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Lifestyle - Rencontre

Maher Harb et le sept, son chiffre magique...

De ce chiffre inspirant, il a fait un label pour sa production de vins qui le transporte tous les matins au... septième ciel. Évidemment...

Maher Harb, amoureux de la terre et d’un vin biodynamique. Photo Greg Demarque

Il vient d’avoir deux fois 18 ans. 36 ans, et pour lui, un anniversaire qui compte car c’est un peu, dans un parcours qui fut chaotique, l’âge de la maturité. Comme celui d’un vin qui s’est bonifié. Maher Harb a beau avoir de (très) beaux muscles sculptés sur un corps de rugbyman, de grandes mains plantées dans le sol et les pieds enracinés à Nehla, au-dessus de Batroun, c’est un homme fragile qui pense avec le cœur, avec sa mémoire émotionnelle.

Ce symbole des merveilles du monde, qui évoque la vie éternelle chez les Égyptiens, lui a toujours rappelé la présence dans l’immense absence de son père Raymond, disparu trop tôt en martyr national. Sept fois, peut-être plus, à se demander que faire, prendre des décisions, partir et puis repartir dans des chemins qui ne lui ressemblaient pas, avec une idée en tête, silencieuse, revenir à la terre. Revenir à Nehla, et perpétuer la mémoire du disparu.

Le parcours d’un combattant
Les chiffres et les dates ont toujours été son point fort. « À l’école, dit-il, j’aimais cette matière parce que je ne retenais rien d’autre ! » C’est ainsi qu’il obtient, après sa licence en économie, un master en économétrie et informatique décisionnelle (MIS) à Lille, en précisant à ce sujet : « J’ai trouvé ce passage nécessaire dans mon éducation. » Mais le « vrai » Maher, ado et post-ado, n’aura toujours qu’un souci, une urgence, « partir d’ici », panser sa peine. À Lille, les années ont été difficiles. Il vit avec des moyens (modestes) de bord, parle avec peine le français, essaie au mieux de s’adapter à cette ville si loin de chez lui. « J’y ai vécu un peu “à l’ancienne”, confie-t-il, je consommais essentiellement des pommes de terre et du sucre !» «Ce passage, avoue-t-il, m’a donné beaucoup de force. » Une force qui le poussera à quitter, plus tard, l’(in)confort du métro-boulot-dodo parisien – Maher est alors consultant auprès de plusieurs sociétés –, avec une pensée, comme un leitmotiv dans sa tête : « Tout ceci manque de vie, manque de vrai. Je ne suis pas content. »

Alors il part à la recherche du bonheur. Nous sommes en 2009, de retour à Nehla, il évalue les possibilités de ce petit terrain familial, baigné dans des conditions climatiques idéales. Il économise un peu d’argent, lit beaucoup et tout ce qui concerne la terre, le vin, fait des essais chez lui – « une catastrophe ! » – et s’attelle, l’année suivante, à terrasser la parcelle familiale de 6 000 m2. En attendant les premiers résultats, deux longues années, avec un terrible hiver 2012, le vigneron en devenir, entre la France et le Liban, puis l’Arabie saoudite, est rattrapé, une fois de plus, par le blues du businessman et un besoin indispensable de liberté. C’est au Vietnam qu’il trouvera un nouveau souffle et l’inspiration. Un accident de voiture plus tard, le second dans sa vie dont il réchappe « par miracle », qui sonne à chaque fois comme un signal fort et même violent, il confirme, comme une promesse : « Je veux faire du vin, et rien que du vin. »

Marqué sur la peau
Mais, se dit-il, car l’intuition ne suffit pas : « Je ne suis pas œnologue, et je n’ai aucun bagage technique. » La réponse tombe. Une évidence. Maher Harb s’embarque in extremis dans une formation d’un peu plus d’un an avec l’Organisation internationale du vin, en partenariat avec l’Université de Montpellier SupAgro, qui « mélangeait un tour du monde avec apprendre le vin autrement ». En compagnie de 15 personnes qu’il ne connaît pas, il partage cette « merveilleuse aventure » où, confie-t-il, « j’ai rencontré des centaines de professeurs, des œnologues, des vignerons. J’étais comme une éponge… » À son retour, un master en wine management de l’OIV (MSCOIV) sous le bras, et grâce à un financement de Kafalat, il achète des cuves et prépare son premier millésime 2016.

Pour des raisons qui lui sont évidentes, et en rapport avec son père, « c’est notre chiffre en numérologie », Maher Harb baptise son label Sept, un chiffre qu’il a également tatoué sur son bras. Lancée en octobre dernier, sa production de 5 000 bouteilles, distribuée dans de nombreux restaurants et dans quelques points de vente, est déjà écoulée à 70 %. Une vraie réussite pour un concept clair et surtout biodynamique. « Mes vignobles sont basés sur la notion de la préservation du cycle naturel et énergétique et l’harmonie qui lie la terre à l’air, le feu et l’eau. Mon but est de faire revenir les méthodes non interventionnistes. La terre ne subit aucun traitement ni additif ; elle n’est pas labourée. Je plante entre les vignes des légumineuses et des plantes favorables à la richesse du sol et la santé de la vigne. Tout cela donne un goût unique à la production. » Pour ce « vin de lieu », comme le maître des lieux le qualifie, qui réussit à promouvoir 5 régions du Liban, outre son propre vin, Sept Winery produit des vins avec des raisins achetés d’autres sols. Sur chaque bouteille est indiquée leur origine : Deir el-Ahmar, Obeideh (Zahlé), Riyak et Chouf. Sous le label de Sept Winery figurent ainsi : la syrah de Nehla et le cabernet sauvigon de Nehla, deux rouges savoureux et biodynamiques; la Cuvée du Soleil, un rouge bio, et deux blancs, Obeideh et Viognier. « Mon objectif n’est pas d’être différent, je le suis déjà, mais plutôt de provoquer et d’encourager les gens à promouvoir des terres et des cépages indigènes. Ce serait un pari gagnant et peut-être notre dernière chance de léguer quelque chose de bien aux générations futures. » Outre son vin, qu’il propose à la dégustation, chez lui, dans le cadre magnifique de Nehla, Maher Harb a une table d’hôte qu’il dresse, avec des produits régionaux et sa propre cuisine, les week-ends et sur rendez-vous.

Le 7, selon la numérologie, est « le chercheur de vérité. Il a une idée claire et convaincante de lui-même en tant qu’être spirituel. En conséquence, son objectif est consacré aux enquêtes dans l’inconnu, et à trouver des réponses aux mystères de la vie ». Maher Harb semble les avoir enfin trouvés.


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commentaires (2)

Les points de vente s’il vous plait ? Il ne suffit pas de nous mettre l’eau a la bouche....

Marie-Hélène

09 h 26, le 07 mai 2018

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Commentaires (2)

  • Les points de vente s’il vous plait ? Il ne suffit pas de nous mettre l’eau a la bouche....

    Marie-Hélène

    09 h 26, le 07 mai 2018

  • De la région de Batroun j'ai aussi dégusté un bon vin une fois de la région de "Smar Jbeil" (Atibaia), j'étais étonné que la région de Batroun produit des vins car je pensais que c'était uniquement dans la vallée du Békaa ... Très intéressant, c'est à retenir "le label de Sept Winery" (et à voir si je trouve le vin quelque part en vente).

    Stes David

    08 h 56, le 07 mai 2018

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