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Lifestyle - Vin sur vin

Vins : le prix à payer

L’écart entre les prix de vente des vins est parfois très important, même pour des vins issus des mêmes cépages et d’une même région. Analyse...

Thomas Samso/AFP

C’est l’une des grandes questions qui agitent en permanence le monde viticole : comment justifier la différence de prix entre un vin « bas de gamme » vendu en grande surface et les vins les plus chers au monde, dont le prix peut facilement dépasser les 10 000 euros ?
Le coût de production d’une bouteille de vin varie entre 1 et 2 euros pour les vins appelés « entrée de gamme » et 10 à 15 euros pour des vins plus prestigieux. Ce prix inclut les salaires et les charges des employés qui travaillent à la vigne, dans la cave, dans les bureaux, au laboratoire. Il inclut également le matériel de production, les factures de téléphone et d’électricité, le prix de la bouteille vide, du bouchon, de l’étiquette, de la capsule. Le prix du foncier ne fait pas partie de ce calcul.
Cette variation de tarifs de production dépend de plusieurs facteurs. Le rendement de la vigne en raisin d’abord : un vin issu d’un vignoble qui produit trois fois plus de raisin coûtera moins cher en production qu’un vin issu d’un vignoble qui a une production limitée. La taille de l’exploitation viticole ensuite : une petite exploitation dépensera plus d’argent à produire un vin qu’une grande et vaste exploitation. La qualité du vin produit : vins élevés en fût ou pas. Il y a aussi la technique de production et le travail de la vigne : vendange manuelle ou mécanique ; le mode de culture de la vigne : vignoble en culture biologique ou pas ; le choix du bouchage : à vis, bouchon synthétique ou liège (et la qualité du liège). Et enfin la bouteille, sa forme et son poids : certaines sont plus chères que d’autres.

Est-ce bien raisonnable ?
Mais ces facteurs expliquent-ils la différence énorme entre les prix de vente des vins sur le marché ? Ces 10 à 15 euros maximum par bouteille pourront-ils justifier les quelque milliers d’euros de différence entre un cru et un autre ? Évidemment pas, car d’autres critères essentiels vont intervenir pour déterminer le prix d’une bouteille. Sa région de production d’abord, car les vins de Bordeaux ou de Bourgogne sont plus chers que ceux du Languedoc ; le domaine (et sa réputation) ; le potentiel de garde du vin ; le millésime ; la méthode de production ; les notes de dégustations et des critiques ; la rareté du produit et enfin l’offre et la demande.
Ainsi, une bouteille de vin d’un domaine réputé dans le monde entier, produite dans une grande région viticole comme la Bourgogne, qui peut être gardée plusieurs dizaines d’années, qui est issue d’une récolte lors d’une année exceptionnelle, qui fait l’objet d’une cuvée rare ayant suscité les louanges d’œnologues reconnus, a de fortes chances d’être commercialisée à un tarif élevé. À l’inverse, une bouteille de vin produite dans un vignoble confidentiel, n’ayant reçu aucune distinction et qui doit être consommée dans l’année, risque de se retrouver dans la fourchette basse en termes de prix.
Certaines bouteilles de vin, enfin, sont considérées par les experts comme de véritables œuvres d’art et suscitent la convoitise des collectionneurs. Les vins issus du domaine de la Romanée-Conti à Vosne-Romanée, les Meursault de Jean-François Coche-Dury, les Grands Crus du domaine Ramonet, le Musigny du domaine Roumier, mais aussi des vins comme les Cuvées légendaires d’Henri Jayer, figurent parmi les vins les plus chers au monde. Leur prix ? Plusieurs milliers d’euros pour une bouteille.
Pour déterminer le prix d’un vin, il existe aujourd’hui un système de cotation des vins. Sur le web, il est possible de connaître la cote d’un vin en introduisant ses caractéristiques (appellation, millésime, etc.). Ce système permet d’évaluer la « valeur » d’une bouteille et son prix d’achat « raisonnable ».
Ainsi, lorsqu’on me demande combien peut valoir une bouteille de vin, ma réponse est « Combien la personne est-elle prête à payer pour l’avoir ? ».
Le vin est fait pour être bu. Certaines cuvées sont malheureusement devenues tellement chères que les bouteilles ne sont plus consommées, perdant ainsi leur fonction première, mais circulent de cave en cave ou font le tour des ventes aux enchères.

Le chiffre
6 000 euros

 Le prix de la bouteille de Scharzhofberger Trockenbeernauslese Domaine Egon.

L’accord mets et vin
Champagne Krug « Clos d’Ambonnay » (le vin le plus cher au monde départ cave) et caviar.


La personnalité
Egon Müller IV, le seigneur du Scharzhofberg

Egon Müller IV, fils d’Egon Müller et petit-fils d’Egon Müller, vigneron de la Moselle allemande, est depuis 1991 à la tête du vignoble familial situé à Wiltengen, près de Trèves. Un domaine où, depuis plus de 200 ans, le riesling développe une expression unique. 300 m d’altitude, un sol schisteux, très froid en hiver, très sec en été…
Cependant, l’histoire du vignoble de Scharzhofberger commence bien avant l’arrivée des Müller. En effet‚ c’est à l’an 700 que remontent les premières traces de culture de la vigne et de vinification, au monastère Saint-Marien ad Martyres de Trèves. Ce cru ecclésiastique était l’un des seuls de la région sans indication d’origine.
À la vigne‚ du riesling et rien que du riesling‚ planté sur des coteaux à faire pâlir d’envie les alpinistes les plus chevronnés, entre 190 et 310 mètres d’altitude. L’exposition plein sud permet une maturation lente des baies‚ clé de la réussite pour le riesling allemand.
Les vins du domaine Scharzhofberger d’Egon Müller sont très rares et extrêmement convoités. Le style si particulier du cru réside dans un équilibre parfait entre le sucre et l’acidité. De manière générale‚ ses vins possèdent des arômes très floraux et extrêmement minéraux. Le comportement en bouche est toujours le même. Attaque franche avec une petite perlance stimulante‚ peu de puissance alcoolique, mais très aromatique et une finale exceptionnellement longue. Selon la cuvée, la concentration en sucre est variable‚ débutant avec quelques grammes de sucre résiduels pour le petit Scharzhof et une concentration monumentale pour le (tenez-vous bien) « Scharzhofberger Trockenbeerenauslese », qui se place ainsi parmi les crus les plus rares et surtout les plus chers du monde.
Vous l’aurez compris‚ de ses petites cuvées aux crus mythiques vendus aux enchères, Egon Müller IV joue dans la cour des très grands viticulteurs et fait incontestablement partie des plus grands noms du vin à l’international.
En plus de l’Allemagne, il produit en Slovaquie avec le Château Bélá, depuis le millésime 2001. Le domaine fut acheté en 1999 par la femme d’Egon. Il se trouve sur la rive gauche du Danube, frontière naturelle entre la Slovaquie et la Hongrie. Les 6 hectares de coteaux sont exposés plein sud, de beaux rieslings sur sol calcaire bénéficiant d’un climat continental proche de la Moselle allemande.


*Ingénieur agronome de formation, diplômé en œnologie de l’université de Bourgogne à Dijon, Louis Tannoury a obtenu un master en commerce international des vins et spiritueux. Après quelques années d’expérience dans le vignoble bourguignon, il est actuellement importateur et distributeur de vins au Liban (Terroirs-Y-Seleccion).


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