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Économie - Transport

Uber cherche à renforcer sa transparence au Liban

Le géant américain gère un service considéré dans certains pays comme une mise en relation de particuliers avec des chauffeurs, tandis que d’autres le qualifient de service de transport. Son directeur régional pour le Moyen-Orient, Anthony Khoury, est revenu pour « L’Orient-Le Jour » sur l’actualité du groupe au Liban, moins de six mois après le meurtre d’une ressortissante britannique par l’un de ses chauffeurs.

Le directeur régional d’Uber pour le Moyen-Orient, Anthony Khoury. Photo DR

En décembre 2017, un chauffeur inscrit sur la plateforme Uber avouait le meurtre de Rebecca Dykes, une Britannique de trente ans travaillant pour l’ambassade du Royaume-Uni au Liban. Le ministère de l’Intérieur et des Municipalités avait alors vivement réagi, tandis qu’Uber s’était défendu en invoquant la rigueur de ses procédures de contrôle. Où en est-t-on aujourd’hui ?
Depuis ce drame, nous cherchons à combler un certain manque de transparence qui existait vis-à-vis des autorités et de l’opinion sur la façon dont nous opérons au Liban, où nous sommes établis depuis quatre ans. C’est d’ailleurs dans ce cadre que nous avons organisé une rencontre avec la presse fin mars, pendant laquelle nous avons expliqué comment Uber sélectionne les chauffeurs et contrôle la qualité du service fourni à travers son application.
Le chauffeur qui souhaite travailler avec nous doit fournir plusieurs documents dont sa licence de chauffeur de taxi, sa plaque ainsi que les documents du véhicule qu’il conduit. Un extrait de son casier judiciaire daté d’un mois maximum, ainsi qu’un certificat émis par le ministère de l’Économie et du Commerce font partie des autres documents demandés. Le fait qu’Uber ne travaille qu’avec des chauffeurs de taxi est d’ailleurs une des différences majeures entre le modèle économique du groupe au Liban et celui qu’il adopte ailleurs.

Les présélectionnés doivent passer des tests au cours desquels nos experts évaluent leur comportement au volant et leur capacité à gérer notre application, entre autres prérequis. Toutes ces procédures existaient déjà depuis notre arrivée, mais les listes de contrôle ont été élargies avec le temps.

En février, Uber a annoncé qu’il préparait de nouvelles mesures renforçant la sécurité de ses utilisateurs suite à une rencontre avec le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk. Qu’est-ce qui a été décidé depuis ?
Nos discussions avec le ministère de l’Intérieur portent sur les moyens d’accroître notre coopération pour renforcer la sécurité des usagers. Une des pistes explorées consiste à intégrer une nouvelle « couche technologique » entre Uber et le ministère de l’Intérieur (NDLR : à travers l’interface actuelle ou une nouvelle interface spécifique). Mais rien n’a encore été gravé dans le marbre.

Uber traverse une passe difficile dans le monde avec une perte de 4,5 milliards de dollars en 2017, ou encore la récente décision du groupe de se retirer d’Asie du Sud-Est (lire encadré). Qu’en est-il de vos performances au Liban ?
Je ne peux pas vous communiquer de résultats financiers, mais je peux quand même vous dire que nous sommes au-dessus des objectifs fixés avec plus de 2 500 chauffeurs et 55 000 usagers au Liban, principalement dans la région de Beyrouth. Nos performances affichent une forte croissance et cette tendance devrait se prolonger, voire s’accentuer en 2018. Une des raisons de ce succès est lié au fait que beaucoup d’utilisateurs étrangers utilisent Uber au Liban. Sur les trois derniers mois, des ressortissants de 74 nationalités différentes ont utilisé la plateforme pour être mis en relation avec un chauffeur sur le territoire libanais.

Le marché libanais est certes plus confidentiel que d’autres au Moyen-Orient, à l’image de l’Arabie saoudite où Uber compte plus de 150 000 chauffeurs inscrits, mais il reste clef pour le groupe.

Mais vous êtes toujours ciblés par certains chauffeurs de taxi libanais qui critiquent vos méthodes…
Nous avons surtout des problèmes avec les compagnies de chauffeurs de taxi et leurs syndicats. Notre façon de travailler est en effet différente : si la plupart des chauffeurs inscrits sur Uber travaillent à plein temps, ils sont libres de moduler leurs horaires voire de réduire leur temps de travail, quand les compagnies de taxis impose des horaires fixes. Uber n’impose pas non plus à ses chauffeurs de payer une somme hebdomadaire pour travailler, même s’il est vrai qu’ils sont obligés de posséder un smartphone pour être inscrits sur Uber.

Il n’y a cependant pas qu’au Liban où Uber a du mal à se faire accepter. En février, le groupe a dû se retirer du Maroc. En Égypte, Uber et l’émirati Careem, autre spécialiste des services de véhicule de transport avec chauffeur (VTC), ont été visés en 2017 par une plainte émise par plusieurs compagnies de taxi égyptiennes. La procédure, qui a débouché début avril sur la suspension d’un premier jugement administratif annulant vos licences respectives, doit se poursuivre en appel…
Les deux cas de figure sont différents. S’agissant du Maroc, le groupe a décidé de se retirer au bout de trois ans après avoir constaté que les autorités ne semblaient pas vouloir coopérer pour adapter la législation à l’activité de mise en relation de particuliers avec des chauffeurs.

En Égypte – dont je ne suis pas le responsable régional –, le gouvernement montre d’autres dispositions. Un projet de loi sur le transport urbain via la technologie informatique est actuellement discuté par les députés égyptiens.


Pour mémoire 

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