui est étatique dans ce bled pourri.

    Tabet Karim

    09 h 38, le 22 juin 2018

  • TERII3 ! DES COMPROMIS A LA LIBANAISE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 45, le 22 juin 2018

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