La campagne en vue des élections législatives libanaises du 6 mai n'a pas connu de trêve en ce dimanche de Pâques, marquée notamment par une "crise de confiance" entre le Courant du Futur du Premier ministre, Saad Hariri, et le Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt dans la circonscription de la Békaa II (Békaa-Ouest - Rachaya).
Le PSP reproche à la formation haririenne de ne pas avoir intégré le député sortant Antoine Saad dans la liste qu'ils soutiennent tous les deux dans cette circonscription. Lors d'une visite effectuée dimanche au domicile de M. Saad à Rachaya, le candidat joumblattiste Waël Bou Faour a déclaré que M. Joumblatt était "attaqué par des parties locales sur suggestions venant de l'étranger", dénonçant un "blocus" dont l'éloignement de M. Saad serait l'un des signes, selon lui. "Il y a une crise de confiance qui doit être traitée. Nous espérons que MM. Hariri et Joumblatt se rencontreront rapidement pour clarifier certaines choses, notamment ce qui s'est passé avec M. Saad", a également déclaré M. Bou Faour.
Dans cette circonscription, la liste "Le Futur pour la Békaa-Ouest et Rachaya", composée d'Amine Wehbé, Ziad Kadri et Mohammad Karaaoui (Futur), Waël Bou Faour (PSP), Henri Chedid et Ghassan Skaff, affrontera principalement la liste "Le meilleur avenir", comprenant Mohammad Nasrallah (Amal), Abdel Rahim Mrad, Élie Ferzli, Fayçal Daoud et Nagi Ghanem. Samedi, M. Hariri s'était rendu en personne à Rawda, dans cette région, pour présenter la liste qu'il soutient.
Dimanche soir, le leader du PSP a reçu à son domicile de Clemenceau, à Beyrouth, le chargé d'affaires saoudien Walid Boukhari, en présence notamment de M. Bou Faour. Ce ministre saoudien délégué auprès de l'ambassade d'Arabie au Liban est très actif ces derniers jours et s'était rendu vendredi à Baalbeck, dans la Békaa, dans le fief du Hezbollah. Ce dernier avait dénoncé une ingérence dans les affaires libanaises.
La campagne électorale s'est durcie dernièrement dans la Békaa, où le Hezbollah et ses alliés affronteront des listes d'opposition. Signe de ce durcissement, le leader du parti chiite, Hassan Nasrallah, semble décidé à s'impliquer personnellement dans ces élections législatives.
(Lire aussi : Législatives : Nous voulons montrer l'importance du soutien dont bénéficie le Hezbollah, affirme Kassem)
Sabaa-PSP à Aley
Les tensions électorales ont en outre pris un tour musclé dimanche à Baalechmay, dans le caza de Aley. Un bus de militants du parti Sabaa, issu de la société civile, qui effectuait une tournée électorale dans cette localité, a été pris à partie par des individus brandissant des drapeaux du PSP. Les militants de Sabaa ont été violemment reconduits à l'extérieur du village. "Cette région n'appartient ni à une personne, ni à une famille", a dénoncé Sabaa dans un communiqué, visant Walid Joumblatt. "Nous ne tolérerons pas des agissements qui sont en contradiction avec nos principes", a répondu le PSP dans un autre communiqué
De son côté, Saad Hariri a affirmé dimanche, à l'occasion d'une visite à l'ancien chef du gouvernement Tammam Salam à Beyrouth, que le dialogue avec le Hezbollah était "naturel". "Il est normal que nous discutions avec le Hezbollah et les formations avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord. Rafic Hariri avait toujours encouragé le dialogue avec toutes les parties", a déclaré M. Hariri à l'issue de cet entretien. Le leader du Futur avait annoncé qu'il ne ferait pas alliance avec le parti chiite lors de ces législatives et mène une campagne offensive contre ce dernier. Par ailleurs, le Premier ministre a déclaré que la conférence CEDRE en soutien à l'économie libanaise, prévue le 6 avril à Paris, permettra la création de plus de 900.000 emplois et n'accroîtra pas la dette publique.
Le chef de l’État Michel Aoun s'est pour sa part rendu à Bkerké pour assister à la messe de Pâques présidée par le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï. Les deux hommes se sont entretenus avant cette messe. "Nous ne voulons pas que nos églises deviennent des attractions touristiques", a déclaré le chef de l’État à l'issue de cet entretien. Pour sa part, Mgr Raï a appelé l’État à aider les écoles privées et les parents d'élèves qui ne sont pas, selon lui, "en mesure de supporter la charge de la nouvelle grille des salaires".
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commentaires (2)
- L,ACHAT DES CONSCIENCES A COMMENCÉ ! - LE VATICAN EST OUVERT AUX TOURISTES. - L,HEBETUDE FRAPPE CHEZ NOUS.
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 49, le 02 avril 2018