Les Nations unies intensifient les inspections des navires chargés de livrer l'aide humanitaire au Yémen afin de s'assurer qu'aucun matériel militaire ne soit introduit illégalement et d'accélérer les livraisons de cette aide, ont annoncé des représentants saoudiens et de l'ONU.
Cette annonce intervient alors que les rebelles chiites houthis, qui contrôlent la plus grande partie du nord du Yémen, ont multiplié ces derniers jours les tirs de missiles sur l'Arabie saoudite. La coalition dirigée par Riyad, qui soutient le président yéménite, a annoncé mercredi que la défense aérienne saoudienne avait intercepté un missile tiré sur des cuves de la compagnie pétrolière Saudi Aramco.
Riyad accuse l'Iran de fournir des armes aux houthis, ce que Téhéran et les Houthis démentent. Le Conseil de sécurité des Nations unies a imposé en avril 2015 un embargo ciblé sur les armes à destination des rebelles houthis, une résolution prolongée en février dernier. Des contrôleurs du Mécanisme de vérification et d'inspection de l'ONU (MVINU), basés à Djibouti, Dubaï, Jeddah et Salalah, supervisent dans ce cadre l'inspection des navires à destination du Yémen.
"Nous avons rencontré le directeur du MVINU et son équipe à Riyad. Nous nous sommes mis d'accord sur des compétences élargies et renforcées", a déclaré mercredi depuis Genève l'ambassadeur saoudien au Yémen, Mohamed S. al Jabir. Dix inspecteurs de l'ONU, contre quatre auparavant, et 16 moniteurs, contre six jusqu'alors, vont être chargés de ces contrôles, a-t-il affirmé, ajoutant qu'une technologie supérieure serait mise à leur disposition.
L'information a été confirmée à Reuters par l'équipe de la coordinatrice humanitaire de l'ONU au Yémen, Lise Grande.
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"Obstacles bureaucratiques"
Par la voix de leur secrétaire général, Antonio Guterres, les Nations unies ont appelé en début de semaine à rechercher un règlement politique au conflit et demandé à la communauté internationale trois milliards de dollars pour venir en aide à la population civile. L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unies, qui mènent au Yémen les offensives aériennes de la coalition, ont contribué à hauteur de 930 millions de dollars (760 millions d'euros).
La guerre au Yémen a fait plus de 10.000 morts en quatre ans et a déplacé deux millions de personnes, conduisant au bord de la famine le pays le plus pauvre de la péninsule arabique. L'ONU estime qu'il s'agit de la plus grave crise humanitaire au monde. Des diplomates ont affirmé que les Etats-Unis, principal allié de l'Arabie saoudite, ont exercé des pressions sur Riyad pour que la livraison d'aide humanitaire soit accélérée.
Dix ONG ont appelé mercredi Emmanuel Macron à demander au prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, en visite en France du 8 au 10 avril, de mettre un terme aux attaques contre les civils au Yémen et de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire.
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