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Moyen Orient et Monde - syrie

Quels sont les plans d’action de Damas et des Occidentaux après les frappes ?

Alors que les Occidentaux s’activent sur la scène diplomatique, le régime syrien devrait se diriger vers d’autres bastions rebelles, notamment Deraa.

Les déplacés de la Ghouta dans le refuge de Herjelleh près de Damas étaient nombreux hier, et affamés... Ali Hashisho/Reuters

Après une longue semaine d’hésitations depuis l’attaque chimique présumée dans la ville de Douma, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont finalement frappé dans la nuit de vendredi à samedi. Trois sites ont été visés : un centre de recherche scientifique dans la banlieue de Damas, ainsi qu’un dépôt d’armes chimiques et un poste de commandement situés à l’ouest de Homs. Afin d’éviter une escalade avec Damas, aux côtés de ses parrains russe et iranien, tout en rétablissant la ligne rouge dessinée en 2013 quant au recours aux armes chimiques, les trois alliés ont précisé que l’opération n’était qu’un « one time shot » (coup unique). 

Mais Bachar el-Assad va-t-il tenir compte de la punition qu’ont voulu lui infliger les Occidentaux et ralentir la cadence de ses opérations militaires ? Ces frappes ne devraient pas changer le plan d’action du dirigeant syrien en dehors – peut-être – du recours aux armes chimiques. Car les troupes syriennes se trouvent en position de force sur le terrain, avec l’aide précieuse de leurs parrains. L’armée syrienne a notamment annoncé samedi avoir repris la totalité de la Ghouta orientale, assiégée par le régime depuis 2013. 

Damas contrôle désormais un peu plus de la moitié du territoire syrien, tandis que l’opposition n’en contrôle plus que 12 %, incluant ceux aux mains du groupe jihadiste Hay’at Tahrir el-Cham (l’ex-branche syrienne d’el-Qaëda), explique le géographe Fabrice Balanche à l’AFP. Cela donne l’occasion à Damas de se tourner vers d’autres bastions rebelles : à savoir Deraa, au sud du pays, et Idleb, une zone au Nord-Ouest, dite de « désescalade ». 

L’opération n’en serait pas moins délicate. « À Deraa, le régime a avancé lentement depuis 2011, le front contre lui étant composé par un ensemble de formations de l’Armée syrienne libre, plus uni qu’ailleurs », note Julien Théron, enseignant à Sciences-Po Paris et spécialiste des relations internationales, interrogé par L’Orient-Le Jour. « Et, à Idleb, l’alliance de Jaïch Tahrir Souriya autour d’Ahrar el-Cham est sous parapluie turc, et l’autre grande alliance de la zone de désescalade, Hay’at Tahrir el-Cham, est très combative », ajoute-t-il. Mais si « les dynamiques de Jaïch Tahrir Souriya à Idleb et du Front sud à Deraa vont dans le sens d’une résistance », sans agrégation et soutien, ce sera difficile », nuance l’expert.

Deraa est par ailleurs située non loin des frontières israélienne et jordanienne tandis que les forces turques disposent d’un poste d’observation dans la province d’Idleb. « Ankara pourrait légitimement arguer des accords d’Astana, établissant les zones de désescalade, celle d’Idleb étant sous responsabilité turque », estime M. Théron. Autant d’éléments à prendre en compte pour la stratégie militaire du régime syrien et éviter tout débordement au-delà de ses frontières. 


(Lire aussi : La fessée est un plaisir qui se partage à deux, l'édito de Ziyad Makhoul)


Pressions sur Moscou

Ces données mettent en exergue les limites des moyens à la disposition des Occidentaux au-delà de la sphère diplomatique pour faire céder un Assad provocateur, adoubé par le chef de l’État russe, Vladimir Poutine. Depuis les frappes occidentales, le ballet diplomatique a repris de plus belle au siège de l’ONU à New York pour pousser chaque partie à faire des concessions sur le dossier syrien. La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont remis samedi un projet de résolution au Conseil de sécurité devant être examiné aujourd’hui et demandant un « cessez-le-feu durable », « un accès humanitaire sans restriction », et la création d’« un mécanisme indépendant, basé sur des principes d’impartialité et de professionnalisme » pour enquêter et désigner les auteurs d’attaques chimiques. 

Paris a pour sa part insisté hier sur la nécessité d’un dialogue avec Moscou. « Il faut que la Russie se rende compte qu’elle a voté des textes au Conseil de sécurité qu’il importe aujourd’hui de faire appliquer et (qu’il est nécessaire) de ne pas se laisser embarquer par la barbarie de Bachar el-Assad », a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, sur la chaîne de télévision BFMTV. Moscou a notamment voté des résolutions pour permettre l’accès de l’aide humanitaire en Syrie et pour la mise en place de cessez-le-feu. Ces dernières n’ont cependant jamais été respectées par le régime syrien. « Je ne suis pas sûr que Bachar el-Assad entendra tout, mais je pense que Vladimir Poutine est en mesure d’entendre » ces messages, a-t-il ajouté. 

