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Liban - Budget 2018

Samy Gemayel s’en prend au pouvoir : Au lieu d’implanter les réfugiés, opérez les réformes et relancez l’économie !

« Si le gouvernement adopte le plan Abi Khalil, nous l’affronterons dans la rue », avertit le chef des Kataëb.

Samy Gemayel détaillant les irrégularités qui entachent l’article 50 du budget 2018. Photo Daniel Beloumou

Il est vrai que tous les protagonistes se focalisent à l’heure actuelle sur leurs campagnes électorales dans la perspective des législatives prévues le 6 mai. Sauf qu’après l’adoption du budget 2018 par le Parlement, une nouvelle donne s’est invitée sur la scène locale. Il s’agit des craintes d’une implantation déguisée que causerait la mise en application de l’article 50 de la loi de finances. Celui-ci permet d’accorder un droit de résidence permanente aux non-Libanais qui deviennent propriétaires d’une unité résidentielle dans le pays.

À l’heure où les proches du Premier ministre Saad Hariri justifient cette mesure par une volonté officielle de redynamiser le secteur de l’immobilier, le chef des Kataëb Samy Gemayel y voit un danger démographique important. Il estime que l’article en question est une implantation déguisée des réfugiés syriens présents sur le sol libanais. 

Après avoir évoqué cette question critique lors d’un point de presse tenu mardi, le chef des Kataëb a profité d’une rencontre avec les médias, tenue hier au siège du parti à Saïfi, pour mettre les points sur les i à ce sujet. D’autant que le président de la commission parlementaire des Finances et du Budget Ibrahim Kanaan n’a pas tardé à lui répondre implicitement dans une déclaration prononcée à l’issue de la réunion hebdomadaire du bloc du Changement et de la Réforme. 


Samy Gemayel a relaté les faits de la séance plénière durant laquelle a été adopté l’article 50 du budget. « Il faut mettre les points sur les i parce que le pouvoir en place ne fait que déformer la réalité », a-t-il lancé avant de poursuivre : « En notre qualité d’opposition qui étudie soigneusement ses dossiers, nous avons examiné la totalité du texte du budget 2018. Mais c’est surtout l’article 50 qui nous a intrigués. D’autant qu’il s’agit d’une implantation déguisée des réfugiés syriens présents au Liban. » Revenant sur les péripéties de la séance parlementaire, il a raconté : « Lors du vote, ils (les responsables au pouvoir) voulaient faire passer cet article à la sauvette, comme d’habitude. Sauf que je suis intervenu pour mettre en garde contre le danger que causerait la clause en question. » Et d’ajouter : « Le ministre de l’Économie Raëd Khoury (CPL) a répliqué en faisant valoir que cette mesure est de mise au Portugal, en Grèce mais aussi dans plusieurs autres pays. Un argument auquel j’ai répondu en soulignant que les pays précités n’accueillent pas des millions de réfugiés. » 

Samy Gemayel a également répondu à la fois à Saad Hariri et Ibrahim Kanaan. Ce dernier avait déclaré mardi que l’article 50 a été modifié en séance plénière et que les non-Libanais concernés bénéficieront du droit de séjour tant qu’ils sont propriétaires des unités résidentielles qu’ils ont achetées. Des propos qu’a démentis le chef des Kataëb. Selon lui, l’article n’a pas été amendé dans l’hémicycle. Par contre, le Parlement a approuvé une version de l’article 50 présentée par la commission parlementaire des Finances et du Budget. Ce texte prévoit une résidence permanente aux non-Libanais qui achètent des unités résidentielles à 750 millions de livres libanaises à Beyrouth et 500 millions de livres libanaises en dehors de la capitale. « Cela signifie qu’on a facilité l’achat des unités résidentielles », s’est alarmé M. Gemayel.

Mais au-delà de l’article 50, le député du Metn n’a pas manqué de déceler une sérieuse entorse à la Constitution. « Si l’article a été amendé en dehors de l’hémicycle, cela signifie que les parlementaires ont commis une grave infraction à la Constitution. »

Prié de commenter les propos tenus par Saad Hariri quelques heures plus tôt, et dans lesquels il a appelé à mettre fin aux « surenchères politiques que font certains qui veulent gagner les élections », M. Gemayel a appelé le Premier ministre à « déployer des efforts pour résoudre les crises dont souffrent les gens au quotidien et à mettre fin au gaspillage et à la corruption au sein des administrations publiques ». 



