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Lifestyle - Coolitude

La kharzé zar’a, entre mode et slogan politique

Vieux comme le monde, l’œil bleu sort de la tradition et s’invite dans l’actualité, au Liban et ailleurs.

Saad Hariri et sa kharzé zar’a. Photo DR

Pour les uns, c’est l’œil du diable, pour les autres une amulette contre le mauvais sort. La perle bleue (kharzé zar’a) qui, selon la légendaire superstition, protège du regard dévastateur des envieux est aujourd’hui un fashion statement, comme en témoigne la A-List (le gratin mondain) qui l’arbore et la détourne allègrement. À sa tête, la top des top models, Gigi Hadid, qui a agrémenté une ligne de mules avec ces petites tâches bleues, produite en collaboration avec le chausseur des célébrités, Stuart Weitzman. Utilisant le motif en solitaire en guise d’une boucle de mocassin et, ailleurs, en couvrant le devant de la chaussure, elle explique ainsi son choix ornemental, qui a une signification profonde pour elle et dont elle a adouci le nom anglais, Devil eye, en baptisant sa ligne Eyelove : « Mon père étant palestinien, j’ai donc grandi avec cet œil bleu regardant partout. Il est là pour nous protéger de l’énergie négative et pour nous rappeler de ne pas aller dans la mauvaise direction. » La jeune femme de 22 ans a voulu cette collection de chaussures (dans des prix allant de 498 $ à 598 $), pour répandre une énergie positive. Plus encore, leur vente participera à l’initiative éducationnelle de l’association caritative Pencils and Promise, menée en partenariat avec Stuart Weitzman, pour bâtir des écoles au Ghana, au Guatemala et au Laos.

Glisser la perle contre le mauvais œil dans l’urne
Ponctuellement, tous les grands et moins grands bijoutiers jettent leur dévolu sur cet objet aux multiples origines et interprétations mais à l’irrésistible attrait esthétique. Qu’il provienne des cultures phéniciennes (enfilé en collier), pharaoniques (avec leur bleu cobalt unique) ou grecques (le pouvoir destructeur du regard), l’œil bleu a résisté au temps. Personne n’échappe à cette déferlante, même s’il est également associé au démon à un œil. Sa symbolique et sa couleur profonde séduisent à l’unanimité. Que l’on soit en tenue sport ou habillée, il est facile de lui trouver une place dans sa garde-robe, en oubliant son rôle de talisman protecteur des nouveau-nés, des nouvelles demeures et autres mauvaises ondes en provenance des « mauvais esprits ».

Plusieurs personnalités du monde des arts (notamment Kim Kardashian et Beyoncé), du sport et du design l’ont inclus dans leur look, jouant sur toutes ses déclinaisons possibles : bracelets, bagues, colliers, broches, pendentifs, boucles de sac et de ceinture. Dernièrement, l’œil était sur les podiums et sur papier glacé et regardait les fashionistas ! De la jeune chanteuse américaine Willow Smith l’arborant pour Chanel à Alexander McQueen et Givenchy. Même s’il s’agit là d’une pure toquade pour cette création millénaire, nul ne peut occulter sa richesse allégorique, nourrie par le Machreq et le Maghreb.

Inédit dans ses annales, la kharzé zar’a a été récupérée par la politique libanaise en devenant slogan et image d’une campagne électorale, celle du courant du Futur, qui naviguait déjà dans un ciel bleu, sans nuages et sans orage. Son président et actuel Premier ministre Saad Hariri l’a présentée comme emblème en lançant sa marche vers le Parlement; il en a fait le moteur et le défenseur de son programme. Il a d’ailleurs affirmé : « Glissez un œil bleu dans l’urne et le Liban sera bien protégé. » Cet appel bleu a été placardé dans tout le pays. Cette perle bleue que l’on s’offrait habituellement en famille et entre proches, en signe d’espoir de jours plutôt roses que gris ou noirs, se voit aujourd’hui sollicitée par le monde complexe de la politique libanaise. Un travail autrement plus dur que de battre des cils sur un catwalk.


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