Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui a quasiment doublé le nombre de ses députés à l'occasion des élections législatives, a indiqué vendredi qu'il devrait proposer le nom du Premier ministre sortant Saad Hariri pour diriger le prochain gouvernement au sein duquel il compte obtenir un portefeuille régalien.

"Nous nous dirigeons vers une nomination de Saad Hariri à la tête du gouvernement", a déclaré M. Geagea lors d'un entretien accordé à l'agence Reuters publié dans la journée. Mardi, les deux hommes s'étaient entretenus pour la première fois depuis la démission surprise de M. Hariri, annoncée le 4 novembre 2017 depuis Riyad, une rencontre interprétée comme une normalisation des rapports entre le courant du Futur et les FL, piliers du 14 Mars.

Le chef du gouvernement sortant devrait être désigné par le président Michel Aoun à l'issue des consultations parlementaires contraignantes. Plusieurs blocs parlementaires ont d’ores et déjà annoncé qu'ils proposeraient le nom de Saad Hariri pour cette fonction.

"La représentation des FL au sein du prochain gouvernement doit correspondre à notre nouvelle dimension populaire", a insisté M. Geagea. "Nous avons quatre ministres au sein du gouvernement sortant. Après le verdict des élections législatives, ce nombre doit augmenter", a-t-il souligné, estimant que la formation du gouvernement, qui doit intégrer "de nouveaux visages" selon lui, "prendra du temps".

Le leader des FL a déclaré que sa formation "a le droit d'obtenir un portefeuille régalien". Les ministères de l'Intérieur, des Finances, des Affaires étrangères et de la Défense sont traditionnellement considérés comme des ministères régaliens. Le débat autour de la répartition des portefeuilles ministériels a commencé depuis quelques jours, notamment autour du ministère des Finances que réclame le mouvement Amal, dirigé par Nabih Berry, qui devrait être reconduit dans les prochains jours à la tête du Parlement, poste qu'il occupe depuis 1992.

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"Faire pression sur le Hezbollah"

Le leader des FL a également assuré qu'il allait utiliser "sa position de force pour faire pression afin que les armes du Hezbollah soient mises à la disposition du gouvernement", comme mesure temporaire. Cette semaine, les Etats-Unis et plusieurs pays du Golfe ont pris des sanctions contre les dirigeants du Hezbollah, dont son chef Hassan Nasrallah, pour soutien au terrorisme. La question des armes du Hezbollah est l'un des dossiers les plus épineux du pays qui devrait être traité au moment où les formations politiques aborderont la question de la stratégie nationale de défense, comme l'a promis le chef de l'Etat, Michel Aoun.

"Nous avons deux priorités : redonner à l'Etat ses prérogatives et mettre toutes les armes sous le contrôle de l'armée libanaise, et construire un Etat efficace qui éliminera la corruption et les marchandages", a déclaré M. Geagea, insistant sur l'importance de "soutenir l'économie du pays en mettant en place des réformes structurelles". "La situation économique et financière du Liban empire mais l'améliorer n'est pas impossible", a-t-il ajouté, estimant que "tout le monde réalise à présent que le bateau pourrait couler avec tout ses passagers".

Le chef des FL a exprimé son inquiétude face à la situation régionale dans laquelle "le Hezbollah est un important acteur du conflit opposant l'Iran aux pays du Golfe". La région se dirige vers une escalade dangereuse. Allons-nous vers une guerre, ou resterons-nous dans cette situation ? Je ne sais pas, mais la situation dans la région n'est pas saine", a-t-il déploré.

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