Alors que le soleil se couche sur la bande de Gaza, le 15 mai 2018, le ciel est traversé de gaz lacrymogènes tirés par les soldats israéliens. AFP / JACK GUEZ
L’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem arrosée de champagne d’un côté, de sang palestinien de l’autre, ne passera pas. En décidant 1) le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, 2) d’y procéder à la date qui incarne l’arrachement de centaines de milliers de Palestiniens à leur terre et le début d’un cauchemar qui n’en finit pas de recommencer, le pouvoir israélo-américain a franchi deux pas de trop dans le sadisme.
S’il demeurait un doute sur le mépris, la haine satisfaite, la négation de l’autre qu’entretient le couple Netanyahu-Trump à l’égard des Palestiniens en particulier, des Arabes en général, le doute est définitivement levé. Il va de soi que le record de l’obscénité dans cette affaire revient aux pouvoirs arabes qui non seulement n’y voient rien à redire, mais pour certains pactisent ouvertement avec leur ex-ennemi.
Quoi qu’il en soit, l’avenir se joue désormais dans le plus dangereux des espaces : l’espace mental humilié de centaines de milliers de personnes qui n’ont plus rien à perdre. Si la communauté internationale continue d’accepter que l’État d’Israël écrive, à lui seul, l’histoire et la géographie d’une région millénaire, son protégé sera, à terme, le premier à en faire les frais. Si enfin l’Europe s’obstine à ne pas reconnaître que le jihadisme, le fanatisme et l’antisémitisme qui l’inquiètent, à juste titre, se nourrissent amplement de l’état d’exception qui veut qu’une mémoire ait tous les droits et la mémoire d’en face, aucun, alors elle ratera le coche de sa propre sécurité. Si rien n’est fait, par ailleurs, en faveur d’une Jérusalem rendue à tous les siens - toutes croyances et non croyances confondues - Jérusalem ne sera plus la capitale mais le tombeau de tout ce monde.
""S’il demeurait un doute sur le mépris..."" ""Si la communauté internationale, ..." ""Si l’Europe s’obstine à ne reconnaître..."" ""Si rien n’est fait,"" A chaque moment historique, chaque déflagration sanglante, l’intello arabe ressasse les mêmes ""idées"" dans la rubrique du même nom. Comme disait un poète d’Algérie : ""Celui qui bâtira ses fondations avec des "peut-être", n’arrivera jamais à faire un toit avec des "si". Je vous cite : ""Il va de soi que le record de l’obscénité dans cette affaire revient aux pouvoirs arabes…"" et surtout aux divisions des Palestiniens, qui ne peuvent s’en vouloir qu’à eux-mêmes. (they can only blame themselves) Une note d’optimisme dans cette affaire, Jérusalem sera un jour rendue à tous les siens, (croyants et non croyants ?) comme on a rendu à César ce qu’il lui appartient, if you follow me…
11 h 40, le 19 mai 2018