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À La Une - Tensions

Frappes en Syrie : la crainte d'un embrasement entre l'Iran et Israël

"Un jour où l'autre, avec ces actions, les Iraniens vont dire: il nous faut riposter avec force, il nous faut dissuader les Israéliens si nous voulons rester en Syrie, nous devons frapper", selon un analyste.

Des chars israéliens sur le plateau du Golan, le 10 mai 2018. AFP / MENAHEM KAHANA

L'intensité des frappes d'Israël sur des cibles présumées iraniennes en Syrie, présentées comme une riposte à des tirs inédits de roquettes iraniennes, suscite la crainte d'un embrasement régional.

"On se rapproche du précipice", assure à l'AFP Heiko Wimmen, du cercle de réflexion International Crisis Group, selon qui "les Israéliens envoient des messages sur leurs lignes rouges".

L'Etat hébreu affirme s'employer à rester à l'écart de la guerre en Syrie voisine mais ne cesse de proclamer qu'il ne permettra pas à Téhéran, soutien du régime de Damas, de se servir du pays en guerre comme tête de pont contre lui. Ces derniers mois, il a mené des dizaines de raids contre des positions syriennes, le Hezbollah, un autre ennemi, et, de plus en plus, les forces iraniennes.

"Un jour où l'autre, avec ces actions, les Iraniens vont dire: il nous faut riposter avec force, il nous faut dissuader les Israéliens si nous voulons rester en Syrie, nous devons frapper", estime M. Wimmen.

Les circonstances des événements de la nuit sont encore troubles. Israël dit avoir mené des dizaines de raids aériens contre des cibles iraniennes en Syrie en représailles au tir par la Brigade al-Qods, la force des Gardiens de la Révolution chargée des opérations extérieures, d'une vingtaine de roquettes sur la partie du Golan syrien occupée par l'Etat hébreu.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé que l'attaque visant les positions israéliennes -dont il n'a pas été en mesure d'identifier les auteurs- avait été menée après un "premier bombardement israélien" en Syrie.

Téhéran, dont les réactions sont particulièrement scrutées depuis l'annonce mardi par le président Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, ne s'était pas exprimé jeudi soir sur les accusations israéliennes.


(Lire aussi : L’Iran pourrait riposter à la décision de Trump en employant ses cartes au Moyen-Orient)


Israël "affabule"
Pour Nicolas Heras, analyste au cercle de réflexion américain Center for a New American Security, "Israël piaffe d'impatience et veut asséner un grand coup aux forces iraniennes en Syrie". "Il est évident que (le Premier ministre israélien) Benjamin Netanyahu croit avoir le feu vert pour affronter l'Iran en Syrie, quelles qu'en soient les conséquences", dit-il à l'AFP. D'après lui, "les Israéliens sont persuadés qu'ils sont en train de vivre un scénario cauchemardesque dans lequel l'Iran avance en Syrie avec l'intention de lancer une guerre qui anéantirait" leur pays.

Les frappes israéliennes sont d'une ampleur sans égale de sa part en Syrie depuis des décennies, relève Eran Etzion, ex-directeur adjoint du Conseil national de la sécurité israélienne. "Nous somme dans un processus d'escalade, mais nous n'en sommes qu'au début", prévient-il, même si, selon lui, le silence de Téhéran "pourrait indiquer que (l'Iran) ne veut pas d'une escalade totale".

Pour Foad Izadi, professeur à la faculté d'études internationales de l'Université de Téhéran, "l'Iran ne cherche pas la confrontation avec Israël en Syrie". "Les forces iraniennes ne sont pas allées en Syrie pour combattre Israël, elles y sont pour apporter de l'aide au gouvernement syrien", avance-t-il. "La dissuasion de l'Iran vis-à-vis d'Israël se fait au Liban, avec plus de 100.000 missiles du Hezbollah", argue M. Izadi.

Pour Mohammad Marandi, analyste politique à l'Université de Téhéran, "les Israéliens affabulent". Les forces iraniennes présentes en Syrie n'agissent pas de manière indépendante "mais sous le commandement des Syriens", dit-il, et il n'y a pas eu d'attaque iranienne contre Israël pendant la nuit, d'après lui.


(Repère : Le plateau du Golan, principal contentieux israélo-syrien)


Quel rôle pour la Russie? -
"Les Israéliens veulent faire (de la Syrie) une affaire irano-israélienne, mais ce n'est pas le cas", ajoute cet ancien membre de la délégation iranienne ayant négocié l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre les grandes puissances et Téhéran. "Ils exploitent la situation", provoquée par le reniement américain de cet accord, estime-t-il.

A l'étranger, l'inquiétude monte, à en juger par la multiplication des mises en garde officielles en Europe ou en Russie.

"Maintenant, la balle est dans le camp des Iraniens", juge quant à lui le général de brigade en retraite Nitzan Nuriel, ex-directeur du bureau antiterroriste à la primature israélienne: "Ils doivent décider s'ils veulent intensifier la friction, par exemple en demandant au Hezbollah de faire quelque chose, ou alors ils comprennent qu'à ce stade ils ne peuvent rien entreprendre contre nous."

Pour M. Heras, les Iraniens voudront montrer d'une manière ou d'une autre qu'"ils ne craignent pas la machine de guerre israélienne". "A moins que la Russie (qui soutient comme l'Iran le gouvernement de Damas, ndlr) ne s'interpose et joue l'arbitre (...), le risque d'escalade est certain".

Mais pour Yossi Mekelberg du centre de réflexion Chatham House à Londres, Moscou "n'est pas contente que l'Iran acquière trop de pouvoir, trop d'influence" en Syrie. Selon lui, les frappes israéliennes ont probablement été menées avec l'accord tacite de la Russie qui considère l'Iran "comme un danger pour ses propres intérêts".



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L'intensité des frappes d'Israël sur des cibles présumées iraniennes en Syrie, présentées comme une riposte à des tirs inédits de roquettes iraniennes, suscite la crainte d'un embrasement régional."On se rapproche du précipice", assure à l'AFP Heiko Wimmen, du cercle de réflexion International Crisis Group, selon qui "les Israéliens envoient des messages sur leurs...

commentaires (2)

PRIERE LIRE CAUSE DE TOUS LES MALHEURS ETC... MERCI.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 51, le 11 mai 2018

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Commentaires (2)

  • PRIERE LIRE CAUSE DE TOUS LES MALHEURS ETC... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 51, le 11 mai 2018

  • LA SITUATION S,AGGRAVE. L,IRAN PROVOQUE PARTOUT DANS LES PAYS ARABES. IL PROVOQUE AUSSI ISRAEL PAR SA PRESENCE EN SYRIE ET AU LIBAN. MAIS LES ISRAELIENS NE FONT RIEN POUR TROUVER UNE SOLUTION AU PROBLEME PALESTINIEN CAUSE DE TOUTES LES MALHEURS DE LA REGION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 54, le 10 mai 2018

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