La campagne contre les indépendants chiites fustigée

Le Renouveau démocratique (RD) a condamné hier « la campagne de diffamation et de diabolisation menée par certains médias partisans contre des figures politiques et médiatiques indépendantes de la communauté chiite qui sont très respectées au plan libanais et arabe », en allusion à la « liste noire » publiée mardi par le quotidien al-Akhbar et reprise sur les réseaux sociaux.
« Le seul point commun entre ces figures éclectiques est qu’elles ne sont pas d’accord avec la politique et les options libanaises et régionales du Hezbollah, ce qui est un droit naturel et élémentaire de chaque citoyen, garanti par la Constitution », a noté le RD dans un communiqué.
Le mouvement de feu Nassib Lahoud a également condamné l’agression survenue dimanche dernier à Bint Jbeil contre le candidat Ali el-Amine, un opposant au Hezbollah, qui avait été passé à tabac par plus d’une trentaine de partisans du Hezbollah.
« Cela montre que la cohabitation entre la concurrence pacifique (…) d’une part et la présence d’armes extralégales va à l’encontre des règles les plus élémentaires de la logique et des lois locales et internationales. Cette cohabitation s’est avérée impossible lors de toutes les expériences similaires au plan international », a noté le RD.
Le communiqué appelle enfin les hauts responsables étatiques à prendre position et agir contre ce genre d’intimidations, notamment les forces sécuritaires et judiciaires, ainsi que la Commission de supervision des élections. « Même si ces autorités reconnaissent leur incapacité et la limitation de leurs instruments exécutifs, rien ne les empêche de se prononcer au moins face à des développements-charnières de ce genre, qui augurent d’une chute des derniers aspects de crédibilité et d’intégrité de ces élections », conclut le texte.
L’association Journalistes contre la violence (JCV) a publié un communiqué dans le même esprit, concernant la campagne d’incitation à la haine menée contre les indépendants chiites, notifiant le parquet et l’appelant à se saisir du dossier. « Avec l’attaque contre Ali el-Amine, cela s’inscrit dans le cadre d’un plan visant à accuser de traîtrise tous ceux qui, au sein de la communauté chiite, s’opposent à la politique du Hezbollah », a indiqué JCV, imputant à l’État « la responsabilité de tout tort qui pourrait viser ces figures ». « Le dossier (publié dans al-Akhbar) constitue une campagne flagrante d’incitation au meurtre et un assassinat symbolique qui nécessite que l’État rende aux figures ciblées leur considération, à travers des poursuites judiciaires contre le quotidien et ceux qui se cachent derrière », ajoute le communiqué.
Une réponse mimétique est par ailleurs apparue hier sur les réseaux sociaux au collage qui assemblait mardi les figures accusées par al-Akhbar d’être « les chiites de l’ambassade émiratie ». Les portraits de vingt-huit figures du Hezbollah ou proches du parti pro-iranien – Hassan Nasrallah, Naïm Kassem, Nabil Qaouq, Nawaf Moussaoui, Wafiq Safa, Mohammad Raad, Ali Ammar, Hassan Fadlallah, Mohammad Fneich, Ali Fayad, Hussein Hajj Hassan, Hussein Moussaoui, Jamil Sayyed, Nawwar Sahili, Bilal Farhat, Ali Moqdad, Hussein Zeayter, Amine Cherri, Hussein Jechi, Nasser Kandil, Habib Fayad et les journalistes Ibrahim el-Amine, Zeinab Awada, Ghassan Jawad, Mayssam Rizk, Radwan Mortada, Rafic Nasrallah et Manar Sabbagh – ont été associées dans un montage photo sous le label « les chiites de l’Iran ».