La campagne pour élections législatives libanaises, prévues le 6 mai sur l'ensemble du territoire, s'est poursuivie tambour battant samedi avec de nombreuses prises de parole, notamment celles du Premier ministre, Saad Hariri, et du leader des Forces libanaises, Samir Geagea.
Ainsi, le chef du Courant du Futur, lui-même candidat dans la circonscription de Beyrouth II, s'en est pris implicitement au Hezbollah, affirmant qu'il restera fidèle à ses principes, lors d'un grand rassemblement à l'occasion de l'annonce de la liste que soutient sa formation dans la circonscription de la Békaa II (Békaa-ouest - Rachaya), à Rawda.
"Votre voix s’élèvera, pour atteindre le cœur de Damas, pour atteindre la Ghouta, ses habitants et ses enfants, pour dire à tous ceux qui peuvent l'entendre : les massacres en Syrie n'ouvriront pas la voie à un retour à la Békaa pour contrôler sa décision", a lancé M. Hariri. "La décision de la Békaa restera aux mains de ses habitants, dépendra de votre volonté, de votre vote et de votre dignité. La Békaa n'est pas pour les adeptes de l'ère de la tutelle syrienne et l'ère des services de renseignement de Anjar", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, M. Hariri a fait valoir que "la protection de la stabilité ne signifie pas que nous abandonnons nos principes : le Tribunal spécial pour le Liban et le refus de toute ingérence en Syrie", en référence au Hezbollah.
Dans cette circonscription, la liste "Le Futur pour la Békaa-Ouest et Rachaya", composée d'Amine Wehbé, Ziad Kadri et Mohammad Karaaoui (Futur), Waël Bou Faour (PSP), Henri Chedid et Ghassan Skaff, affrontera principalement la liste "Le meilleur avenir", comprenant Mohammad Nasrallah (Amal), Abdel Rahim Mrad, Élie Ferzli, Fayçal Daoud et Nagi Ghanem.
La campagne électorale s'est durcie ces derniers jours dans la Békaa, où le Hezbollah et ses alliés affronteront des listes d'opposition. Signe de ce durcissement, le leader du parti chiite, Hassan Nasrallah, semble décidé à s'impliquer personnellement dans ces élections législatives.
(Lire aussi : Législatives : Nous voulons montrer l'importance du soutien dont bénéficie le Hezbollah, affirme Kassem)
"Enfers"
Pour sa part, le chef des FL a qualifié d'"infernale" la situation actuelle au Liban, à l'issue d'un entretien à Bkerké avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, appelant les Libanais à participer aux élections législatives du 6 mai.
"La situation ressemble peu ou prou aux enfers. Nous avons l'opportunité, lors des prochaines élections, de sortir de cette situation vers une autre, meilleure", a déclaré M. Geagea.
Plus tôt dans la journée, le leader des FL avait affirmé que le parti menait avec les Kataëb, chacun de son côté, la lutte contre la corruption.
Dans plusieurs circonscriptions, les deux partis, longtemps alliés, ont formé des listes à part. Parfois critiques sur certains dossiers, les FL sont représentés au sein du gouvernement, contrairement aux Kataëb qui veulent porter la voix de l'opposition au pouvoir en place.
Dans la matinée, Mgr Raï avait exprimé le souhait, dans son message de Pâques, que le scrutin de mai permette l'élection d'"hommes d’État responsables qui travaillent pour l'intérêt du pays".
Selon la nouvelle loi électorale, adoptée en juin 2017, les législatives se baseront sur le mode de scrutin proportionnel, les électeurs ne pouvant voter que pour une seule liste politique, au sein de laquelle ils pourront accorder un vote préférentiel à un candidat se présentant au sein de leur caza.
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commentaires (3)
Malgré mon âge certain, certaines choses, pourtant apparemment simples, me paraissent incompréhensives : les alliances entre le CPL (Courant patriotique libre) et le PSNS (Parti syrien national social). Comment un parti prétendument "patriotique libre" s'allie avec un parti qui prône diluer le Liban dans un magma visqueux formé des pays suivants : Syrie, Palestine, Jordanie, Irak, Chypre, le Sinaï (Egypte), la Cilicie (Turquie) et Chatt-el-Arab (Iran) La réponse devrait me parvenir du sultan Gébran Bassil.
Un Libanais
20 h 05, le 02 avril 2018