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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Les entretiens préliminaires à une psychanalyse : « J’ouis », dit l’analyste

Jacques Hassoun. Photo tirée du site www.transparaître.com

Le jeu de mots repris par Jacques Hassoun (1936-1999) indique d’emblée la position de l’analyste lors des entretiens préliminaires pour une cure analytique. C’est aussi ce qui démarque l’analyste de toute autre position d’écoute, médicale soit-elle ou psychothérapeutique. Ouïr veut dire entendre, ce qui signifie au demandeur que l’analyste l’entend. L’analyste l’entend veut dire que l’analyste n’entend pas seulement la souffrance avec laquelle il vient se plaindre. Il entend aussi la jouissance inconsciente qui accompagne la plainte et qui fait du plaignant un sujet divisé, divisé entre sa souffrance et sa jouissance, cette dernière vient d’une position passive qu’il subit comme victime. « Là où le Ça était, le Je doit advenir. »
L’écoute de l’analyste dès les premiers entretiens signifie à l’éventuel futur patient que l’écoute de l’analyste va lui permettre de se poser en sujet, Je, là où il est déterminé par toutes ses pulsions qui sont dans le Ça. Le Ça comprend nos pulsions de vie, soit la libido, l’énergie sexuelle, les pulsions sexuelles, mais aussi les pulsions de mort. Dans n’importe quel symptôme, médical soit-il ou psychique, les pulsions de vie sont en lutte contre les pulsions de mort. En témoigne ce qu’on appelle « la réaction thérapeutique négative », soit un refus inconscient de guérir.
Lorsqu’un demandeur vient pour la première fois chez un analyste, qu’il ait une demande franche d’analyse, qu’il vienne pour une thérapie ou parce qu’il souffre et qu’on lui a indiqué un nom de confiance, il s’aperçoit très vite que cet Autre n’écoute pas comme un médecin. Cet Autre l’entend comme un sujet divisé, soit une partie qui se conforme à ce que veulent ses parents, sa famille, son épouse et une autre partie qui refuse cette conformité et qui veut dire Je. Le « J’ouis » offert par l’analyste lui permet de soupçonner, très peu, mais soupçon quand même, qu’il est malgré tout l’auteur de son propre malheur. Ce soupçon va être déterminant pour la suite.
Ou bien le futur patient acquièsce, est prêt à affronter cela, qu’il soit l’auteur de son propre malheur, ou bien il ne le peut pas. Mais aussi, s’il ne le peut pas maintenant, il le pourrait peut-être par la suite. C’est donc ce « timing » qui jouera une fonction importante pour l’analyste. Au bout des 3 entretiens préliminaires, l’analyste peut s’engager à accompagner le demandeur jusqu’à l’amener à bon port. Ou bien il peut refuser de l’engager sur ce chemin, enfin lui dire que ce n’est pas encore le bon timing et qu’il pourrait revenir par la suite, dans un autre temps. Aucun autre lieu d’écoute, médical soit-il ou psychothérapeutique, ne propose cela : permettre au demandeur de soupçonner dès le début qu’il est l’auteur de ses rêves, lapsus, actes manqués, et qu’il n’est pas réductible à son propre malheur.

Nous croyons être des victimes alors que nous sommes nos propres bourreaux
Un exemple dont on a déjà parlé éclaire ce qui précède.
Une femme rêve qu’elle est poursuivie dans la rue par un bel athlète. Elle a très peur mais n’arrive pas à le distancier. De même, l’athlète n’arrive pas à la rattraper. Arrivée devant la porte de son immeuble, elle la trouve ouverte, se précipite dans l’ascenseur, appuie sur le 5e et retrouve en partie son calme. Mais l’homme, toujours à sa poursuite, gravit quatre à quatre les marches de l’escalier. Elle ouvre vite la porte de son appartement et se retranche à l’intérieur. L’homme casse la porte et la poursuit dans l’appartement. De pièce en pièce, elle finit par se retrouver dans sa chambre à coucher, sans issue. Elle se retourne pour affronter l’homme qui la pousse par ses épaules sur le lit. Bizarrement, l’homme se croise les bras et reste immobile.

« Mais que faites-vous ? » demande la femme.

« Je ne sais pas moi Madame, c’est votre rêve. »

Toute notre vie psychique est mise en scène, comme dans ce rêve. Nous croyons être des victimes alors que nous sommes nos propres bourreaux.

Le jeu de mots repris par Jacques Hassoun (1936-1999) indique d’emblée la position de l’analyste lors des entretiens préliminaires pour une cure analytique. C’est aussi ce qui démarque l’analyste de toute autre position d’écoute, médicale soit-elle ou psychothérapeutique. Ouïr veut dire entendre, ce qui signifie au demandeur que l’analyste l’entend. L’analyste l’entend...

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