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À La Une - Egypte

Sissi, "ami" des Occidentaux malgré la répression

Le président égyptien a diversifié ses partenaires étrangers en se tournant vers Paris, Moscou et Pékin et poursuit depuis cette politique même si la relation s'est normalisée avec Donald Trump.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi en conférence de presse, le 11 décembre 2017 au Caire. AFP/Archives

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, candidat à sa réélection, bénéficie d'un soutien sans faille de ses partenaires occidentaux, qui voient en lui un pilier de la sécurité régionale, malgré un bilan en matière de droits de l'homme très sombre.

Son homologue français Emmanuel Macron a résumé de façon abrupte cette réalité lorsqu'il l'a reçu en octobre 2017 à l'Elysée, refusant alors de "donner des leçons" à un "pays ami" dont "la sécurité est aussi (la) nôtre".

"L'Egypte (pays de 96 millions d'habitants) est le centre de gravité du monde arabe. C'est un facteur de stabilité dans un Moyen-Orient totalement chaotique. On a besoin d'une Egypte stable", explique Denis Bauchard, expert de la région auprès de l'Institut français des relations internationales (Ifri), à l'AFP.

Mais le pays est régulièrement la cible d'attentats jihadistes meurtriers, notamment du groupe Etat islamique (EI), dont la menace, confinée au départ à la péninsule du Sinaï, ne cesse de s'étendre. Le tour de vis imposé par le président Sissi, élu en 2014 après avoir déposé l'islamiste Mohamed Morsi, est tout aussi implacable, à tous les étages de la société civile.

Procès inéquitables, tortures, disparition forcées : "La répression est sans précédent et bien pire que sous Moubarak. Cela s'apparente à la situation en Syrie sous Hafez al-Assad (père de Bachar, ndlr)", analyse Amr Magdi, chercheur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord à l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW).


(Lire aussi : Moussa Mostafa Moussa : Je ne veux pas des votes des anti-Sissi et des anti-armée)


Trahison
"Ce devrait être un signal très alarmant pour les amis et les alliés occidentaux de l'Egypte compte-tenu de ce qui se passe aujourd'hui en Syrie", avertit-il, interrogé par l'AFP.

Inquiet de cette reprise en main autoritaire, Barack Obama a suspendu en 2014 une partie de l'aide militaire américaine traditionnellement accordée à l'Egypte (1,5 milliard de dollars par an), ce qui a été vécu comme une trahison au Caire.

"Le président Sissi a alors voulu diversifier ses partenaires étrangers. Il s'est tourné vers Paris, Moscou et Pékin et poursuit depuis cette politique même si la relation s'est normalisée avec Donald Trump", relève Denis Bauchard.

Depuis 2015, l'Egypte a signé pour plus de six milliards d'euros de contrats avec la France, notamment d'armements, dont 24 avions de chasse Rafale. L'Egypte est aussi un acteur clé dans le règlement de la crise libyenne, où la France s'est posée en médiateur entre Tripoli et le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays soutenu par Le Caire.

"Si l'Egypte, pays de transit de réfugiés, ne contrôle pas correctement ses frontières, cela signifiera un afflux encore plus important de réfugiés en Europe", pointe également Amr Magdi, qui déplore une politique "à courte vue" envers le président Sissi.


(Lire aussi : Ces Égyptiens du Printemps arabe qui n'iront pas voter)


'Contreproductif'
A Washington, le seul bémol porte sur "des achats illicites de matériel militaire nord-coréen par l'Egypte en violation des sanctions internationales", relève le centre de réflexion américain Soufan Center dans une note d'analyse du 13 mars. En août 2017, les Etats-Unis ont de nouveau suspendu 291 millions d'aide militaire à l'Egypte, soupçonnant l'ambassade de Corée du Nord au Caire de "servir de plaque tournante pour des trafics d'armes", ajoute le Soufan Center.

L'obsession sécuritaire n'en reste pas moins dominante dans la relation avec l'Egypte, y compris chez le puissant voisin israélien, allié de premier plan dans la lutte contre les jihadistes au Sinaï.

"Ceci étant, Sissi est aussi aux prises avec de graves problèmes intérieurs, notamment économiques. Dans un tel contexte, une politique indiscriminée de répression est sans doute contre-productive parce qu'elle contribue à radicaliser une partie de l'opposition", met en garde Denis Bauchard.

"Quand vous empêchez ou faites obstruction à tout moyen d'expression ou de mobilisation pacifique (..) il devient plus facile pour les groupes extrémistes de convaincre et de recruter des jeunes", renchérit le chercheur de Human Rights Watch.

Lundi, Emmanuel Macron a pris acte de la réélection de Vladimir Poutine, sans le féliciter formellement, en soulignant le chemin encore à parcourir en Russie vers la démocratie. "Fera-t-il de même avec Sissi ?", s'interroge Amir Magdi. Réponse le 29 mars, au lendemain du scrutin.



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Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, candidat à sa réélection, bénéficie d'un soutien sans faille de ses partenaires occidentaux, qui voient en lui un pilier de la sécurité régionale, malgré un bilan en matière de droits de l'homme très sombre.Son homologue français Emmanuel Macron a résumé de façon abrupte cette réalité lorsqu'il l'a reçu en octobre 2017 à l'Elysée,...

commentaires (2)

Pourquoi nous dire en occident on peut avoir des "amis" comme el Sissi ? En occident peut importe que vous soyez dictateurs , criminels ou même terroristes wahabites bensaouds, pourvu seulement que vous rouliez pour eux . Walaw on a pas oublié les bons terroristes syriens et les méchants, les tali-bons et les tali-méchants etc.... Partout dans le monde , en Afrique en Amérique du Sud en Asie etc..... Faut arrêter de donner le Bon Dieu sans confession .

FRIK-A-FRAK

11 h 51, le 23 mars 2018

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Commentaires (2)

  • Pourquoi nous dire en occident on peut avoir des "amis" comme el Sissi ? En occident peut importe que vous soyez dictateurs , criminels ou même terroristes wahabites bensaouds, pourvu seulement que vous rouliez pour eux . Walaw on a pas oublié les bons terroristes syriens et les méchants, les tali-bons et les tali-méchants etc.... Partout dans le monde , en Afrique en Amérique du Sud en Asie etc..... Faut arrêter de donner le Bon Dieu sans confession .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 51, le 23 mars 2018

  • Colosse aux pieds d'argile? Mais le seul vrai colosse arabe capable de résister a la vague islamiste extrême...qui malgre tout a le vent en poupe... Frères Musulmans, Al-Quaida, État Islamique...tous mêmes adversaires à des niveaux divers...animés d'une "idéologie porteuse" surtout dans les milieux ou sévissent la pauvreté (relative) et le chômage Dieu aide l'Égypte de "trébucher"

    Chammas frederico

    11 h 43, le 23 mars 2018

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