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Liban - Interview express - législatives 2018

Camille Chamoun : souverainisme, neutralité et... chamounisme

Photo Camille Chamoun

Camille Chamoun, fils du président du Parti national libéral Dory Chamoun, brigue l’un des trois sièges maronites du Chouf sur la liste de la Décision libre, formée avec les Kataëb et des indépendants, dans la circonscription du Mont-Liban IV (Chouf-Aley). Candidat malheureux aux législatives de 2005, il avait récolté le score honorable de 18 000 voix sans avoir contracté une alliance avec d’autres parties. Camille Chamoun tente à nouveau sa chance aujourd’hui pour prendre la succession de son père pour défendre au sein de l’hémicycle ses convictions souverainistes, lui qui, depuis son adolescence, n’a eu de cesse de militer au sein du PNL pour un Liban libre et indépendant.

Quel est votre positionnement au sujet des grands dossiers politiques qui sont au centre du débat national dans le pays (armes du Hezbollah ; ligne de conduite du Hezbollah ; attitude à l’égard des conflits régionaux ;
position au sujet du régime syrien ; décentralisation…) ?

En vertu de la loi, seules les forces armées régulières, en l’occurrence l’armée et les Forces de sécurité intérieure, ont le droit de détenir des armes. Rien ne justifie donc l’armement du Hezbollah, d’autant que nous sommes en temps de paix : la guerre civile est révolue et a laissé la place à la réconciliation nationale, tandis que le Sud a été évacué par les Israéliens, excepté les fermes de Chebaa. Cette petite bande de territoire dont la propriété est controversée ne peut expliquer la mobilisation de 40 000 à 50 000 combattants. De même, la présence palestinienne armée, dont nous réclamons par ailleurs le retrait, ne saurait être utilisée comme prétexte pour justifier la conservation par le parti chiite de son arsenal. Celui-ci est utilisé dans la guerre syrienne, servant une cause étrangère au Liban, au bénéfice de l’axe iranien et chiite. Or il est nécessaire de respecter le principe de distanciation, voire instaurer une neutralité absolue, à l’image de la Suisse ou de l’Autriche. Cette option éviterait au pays toutes sortes de guerres, le faisant sortir du conflit arabo-israélien et de tous les affrontements régionaux dont il a suffisamment fait les frais.
Quant à ma position vis-à-vis du régime syrien, je suis pour des liens de bon voisinage, mais malheureusement, la Syrie ne prend pas en considération nos droits territoriaux et notre souveraineté. Le régime dictatorial de la famille Assad n’a jamais respecté les relations d’égal à égal censées exister entre nos deux pays, considérant toujours que le Liban est une province syrienne. J’estime d’autre part que ce régime est barbare au regard des atrocités qu’il commet contre son peuple et dont nous avons eu un échantillon durant la guerre civile.

Sur un tout autre plan, je suis pour la décentralisation administrative, prévue par l’accord de Taëf. Cette décentralisation est nécessaire pour un développement égal de toutes les régions, dans lesquelles les impôts payés par les habitants seraient investis à leur profit, plutôt qu’ils ne soient versés dans une caisse centrale et distribués de façon injuste. Si, pour garantir une telle décentralisation, un État fort ne peut s’édifier, il faudrait alors recourir au système fédéral, à l’instar de 55 % des États du monde. C’est une formule qui marcherait dans un pays multi-ethnique comme le nôtre, la mosaïque que représente notre peuple pouvant alors constituer une source de richesse plutôt qu’une pomme de discorde.

Avec quel camp ou bloc parlementaire comptez-vous coopérer au Parlement ? Envisagez-vous une coopération avec un bloc ou un camp au cas par cas, en fonction des développements ou des dossiers examinés ?
Il est évident que les gens avec lesquels je suis le plus disposé à collaborer sont ceux qui font partie du camp souverainiste. Le PNL a surtout des affinités avec les Kataëb, mais également avec les Forces libanaises et toutes les parties qui veulent purger le pays de la corruption.
Quant au Courant patriotique libre, il n’a pas tenu ses promesses de changement et de réforme, et se retrouve aujourd’hui éloigné de toutes les valeurs qu’il prônait, allié à ceux qui représentent la corruption. Cela sans compter son soutien catégorique aux armes du Hezbollah et au régime syrien. Mais nous ne sommes pas en guerre contre le CPL et acclamerons sans hésitation tous les positionnements qu’il pourrait adopter dans l’intérêt du pays.

En dehors du champ politique, quel est le domaine que vous envisagez de privilégier dans votre action parlementaire ?
Ma priorité est axée sur les jeunes et leurs demandes. En vue d’arrêter leur émigration hémorragique, j’œuvrerai pour la création d’emplois et plus généralement pour la dynamisation de l’économie. Je proposerai ainsi la création d’une zone franche à l’instar de Jabal Ali (Émirats arabes unis), vers laquelle on déménagerait la plupart des grosses industries qui se trouvent aujourd’hui au milieu des villes et des agglomérations. Cette zone serait dotée d’un port à partir duquel les produits exportés et importés bénéficieraient d’un régime d’impôts favorable.
L’économie pourrait être aussi boostée à travers le secteur sportif et touristique. Un circuit automobile serait dans ce cadre créé dans la plaine de Damour-Naamé, dans une zone non constructible située à une quinzaine de kilomètres de Beyrouth. L’installation d’une telle piste mettrait le pays aux avant-postes du sport mondial et développerait cette région du littoral du Chouf, en générant de multiples jobs et attirant un nombre considérable d’adeptes de sport automobile, tant libanais qu’étrangers.

Question du lecteur : quel effet cela vous fait-il de porter le nom de l’ancien président de la République Camille Chamoun ?
Ce nom est un atout dont je suis très fier, mais il n’est pas facile à porter. Mon grand-père, emblème national, rassembleur et visionnaire, était un personnage comme il ne peut y en avoir deux. J’essaie pour ma part d’assumer la responsabilité de poursuivre sa ligne politique avec l’optimisme et le souffle qui le caractérisaient, et conformément à ses valeurs intrinsèques d’intégrité.


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