« Des réformes simples »  

Soucieux de s’affirmer en tant qu’opposant « responsable », Samy Gemayel a présenté aux autorités quelques mesures pratiques à même de relancer l’économie nationale (dont le secteur de l’immobilier) et de réduire le déficit budgétaire. « Au lieu de sanctionner les jeunes Libanais (en augmentant le taux d’intérêt sur les crédits à l’habitat de 3 à 3,75 %) et de chercher l’implantation implicite, il vaut mieux dynamiser le secteur de l’immobilier en créant des emplois et en optant pour de simples réformes », a souligné M. Gemayel, avant d’expliquer : « Il s’agit de dégraisser l’État pour réduire ses dépenses de fonctionnement et de privatiser la production de l’électricité pour réduire le déficit d’EDL. Mais il faut surtout mettre fin à l’évasion fiscale. » Se disant insatisfait des démarches adoptées par la Banque du Liban, Samy Gemayel en a toutefois imputé la responsabilité au gouvernement, dans la mesure où la BDL ne fait que couvrir le déficit créé par le cabinet. 

En attendant l’issue de cette crise, les regards de Samy Gemayel restent fixés sur le Conseil des ministres. Celui-ci devrait approuver prochainement le plan de production de l’électricité du ministre César Abi Khalil. Mais le chef des Kataëb semble de plus en plus déterminé à poursuivre sa bataille contre ce projet, quel qu’en soit le prix. « Si le gouvernement approuve le plan, nous allons l’affronter dans la rue », a averti Samy Gemayel à la fin de la rencontre.


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Il est vrai que tous les protagonistes se focalisent à l’heure actuelle sur leurs campagnes électorales dans la perspective des législatives prévues le 6 mai. Sauf qu’après l’adoption du budget 2018 par le Parlement, une nouvelle donne s’est invitée sur la scène locale. Il s’agit des craintes d’une implantation déguisée que causerait la mise en application de l’article 50...

commentaires (3)

les ""irresponsables"' a la langue de bois croient ferme pouvoir se foutre de notre gueule ! -- tristement, j'avoue ils n'ont pas tort. pour ce qui est d'une TROP grande partie des citoyens . 1- com s'il serait difficile a garder une propriete en vue de garder la residence...qui en fait irait de soi... 2-avec tout le trafic et magouilles qui permet de contourner les lois ??? MAIS, encore 1 fois... LEUR PROPAGANDE EST BCP TROP FORTE, celle des pauvres " autres chretiens qu'ils ont defendus " ? NULLE .

Gaby SIOUFI

13 h 42, le 12 avril 2018

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Commentaires (3)

  • les ""irresponsables"' a la langue de bois croient ferme pouvoir se foutre de notre gueule ! -- tristement, j'avoue ils n'ont pas tort. pour ce qui est d'une TROP grande partie des citoyens . 1- com s'il serait difficile a garder une propriete en vue de garder la residence...qui en fait irait de soi... 2-avec tout le trafic et magouilles qui permet de contourner les lois ??? MAIS, encore 1 fois... LEUR PROPAGANDE EST BCP TROP FORTE, celle des pauvres " autres chretiens qu'ils ont defendus " ? NULLE .

    Gaby SIOUFI

    13 h 42, le 12 avril 2018

  • LE TERME -AU LIEU D,IMPLANTER LES REFUGIES- EST EXAGERE ET DU DOMAINE DE LA DEMAGOGIE... CHER PETIT GEMAYEL... BIEN QUE JE VOUS SYMPATHISE ET JE VOUS SOUHAITE DE TOUT COEUR BONNE CHANCE AUX ELECTIONS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 36, le 12 avril 2018

  • ARTICLE 50 de la loi des finances: "...que les non-Libanais concernés bénéficieront de droit de séjour tant qu'ils sont propriétaires des unités résidentielles qu'ils ont achetées..." En lisant de telles aberrations on se demande si nos responsables n'ont définitivement qu'une calculatrice à la place du cerveau. Vu que pratiquement tous les Libanais sont corrompus et les rois des magouilles, on prévoit déjà tout ce qui sera fait pour contourner cette "loi 50" selon les besoins du moment et engranger les dollars. Ainsi que les problèmes juridiques inextricables qui en résulteront automatiquement ! Ainsi notre Liban libanais se diluera de plus en plus en: syrien, palestien, iranien...plus tous ceux qui ne demandent que cela, pouvoir résider dans notre pays ! N'y a-t-il vraiment pas des moyens plus corrects de "relancer l'économie libanaise" ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 35, le 12 avril 2018

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