Le chef druze Walid Joumblatt a affirmé lundi qu'une confrontation est "à venir" entre l'Iran et les Américains, exprimant ses craintes que cet affrontement "pourrait ne pas avoir lieu en Iran mais au Liban".
"Pour le moment, l'axe irano-russe, qui soutient le régime syrien, gagne la guerre et ce qui vient de la part des Américains fait peur, parce que ça présage une confrontation" entre les États-Unis et l'Iran, a affirmé M. Joumblatt lors d'une interview avec la chaîne France24, ajoutant que cet affrontement "pourrait ne pas avoir lieu en Iran, mais au Liban, du moins sur le plan politique". "Nous paierons le prix de cette confrontation", a affirmé le leader druze.
M. Joumblatt a dans ce cadre mis en garde certaines factions politiques libanaises contre "la tentation de compter sur la nouvelle administration américaine qui a été renforcée et +sionisée+, sous prétexte de lutter contre l'Iran ou l'influence du Hezbollah". Le chef socialiste a insisté sur l'importance de tenir le Liban à l'écart des axes qui divisent la région. "Les changements" au sein de l'administration américaine "toucheront peut-être aussi le ministère de la Défense. Et nous sommes habitués à la politique américaine qui a toujours soutenu Israël", a souligné M. Joumblatt. Et de poursuivre : "En cas d'une nouvelle offensive militaire contre le Liban, le pays sera détruit mais ils ne sortiront pas vainqueurs parce qu'il y a au Liban une résistance populaire, nationale, islamique, ou quel que soit le nom qu'on lui donne, plus forte".
Au cours des dernières semaines, le président américain a effectué de nombreuses modifications au sein de son administration. Il a notamment limogé le secrétaire d’État, Rex Tillerson, qu'il a remplacé par l'ancien directeur de la CIA Mike Pompeo, et il a révoqué son conseiller à la Sécurité nationale, le général Herbert Raymond McMaster, qu'il remplacé par John Bolton, ancien ambassadeur américain à l’ONU sous la présidence de George W. Bush. La nomination de M. Bolton a été applaudie par Israël et a attisé les craintes des Palestiniens
Interrogé par France24 pour savoir s'il était en faveur de frappes contre le régime syrien, Walid Joumblatt a répondu que "pas du tout, malgré tout ce qui s'est passé". "J'aurais souhaité qu'un soutien soit apporté à la résistance nationale et laïque syrienne dans son opposition au régime mais l'administration Obama a fait exactement l'inverse, et tous les pays arabes ainsi que la Turquie ont coopéré avec les États-Unis pour faire avorter cette initiative", a-t-il ajouté.
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Législatives
En ce qui concerne la stratégie de défense du Liban, le chef druze a affirmé être en faveur d'un "examen de cette stratégie conformément aux circonstances régionales". "Sauf dans le cas de circonstances politiques régionales adéquates, le Hezbollah ne sera pas intégré à l’État et ne remettra pas ses armes à l'armée libanaise", a-t-il ajouté. Il a toutefois souligné que cela n'aura pas lieu avant longtemps et qu'il faut entre-temps "se concentrer sur la résolution de la crise et en finir avec les navires turcs", en référence aux centrales flottantes que le ministère de l’Énergie souhaite louer à une société turque, Karadeniz.
Le contrat de location de deux navires-centrales turcs – le Fatmagül Sultan et l'Orhan Bey – d'une capacité de production de 270 MW à la société Karadeniz arrive à échéance en septembre prochain, tandis que le gouvernement n'a toujours pas réussi à s'entendre sur la formule à adopter pour augmenter temporairement la production d'électricité dans le pays.
Walid Joumblatt a par ailleurs évoqué les futures élections législatives, prévues le 6 mai, dont il a estimé qu'elles "ne permettront pas de réaliser les ambitions qu'ont les Libanais d'améliorer le système politique". "Toutefois, les élections amèneront peut-être de nouveaux visages, qui créeront une certaine dynamique au sein du Parlement, ce qui nous conduira peut-être vers une situation plus favorable".
Le leader druze a estimé que "le mode de scrutin proportionnel", suivant lequel se dérouleront les législatives est "unique en son genre, à la libanaise, puisqu'il s'agit d'une proportionnelle confessionnelle et non pas politique".
L'intégralité de l'interview de Walid Joumblatt est disponible en arabe ici
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commentaires (5)
Donc, Monsieur Walid Joumblatt, vous envisagez tranquillement la destruction totale du Liban, en vous consolant avec le fait que: "les Israéliens n'en sortiraient pas vainqueurs..."...? Et ce magnifique scénario serait le résultat du comportement...non des Libanais, mais de ce "parti de DIEU", le Hezbollah le bien-nommé, qui sacrifierait ainsi sans aucun remord notre pays...pour satisfaire les ordres de Téhéran...qui veut éliminer Israël de la carte du monde. Et vous responsables et chefs Libanais, ne faites et ne dites rien pour arrêter cette folie destructrice qui en définitive ne nous concerne pas !? Irène Saïd
Irene Said
11 h 35, le 27 mars 2018