Il est toutefois possible de douter de l’impact concret que pourraient avoir les déclarations françaises sur le Kremlin. Moscou n’a pas cessé de faire la sourde oreille aux appels des Occidentaux cette semaine en opposant son veto à tout projet de résolution présenté au Conseil de sécurité concernant une quelconque action contre Damas.

 « Désormais, les Occidentaux vont devoir capitaliser sur l’action diplomatique menée conjointement et visant à la résolution du conflit, avec comme horizon un régime représentatif de la volonté des Syriens et protecteur des minorités », estime M. Théron. Le projet de résolution présenté par Paris, Londres et Washington « exige des autorités syriennes qu’elles s’engagent dans des négociations intersyriennes de bonne foi, de manière constructive et sans préconditions », conformément aux pourparlers de Genève de mars dernier. Selon le spécialiste, « la difficulté va être de s’insérer dans le triangle Ankara-Moscou-Téhéran, mais le comportement de la Turquie (vis-à-vis de l’attaque chimique à Douma), qui désespérait d’une mobilisation des Occidentaux, pourrait être un bon moyen de revenir dans les négociations ».


(Lire aussi : Au Liban, des réactions limitées, à la mesure des frappes occidentales)


Rester en Syrie

Washington s’est en revanche fait tout aussi virulent hier que la semaine dernière à l’égard de la Russie. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a affirmé sur la chaîne Fox News que des sanctions seront prises à l’égard de Moscou à partir d’aujourd’hui et que « toutes sortes d’entreprises qui s’occupent d’équipements liés à Assad et l’utilisation d’armes chimiques » seraient également visées. Mme Haley a également annoncé que Washington visait ainsi trois objectifs en Syrie lors du lancement des frappes : s’assurer que « des armes chimiques n’ont pas été utilisées, ni des armes de destruction massive utilisées de n’importe quelle manière qui pourrait menacer les intérêts nationaux américains », que « la défaite de l’EI soit complète » et que Washington puisse continuer de « surveiller ce que l’Iran fait ». 

Le but reste toutefois « de voir les soldats américains rentrer chez eux, mais nous ne partirons pas avant d’avoir accompli ces tâches », a-t-elle précisé. Les États-Unis disposent de 2 000 soldats en Syrie pour lutter contre l’organisation jihadiste et dirigent une coalition aux côtés des Forces démocratiques syriennes, majoritairement composées de combattants kurdes.

L’administration américaine semble donc s’être ravisée, puisque ces propos viennent contredire ceux tenus par le président Donald Trump jusqu’à il y a encore dix jours. Ce dernier a déclaré à maintes reprises vouloir le retrait des troupes américaines de Syrie. De nombreuses sources ont en outre rapporté que, malgré son feu vert pour le lancement de l’opération en réponse à l’attaque chimique présumée à Douma, le locataire de la Maison-Blanche n’avait pas pour autant défini une ligne directrice stratégique sur le dossier syrien.



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Après une longue semaine d’hésitations depuis l’attaque chimique présumée dans la ville de Douma, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont finalement frappé dans la nuit de vendredi à samedi. Trois sites ont été visés : un centre de recherche scientifique dans la banlieue de Damas, ainsi qu’un dépôt d’armes chimiques et un poste de commandement situés à l’ouest...

commentaires (3)

LES UNS CROIENT QU,ILS ONT MONTRE DE LA BONNE CONSCIENCE PRENANT LES GENS POUR DUPES AVEC LEURS TIMIDES FRAPPES... ET LES AUTRES VONT CONTINUER A TUER DES MILLIERS DE SYRIENS AVEC LEURS BARILS D,EXPLOSIFS ET LEURS BOMBARDEMENTS INTENSIFS QUI TUENT PLUS DE CIVILS QUE DES REBELLES AVEC LA RAGE HYSTERIQUE QUI LES ANIME !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 50, le 16 avril 2018

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Commentaires (3)

  • LES UNS CROIENT QU,ILS ONT MONTRE DE LA BONNE CONSCIENCE PRENANT LES GENS POUR DUPES AVEC LEURS TIMIDES FRAPPES... ET LES AUTRES VONT CONTINUER A TUER DES MILLIERS DE SYRIENS AVEC LEURS BARILS D,EXPLOSIFS ET LEURS BOMBARDEMENTS INTENSIFS QUI TUENT PLUS DE CIVILS QUE DES REBELLES AVEC LA RAGE HYSTERIQUE QUI LES ANIME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 50, le 16 avril 2018

  • L'ignorance et le fanatisme sont les pires ennemis de l'homme. Cela mene a la stupidité et à l'arrogance. L'heure est à la réunification.... Des efforts pour une paix acceptable par tous. Sans acceptation d'autrui l'homme est condamné....

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 44, le 16 avril 2018

  • La priorite est de voter des sanctions tres tres dures pour asphyxier totalement les economies russes et iraniennes et l on verra alors si ces deux pays restent en syrie ,leur presence etant le fruit d un caprice imperialiste et en aucun cas necessaire.

    HABIBI FRANCAIS

    01 h 44, le 16 avril 2018

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